Tandis que Le Monde publiait une tribune d’un des ses anciens
conseillers politiques, Giuliano da Empoli – dans laquelle ce dernier «tape» sans
ménagement sur son ancien patron, «ambitieux» et «honni» du peuple italien,
rien de moins, et dont manifestement la fibre centriste le hérisse plus que de mesure
–, ce qui permet au quotidien du soir de critiquer encore une fois Emmanuel Macron
(sic!), Le Figaro, de son côté, publiait une interview de l’ancien président du
conseil transalpin, Matteo Renzi.
Celui-ci, comme nous l’avons rapporté, après avoir quitté un
Parti démocrate qui a fait un virage à gauche, a fondé voici quelques mois une
formation centriste qu’il baptisé Viva Italia et qui se propose de s’inspirer
d’En marche! pour contrer la montée des populismes, préoccupantes au-delà des
Alpes avec le Mouvement 5 étoiles (qui forment actuellement un gouvernement de
coalition avec le Parti démocrate) et, surtout, la Ligue dirigée par
l’inquiétant extrémiste de droite, Matteo Salvini.
Mais il s’agit également pour Renzi de continuer à réformer en
profondeur un pays qui en a bien besoin comme la France, voire plus.
Ainsi, explique-t-il dans l’interview au Figaro, «Mon
ambition ne concerne pas uniquement ma personne, mais mon pays. Je continue à
voyager pour donner des conférences, pour étudier de nouvelles idées, pour
faire face à de nouveaux défis. Mais ma vraie ambition est la relance
italienne. Je veux pousser l’Italie à renouer avec la croissance en
développant, pour commencer, un nouveau plan pour les infrastructures. Et je suis
engagé à construire, avec nos mouvements alliés, dont La République en marche,
une nouvelle politique progressiste pour la renaissance européenne.»
Et de réagir à la difficulté de réformer en France actuellement
mais aussi dans toutes les démocraties:
«Il n’y a pas de réforme plus difficile que celle des
retraites. Nous avons la chance d’avoir une espérance de vie qui s’est
allongée, mais ce n’est pas facile de faire comprendre aux gens qu’ils doivent
travailler deux ou trois ans de plus. Il n’est jamais aisé de réformer un pays.
Je l’ai vécu avec la réforme du marché du travail en Italie. Et si je faisais
une analogie, moi qui adore le Tour de France, les réformes sont comme le col
du Tourmalet: il est très difficile d’aller au bout, mais celui qui réussit
s’assure la victoire dans le futur.»
A la question de savoir s’il peut devenir avec son parti un «mur
contre les populismes», il affirme sans hésiter, «absolument».
Et de faire l’analogie avec En marche!: «Nous n’avons que 5%
dans les sondages, c’est vrai, mais notre objectif est de devenir, comme La
République en marche – qui a elle aussi débuté avec des intentions de vote
plutôt basses –, le premier ou l’un des plus importants partis en Italie.»
D’autant que pour lui, «Emmanuel Macron est le vrai leader
politique en Europe aujourd’hui. Et l’élection présidentielle en France prévue
en 2022 sera cruciale. Si Emmanuel Macron est réélu, il se réaffirmera
incontestablement comme le leader européen, et donc comme le rempart contre le
populisme. En revanche, s’il perd contre Marine Le Pen, les nationalistes
vaincront dans toute l’Europe.»
Et s’il veut «relativiser» le vote nationaliste actuel, il fait
une mise en garde ferme pour le futur proche: «Marine Le Pen et Matteo Salvini,
par exemple, ne représentent aujourd’hui que 9 % des élus au Parlement
européen. En revanche, il est urgent de donner un nouvel espoir à l’Europe. Si
nous poursuivons avec une Europe qui vit dans le passé, nous risquons d’avoir
une majorité populiste et souverainiste à l’issue des prochaines élections.»
Il se dit «très préoccupé» par le réchauffement climatique et
ce qui se passe en Australie ou en Amazonie.
«Et même si je suis sensible à l’incroyable mobilisation de
la jeunesse à travers le monde, ajoute-t-il, je ne pense pas que les solutions
au réchauffement climatique viendront uniquement des peuples. Les grandes
entreprises ont un rôle majeur à jouer. Nous devons démontrer que la lutte
contre le réchauffement climatique ne doit pas rimer avec décroissance
économique. Il faut changer de paradigme et avoir un nouveau regard économique
sur ces questions.»
Enfin, il estime qu’«en Europe ce siècle sera culturel ou ne
sera pas. Face à l’avènement de la révolution numérique, le risque n’est pas
l’intelligence artificielle mais la stupidité naturelle.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Les commentaires anonymes ne sont pas publiés ainsi que ceux qui seraient insultants ou qui ne concernent pas le Centre et le Centrisme.