Par Jean-François Borrou & Alexandre Vatimbella
Dans cette rubrique, nous publions les
points de vue de personnalités centristes qui ne reflètent pas nécessairement
ceux du CREC. Ces points de vue ont pour but d’ouvrir le débat et de faire
progresser la pensée centriste.
Jean-François Borrou est le pseudonyme
d’un journaliste proche des idées centristes.
Alexandre Vatimbella est le directeur du
CREC
Exister en faisant du taux d’audience ou en boostant ses
ventres d’exemplaires est un des objectifs des médias.
Tout simplement parce que ce sont des entreprises
commerciales pour l’énorme majorité qui doivent gagner de l’argent.
Mais c’est aussi vrai pour les structures associatives qui
doivent avoir de quoi fonctionner dans un environnement extrêmement concurrentiel
où il n’y a pas de la place pour tout le monde.
Plus étonnant, c’est également ce que cherchent les médias
de service public parce que les gouvernements successifs l’ont décidé (en grande
partie pour que les recettes commerciales, notamment publicitaires, permettent
de ne pas –trop – augmenter la redevance audiovisuelle ou pour faire faire des
économies au budget de l’Etat).
Dès lors, tout ce qui permet de gagner des téléspectateurs,
des auditeurs, des internautes et des lecteurs est bon à prendre et à mettre en
scène pour en faire un produit d’appel comme dans n’importe quel commerce.
Et cette dernière année, le meilleur produit d’appel a été
la crise du mouvement de foule des gilets jaunes.
A l’orée du premier anniversaire des manifestations
violentes et séditieuses où les relents de toutes les opinions abjectes (racisme;
sexisme; antisémitisme; fascisme et nazisme; menaces multiples et variées,
parfois de mort, contre les politiques, les journalistes, les intellectuels et
autres; appels à l’insurrection et à prendre d’assaut et à détruire des lieux
et des bâtiments; etc.) se sont exprimés avec une explosion sans retenue, voilà
pourquoi les médias, tous les médias, attendant avec gourmandise une nouvelle
crise des gilets jaunes.
Ah! C’était le bon temps quand quelques milliers d’énergumènes
qui détruisaient tout dans les rues de Paris et mettaient le feu à des
bâtiments où se trouvaient des gens, permettaient à BFMTV, CNews, LCI et même franceinfo
de faire des tunnels de douze heures et plus, sans interruption, pour montrer
complaisamment les casseurs, les populistes, les extrémistes s’en prendre
physiquement et par la parole à tout et n’importe quoi et à tous ceux qui ne
pensaient pas comme eux.
Parce qu’il faut bien ne pas oublier que les manifestations
des gilets jaunes, même au plus fort de la mobilisation, n’ont réuni qu’au
maximum 300.000 personnes dans toute la France soit moins de 0,5% de la population
française.
Et les chaînes d’information en continu ont même continué à
couvrir ces manifestations «en direct live» pendant l’entière journée quand il
n’y avait plus que quelques centaines d’excités et qu’il n’y avait même plus
leur excuse, celle du soutien d’une majorité des Français dans les sondages
(qui n’a jamais été pour leur violence et leur outrance mais bien plus pour des
revendications du genre «payer moins d’impôt et avoir plus d’allocations et d’aides
de toutes sortes de la part de l’Etat»…).
Ah! leur taux d’audience chéri vaut bien tous les
renoncements à la déontologie journalistique surtout quand vos patrons vous
demandent des résultats immédiats en ce sens.
Loin de nous de prétendre que l’on n’aurait pas dû couvrir
ces événements (trop souvent certains qui sont nettement plus importants n’ont
même pas droit à une citation quelconque) mais ils auraient dû l’être à la juste
place que ce qu’ils représentaient.
Or cela n’a pas été le cas, cela n’est toujours pas le cas
et cela ne sera pas le cas demain pour les raisons que nous venons de dire mais
aussi parce que la plupart des médias, outre leur addiction totale à la recette
publicitaire (et un peu au paiement de celui qui les consulte), ne sont pas
neutres idéologiquement.
Ici, on veut bien évidemment parler de leur tropisme de
droite ou de gauche (ce qui est leur droit) et le manque cruel de médias
défendant la position centriste ou centrale qui est celle du Président de la
République, du Gouvernement et de sa majorité parlementaire.
Ce qui surprend le plus, c’est le manque d’objectivité
criard des médias de service public de franceinfo (la pire) à France Inter en
passant par France 2.
Si les médias se délectent à l’avance d’une reprise du
mouvement des gilets jaunes, nous, nous rappelons, en tant que centristes,
notre attachement aux règles et aux valeurs de la démocratie représentative,
vous savez, ce système qui permet aux médias d’être libres de dire ce qu’ils
veulent et que nombre de personnages affublés de gilets jaunes honnissent
voudraient voir supprimé…
Jean-François Borrou & Alexandre Vatimbella