samedi 2 novembre 2019

Actualités du Centre. Hongrie – Le pouvoir de Viktor Orban s’attaque aux centristes


En passe de devenir le principal parti d’opposition, le parti centriste Momentum est à nouveau victime d’intimidations de la part du gouvernement de l’autocrate Viktor Orban.
Ainsi, une nouvelle descente des services fiscaux a eu lieu au siège du parti afin, soi-disant, de rechercher des preuves de fraudes fiscales.
Cette intimidation par ces services étatiques avait déjà eu lieu en 2018 et rien n’avait pu être reproché à Momentum qui avait été blanchi de toute accusation en février de cette année.
Mais dans le monde «illibéral» d’Orban, toute opposition doit être harcelée sans cesse.
La direction du parti a publié un communiqué dans lequel il s’étonne de cette descente juste «deux semaines après les élections»
«Momentum, poursuit-elle, est soupçonné de crimes soudains et de recherches de comptes fictifs» alors qu’après les élections locales [qui a vu le candidat d’Orban perdre la mairie de la capitale, Budapest, au profit du candidat soutenu par le parti centriste], «Momentum [est devenu] le plus puissant parti de l’opposition».
Un parti attaqué par le gouvernement «par tous les moyens afin de nous désarmer. Nous n'avons pas peur d'eux.»
Katalin Cseh, députée européenne de Momentum, membre du groupe centriste Renew Europe, a tweeté:
«La démocratie hongroise en action: à la suite d’élections très réussies, l’administration fiscale nationale a effectué une descente dans les bureaux de Momentum et saisi plusieurs documents. Le Fidesz [parti d’Orban] est notoirement connu pour utiliser les administrations publiques comme une arme politique pour harceler et intimider l'opposition.»
Et elle a ajouté:
«Momentum est maintenant le parti d'opposition le plus puissant dans les résultats récents des sondages et des élections. Nous n'avons rien à cacher, nous allons donc coopérer avec les autorités conformément à la loi hongroise, mais nous prendrons également toutes les mesures nécessaires pour résister aux abus de pouvoir.»


Vues du Centre. Et si le principal gagnant du chaos créé par Trump était la Chine?


Par Aris de Hesselin & Alexandre Vatimbella

Dans cette rubrique, nous publions les points de vue de personnalités centristes qui ne reflètent pas nécessairement ceux du CREC. Ces points de vue ont pour but d’ouvrir le débat et de faire progresser la pensée centriste.
Aris de Hesselin est un avocat international, centriste et un européen, défenseur d’une mondialisation humaniste.
Alexandre Vatimbella est le directeur du CREC.

Donald Trump & Xi Jinping
On l’a déjà dit ici mais pendant que Trump et ses sbires faisaient l’actualité en compagnie de Poutine et de ses alliés autocrates et, pour certains, couverts de sang, un pays avait décidé de faire parler de lui le moins possible, la Chine.
Pas pour des raisons de modestie ou de manque d’assurance en son régime, pas pour se rapprocher de la communauté internationale et encore moins pour plaire aux démocraties occidentales.
Non, pendant que Trump créait un véritable chaos dans la mondialisation et les relations internationales, détruisant avec l’inconséquence qui l’habite toute l’architecture mise en place par la diplomatie américaine depuis plus d’un siècle, les responsables du Parti communiste chinois avec à leur tête le «Mao au petit pied», Xi Jinping, verrouillait la société chinoise comme jamais elle l’a été depuis les heures les plus sombres du régime maoïste mais aussi des dynasties impériales qui se sont succédé au cours de l’Histoire.
Rappelons que monsieur Xi, profession dictateur, veut mettre en place son fameux «rêve chinois» (pour contrer le plus que fameux «rêve américain») qui est un mélange indigeste de nationalisme, de puissance économique, de force militaire et de préceptes surannés du marxisme-léninisme (surtout le côté dictature du parti unique, seul détenteur de la vérité) afin de maintenir la clique actuelle à la tête du pays, ivre de son pouvoir et qui s’est remplie les poches par la corruption généralisée.
Le tout avec une mise en surveillance de l’ensemble de la population grâce à toutes les technologies modernes, en particulier celles de l’intelligence artificielle, couplées avec toutes les vieilles recettes pour contrôler les citoyens et les empêcher de s’exprimer (voir les camps de concentration au Xinjiang).
Comme l’expliquait récemment le sinologue François Godement au Figaro:
«Le PCC a construit le système de contrôle de la population le plus extraordinaire qu’on puisse concevoir. Cela s’est fait en deux étapes. Celle du maoïsme: une ligne de masse et un contrôle de la population par la densité et la présence du Parti communiste. Sous Xi Jinping, il s’exerce aussi par la maîtrise de la technologie numérique et un contrôle sous toutes ses formes de la population.»
Et son projet – même si l’appellation «rêve chinois» est moins utilisée –, grâce à Donald Trump, à ses décisions imbéciles, à son accaparement des médias et au rejet qu’il inspire de plus en plus à la communauté internationale, a pris de l’ampleur.
Tellement que la dernière réunion du Comité central du PCC qui vient de se terminer à Pékin a posé de nouveaux objectifs à cette avancée majeure du totalitarisme et à la volonté de la Chine communiste de dominer le monde avec comme date butoir, 2049, c’est-à-dire le centenaire de la prise du pouvoir par les forces maoïstes.
On savait déjà que la vision politique du grand dirigeant et néanmoins camarade Xi était désormais mentionnée dans la Constitution sous la dénomination «la pensée de Xi Jinping» (ajoutons que l’agence de presse officielle chinois, Xinhua, nous apprend qu’un livre vient d’être publié de 27 octobre contenant «70 propos importants extraits de discours et d'autres documents rédigés par M. Xi entre novembre 2012 et juillet 2019») comme celle du grand timonier Mao mais les documents rédigés à l’occasion de cette réunion ainsi que les décisions prises vont toutes dans le sens d’un nouveau tour de vis vis-à-vis de tout ce qui reste de démocratique dans le pays dont les quelques dissidents qui ont encore réussi à échapper aux forces de répression du pouvoir.
Ceci inclut évidemment la grande majorité de la population de Hongkong qui a compris ce que les Occidentaux ne veulent pas voir: la liberté est en train de mourir complètement en Chine dans une sorte de désintérêt des démocraties au premier rang desquels les Etats-Unis mais aussi l’Union européenne.
Nous pouvons ainsi avoir honte de nous-mêmes: après avoir permis à la Chine de devenir la deuxième puissance économique en lui permettant de produire tout ce dont nous avions besoin à des prix cassés (avec toutes les conséquences sociales pour les travailleurs des pays occidentaux mais aussi écologiques), nous sommes en train de lui permettre d’être la prochaine première puissance mondiale qui se sera bâtie sur un projet clair: détruire totalement les valeurs humanistes que porte la démocratie républicaine.
En revanche, celui qui en fera certainement sa fierté c’est Donald Trump qui a promu tous les autocrates et les dictateurs de la planète depuis le début de se présidence avec une constance qui n’est pas simplement de la bêtise mais aussi de l’admiration sincère.
Comme l’explique le politologue Chen Daoyin à propos de la volonté du Parti communiste chinois:
«Tout ce qui est occidental est rejeté. Le message central est que le Parti dirige tout, de la société à l’économie en passant par la culture. L’objectif est d’accoucher d’un régime capable de rivaliser avec le système démocratique occidental en 2049».
En tout cas, on ne pourra pas dire qu’on n’a pas été prévenu…

Aris de Hesselin & Alexandre Vatimbella