François Bayrou |
Cela faisait longtemps que l’on n’avait pas entendu François
Bayrou, notamment depuis que l’on sait qu’il va être mis en examen pour détournement
de fonds publics – comme nombre de figures de sa formation – dans
l’affaire des attachés parlementaires au Parlement européen où l’on soupçonne le
MoDem d’avoir utilisés les siens à tout autre chose qu’à la politique européenne
(à cette époque le parti était en grande difficulté financière faute d’élus et donc
de fonds publics pour payer ses salariés qui s’occupent des tâches administratives).
Pressé de répondre sur le sujet, Bayrou a fait une réponse
extraordinaire pour un ancien (et bref) garde des Sceaux et leader politique qui
a toujours affirmé vouloir lutter pour une vie publique propre.
Il a ainsi déclaré pour justifier que cela n’aurait aucune conséquence,
selon lui, sur son présent et son avenir politique, que «Tout le monde est mis
en examen, ou à peu près, dans la vie politique française» (sic!).
Ce qui lui a permis de dire qu’il ne démissionnerait évidemment
pas de son poste de maire de Pau et de clamer, une nouvelle fois, son innocence.
Mais une grande partie de son entretien sur BFMTV a concerné
l’avenir du régime des retraites où il s’est montré solidaire de la réforme du gouvernement
et notamment sur l’abandon des régimes spéciaux et sur la nécessité d’un allongement,
dans les années qui viennent, de la vie active pour équilibrer le système qui devrait
commencer à être en péril dans les cinq à dix ans qui viennent si rien n’est fait.
Il a également affirmé qu’il soutenait l’intervention française
au Mali parce que cela participait de la sécurité du pays.
Enfin, interrogé sur l’élection municipale parisienne de 2020,
il a redit son opposition à la candidature de Benjamin Griveaux qui, selon lui,
ne peut pas gagner face à la maire sortante Anne Hidalgo alors même qu’une majorité
de Parisiens souhaite son départ de l’Hôtel de ville.
► Extraits des propos
de François Bayrou
Intervention militaire de la France au Mali:
Je sais une chose avec certitude, quand cette opération a
été lancée, à l'époque, c’est François Hollande qui était Président de la
République. Quand cette opération a été lancée, il ne restait que quelques
heures avant que le Mali ne tombe entre les mains des djihadistes, que l'État
malien… Je ne sais pas si vous mesurez ce que voudrait dire, non seulement pour
cette région, mais pour le monde et pour nous, spécialement nous, occidentaux
européens français, ce que cela voudrait dire de voir un mouvement dont le but
est la déstabilisation de tout ce que nous sommes, de nos sociétés, de nos
systèmes de valeur, de nos économies au profit ou au bénéfice de leur vision
complément sectaire. Cela voudrait dire qu’un état, reconnu membre des Nations
Unies, devienne le porte-parole de ces mouvements-là. Vous croyez que l’Armée
française est là-bas uniquement pour les Maliens qui veulent sauvegarder leur
état ? En partie, parce que c'est crucial, mais elle est là-bas pour nous.
Ces soldats sont là-bas pour notre société, pour nos enfants.
Réforme des retraites
- Ce que je sens moi, c'est que beaucoup de Français
réfléchissent. J'ai assisté, précisément à Pau, à un débat organisé par
Sud-Ouest, journal régional que vous connaissez bien, pour que le Premier
ministre et le haut-commissaire chargé des retraites viennent s’expliquer sur
les retraites. C'est un débat dont j'attendais, parce que tous ceux qui
l’ont voulu ont pu s'inscrire. J'imaginais qu’il allait être tendu et
extrêmement difficile, cela n'est pas du tout cela qu’il s’est passé. Les gens
se sont mis à réfléchir ensemble, à dire : « mais cette
orientation-là que vous donnez ‑on va y revenir dans une seconde… … elle nous
convient ». Sur ce point, on a des inquiétudes comme s'il y avait une
prise de conscience de la société française, une prise de conscience de chacun
pour lui-même de ce que cette question des retraites signifie pour l'avenir.
- Vous savez les gens qui, derrière un micro, à l'aise dans un
studio, nous le sommes vous et moi, donnent des leçons aux gouvernants en
disant : « Y a qu’à » et « faut qu’on » ou « Y
aurait eu qu’à » et « faudrait qu’on », vous voyez bien que ce
n’est pas du tout mon genre. Ce n'est pas du tout ce que j’ai l'intention de
faire. On sait très bien ce que sont les principes. Le premier principe, c’est
qu'il y a en France dans la société française, une question autour des régimes
spéciaux. (…) Il faut que les Français aient l'assurance d’avoir un régime dans
lequel le même travail ouvre les mêmes droits. C'est la première chose.
Au fond il y a deux inquiétudes. La première, on vient d’en parler, ce sont les
questions de justice. Qu'est-ce qui est juste ? Qu’est-ce qui n’est pas
juste ? La deuxième inquiétude, qui est encore beaucoup plus forte, est est-ce
qu’on pourra longtemps conserver des retraites ? Ce que je constate, moi,
c'est que les jeunes que je rencontre, les très jeunes, les 20 ans et quelques,
pensent pour la plus grande majorité d'entre eux, qu'ils n’auront pas de
retraite (…) Cette nécessité de pouvoir
se projeter dans l’avenir avec un sentiment de sécurité. Il y aura des
retraites, elles seront préservées dans leur montant, dans leur pouvoir
d'achat, parce que cela permet.
- Je ne sais pas combien d’années cette affaire prendra,
mais il n’y a pas un Français avec du bon sens, ou un Français tout court, qui
pense que l'on va pouvoir conserver la durée du travail la plus courte alors
que la vie s'allonge et le nombre de cotisants baisse. Il faudra une adaptation
au travers du temps. Cette adaptation, selon moi - ce qui est plus important
que tout - c'est que l'on sauvegarde le niveau des retraites, parce que l'inquiétude
profonde est que l’on entre dans la retraite et que les pensions s'effondrent
en pouvoir d'achat. On a un danger, un risque pour la société.
Ce qui est le plus important, c'est que l’on se mette d'accord
sur un nouveau système de retraite pour que dans cinq, six, sept ou dix ans (…)
les pensions ne baissent pas.
- Est-ce que si on ne fait rien on pourra continuer à payer
les pensions. C’est l'inquiétude majeure.
- La question est de savoir si l’on veut un régime de
retraite dans lequel le même travail ouvre les mêmes droits. Après, il y a les
adaptations nécessaires : la pénibilité en est une, le fait que l'on ait
commencé à travailler jeune également.
Municipale de Paris
Franchement la situation à Paris n'est pas bien partie. On
est dans une situation, à mes yeux, extrêmement déstabilisée, dans une
situation absolument paradoxale. Pourquoi? Les Parisiens, dans toutes les
enquêtes, veulent que Madame Hidalgo quitte la mairie et ils veulent une
alternance à Paris. Ils trouvent que Paris n'est pas bien géré. Ils
n'aperçoivent que divisions, qu’affrontements, et personnalités qui ne
correspondent pas à ce qu’ils attendent.