Par Jean-François Borrou
Dans cette rubrique, nous publions les
points de vue de personnalités centristes qui ne reflètent pas nécessairement
ceux du CREC. Ces points de vue ont pour but d’ouvrir le débat et de faire
progresser la pensée centriste.
Jean-François Borrou est le pseudonyme
d’un journaliste proche des idées centristes.
Jean-Paul Delevoye, Haut-commissaire aux retraites |
La grève du 5 décembre est organisée, selon les syndicats
qui ont appelé à ce mouvement, pour protester contre la réforme des retraites.
En réalité, ce n’est pas une réforme des retraites qu’ils
combattent mais, avant tout, des régimes de retraites de certaines catégories
de salariés et de professions libérales qui donnent à ceux-ci et à celles-ci
des avantages extraordinaires au sens littéral du mot.
Des avantages que tous les autres citoyens français payent
par leurs impôts, vous, moi, tout le monde, d’une manière ou d’une autre.
Ça, ils «oublient» de le dire.
Il n’y a là aucun mouvement général des travailleurs (tout
comme l’entier pays n’est pas descendu dans la rue avec les gilets jaunes) mais
une simple volonté de privilégiés de garder leurs avantages au détriment de la
grande majorité de la population.
Ce n’est pas une opinion, c’est un fait.
Dans une pure démagogie, ces privilégiés affirment qu’ils
luttent pour tous les autres afin qu’ils bénéficient des mêmes avantages.
C’est totalement faux et ce, pour une bonne raison: la France
ne serait pas capable de payer ces sommes astronomiques.
Non, ils luttent pour eux et pour eux seuls.
Sur ce corporatisme se sont greffés tout ce que le pays compte
de séditieux, de revanchards, d’aventuriers et de politiciens qui veulent tous
jouer la politique du pire afin de se débarrasser d’un pouvoir qu’ils estiment
illégitime alors même qu’il a été élu démocratiquement sans l’ombre d’un doute
et qu’il possède une majorité absolue à l’Assemblée nationale.
Dès lors, il est tout à fait juste de parler d’une grève
politicienne dont le but est de déstabiliser la démocratie républicaine avec,
ici ou là, des appels à des violences, à des blocages sans fin du pays et de
son économie, à renverser le gouvernement.
Si une grève corporatiste – très commune malheureusement –
est moralement critiquable, elle ne l’est pas quand au droit de ceux qui
veulent défendre leurs avantages de (se) manifester pour les garder.
En revanche, il n’y a aucune légitimité à une grève
politique dans une démocratie républicaine où la rue et les organisations
syndicales ou autres ne peuvent contester un pouvoir élu et qui n’agit pas
contre la démocratie ou qui n’a pas mis en place un régime de corruption.
Rappelons en passant que la réforme des retraites faisait
bien partie du programme d’Emmanuel Macron lors de la campagne présidentielle
de 2017 et que les Français l’ont élu pour réaliser celui-ci.
Maintenant, si l’on rentre dans le fond de l’affaire, il est
essentiel depuis des années de procéder à une réforme des retraites que tous
les gouvernements précédents n’ont pas eu le courage de faire car ils savaient
qu’elle serait impopulaire.
D’ailleurs, le gouvernement actuel a déjà reculé par rapport
à la réforme qu’il était nécessaire de mettre en place pour désamorcer un
mouvement dur et violent.
Reste qu’il a tout de même garder les fondamentaux.
Et il doit absolument tenir cette ligne afin que la réforme
ait un sens car nous savons très bien que si nous ne faisons rien, tout le
système des retraites va imploser à plus ou moins moyen terme et que cela aura
des répercussions désastreuses sur l’économie mais aussi toute l’architecture
sociale du pays.
Aujourd’hui, nous ne pouvons plus garder un système qu’il n’est
pas possible d’équilibrer pour de multiples raisons (croissance économique
faible, baisse des naissances, allongement de la durée de la vie, etc.).
Ce serait donc irresponsable de ne rien faire.
Tous ceux qui ont en vue le bien de chacun et de la
communauté, dont les centristes, doivent espérer que le 5 décembre les
Français, au lieu de croire faussement que les grévistes les représentent,
seront capables de comprendre qu’il faut réformer les retraites.
Non pas par civisme (ce n’est guère l’époque pour cela…)
mais uniquement parce qu’elle sert l’intérêt personnel de chacun d’eux.
Jean-François Borrou