vendredi 15 novembre 2019

Vues du Centre. Pourquoi les médias attendent avec gourmandise une nouvelle crise des gilets jaunes?


Par Jean-François Borrou & Alexandre Vatimbella

Dans cette rubrique, nous publions les points de vue de personnalités centristes qui ne reflètent pas nécessairement ceux du CREC. Ces points de vue ont pour but d’ouvrir le débat et de faire progresser la pensée centriste.
Jean-François Borrou est le pseudonyme d’un journaliste proche des idées centristes.
Alexandre Vatimbella est le directeur du CREC

Exister en faisant du taux d’audience ou en boostant ses ventres d’exemplaires est un des objectifs des médias.
Tout simplement parce que ce sont des entreprises commerciales pour l’énorme majorité qui doivent gagner de l’argent.
Mais c’est aussi vrai pour les structures associatives qui doivent avoir de quoi fonctionner dans un environnement extrêmement concurrentiel où il n’y a pas de la place pour tout le monde.
Plus étonnant, c’est également ce que cherchent les médias de service public parce que les gouvernements successifs l’ont décidé (en grande partie pour que les recettes commerciales, notamment publicitaires, permettent de ne pas –trop – augmenter la redevance audiovisuelle ou pour faire faire des économies au budget de l’Etat).
Dès lors, tout ce qui permet de gagner des téléspectateurs, des auditeurs, des internautes et des lecteurs est bon à prendre et à mettre en scène pour en faire un produit d’appel comme dans n’importe quel commerce.
Et cette dernière année, le meilleur produit d’appel a été la crise du mouvement de foule des gilets jaunes.
A l’orée du premier anniversaire des manifestations violentes et séditieuses où les relents de toutes les opinions abjectes (racisme; sexisme; antisémitisme; fascisme et nazisme; menaces multiples et variées, parfois de mort, contre les politiques, les journalistes, les intellectuels et autres; appels à l’insurrection et à prendre d’assaut et à détruire des lieux et des bâtiments; etc.) se sont exprimés avec une explosion sans retenue, voilà pourquoi les médias, tous les médias, attendant avec gourmandise une nouvelle crise des gilets jaunes.
Ah! C’était le bon temps quand quelques milliers d’énergumènes qui détruisaient tout dans les rues de Paris et mettaient le feu à des bâtiments où se trouvaient des gens, permettaient à BFMTV, CNews, LCI et même franceinfo de faire des tunnels de douze heures et plus, sans interruption, pour montrer complaisamment les casseurs, les populistes, les extrémistes s’en prendre physiquement et par la parole à tout et n’importe quoi et à tous ceux qui ne pensaient pas comme eux.
Parce qu’il faut bien ne pas oublier que les manifestations des gilets jaunes, même au plus fort de la mobilisation, n’ont réuni qu’au maximum 300.000 personnes dans toute la France soit moins de 0,5% de la population française.
Et les chaînes d’information en continu ont même continué à couvrir ces manifestations «en direct live» pendant l’entière journée quand il n’y avait plus que quelques centaines d’excités et qu’il n’y avait même plus leur excuse, celle du soutien d’une majorité des Français dans les sondages (qui n’a jamais été pour leur violence et leur outrance mais bien plus pour des revendications du genre «payer moins d’impôt et avoir plus d’allocations et d’aides de toutes sortes de la part de l’Etat»…).
Ah! leur taux d’audience chéri vaut bien tous les renoncements à la déontologie journalistique surtout quand vos patrons vous demandent des résultats immédiats en ce sens.
Loin de nous de prétendre que l’on n’aurait pas dû couvrir ces événements (trop souvent certains qui sont nettement plus importants n’ont même pas droit à une citation quelconque) mais ils auraient dû l’être à la juste place que ce qu’ils représentaient.
Or cela n’a pas été le cas, cela n’est toujours pas le cas et cela ne sera pas le cas demain pour les raisons que nous venons de dire mais aussi parce que la plupart des médias, outre leur addiction totale à la recette publicitaire (et un peu au paiement de celui qui les consulte), ne sont pas neutres idéologiquement.
Ici, on veut bien évidemment parler de leur tropisme de droite ou de gauche (ce qui est leur droit) et le manque cruel de médias défendant la position centriste ou centrale qui est celle du Président de la République, du Gouvernement et de sa majorité parlementaire.
Ce qui surprend le plus, c’est le manque d’objectivité criard des médias de service public de franceinfo (la pire) à France Inter en passant par France 2.
Si les médias se délectent à l’avance d’une reprise du mouvement des gilets jaunes, nous, nous rappelons, en tant que centristes, notre attachement aux règles et aux valeurs de la démocratie représentative, vous savez, ce système qui permet aux médias d’être libres de dire ce qu’ils veulent et que nombre de personnages affublés de gilets jaunes honnissent voudraient voir supprimé…

Jean-François Borrou & Alexandre Vatimbella


Actualités du Centre. Sondage – 64% des Français et 94% de centristes pour la continuation des réformes


Selon un sondage Odoxa pour Le Figaro et franceinfo, 64% des Français souhaitent la continuation des réformes par le gouvernement en matière économique et sociale (notamment celles sur les retraites et l’assurance-chômage) au rythme actuel (28%) voire à une accélération de celui-ci (36%).
Seuls 36% estiment qu’il faut le ralentir.
Ce sont uniquement les sympathisants de gauche et d’extrême-gauche (PS et LFI) qui se prononcent majoritairement pour un ralentissement des réformes (respectivement 54% et 65%) tandis, qu’à l’opposé, 94% des sympathisants de LaREM (centristes et axe central) veulent la continuation des réformes (46% demandant une accélération du rythme).
Ce pourcentage est de 55% chez les sympathisants du RN, 61% chez ceux d’EELV et de 75% chez ceux de LR.
Quant au mouvement de foule des gilets jaunes qui va fêter son premier anniversaire ce week-end, seuls 29% des Français le trouve «tout à fait justifié», 40% «plutôt justifié», 18% «plutôt pas justifié» et 13% «pas du tout justifié».
En ce qui concerne l’électorat centriste de LaREM, 36% le trouve «pas du tout justifié» et 45% «plutôt pas justifié».
Par ailleurs, comme le rappelle l’institut Odoxa (qui n’a pas posé la question dans son sondage…), toutes les enquêtes d’opinion récentes montrent qu’une large majorité de Français ne veulent pas que le mouvement reprenne.
Et quand on leur demande si celui-ci a été une bonne ou mauvais chose pour l’économie, 65% répondent «plutôt une mauvaise» (contre 34% «plutôt une bonne») mais estiment à 60% qu’il a été «plutôt une bonne chose» pour «la démocratie et le débat».
(Sondage Odoxa réalisé par internet les 13 et 14 novembre 2019 auprès d’un échantillon de 1005 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus / Méthode des quotas / Marge d’erreur de 3 points)