mardi 22 octobre 2019

Actualités du Centre. Soutenant Macron, des politiques appellent à la création d'un pôle de gauche dans la majorité

Ils sont plus de soixante-dix et ils viennent de signer un manifeste publié dans le JDD dans lequel ils appellent à la création d’un pôle de gauche dans la majorité présidentielle actuelle et centrale.
Soutiens de Macron, ils se disent proches des ministres étiquetés à gauche dans le gouvernement actuel, Jean-Yves Le Drian ou Olivier Dussopt.
Dans la liste, on trouve, entre autres, le maire de Strasbourg, Roland Ries, les sénateurs Xavier Iacovelli et Éric Gold, les anciens ministres, François Loncle, Jean-Pierre Masseret, Tony Dreyfus et les anciens parlementaires, Gilles Savary, Bernadette Laclais, Yves Durand, Christophe Caresche, Dominique Bailly, Pierre-Yves Le Borgn, David Comet, Catherine Quéré, Anne-Yvonne Le Dain, Alain Calmette, Jean-Louis Gagnaire.

► Voici leur manifeste:
Élus, anciens élus, militants ou sympathisants de gauche et écologistes, nous sommes pour la plupart issus du Parti socialiste. Nous avons assisté de l’intérieur à son implosion lors du quinquennat précédent. Face à la vague populiste et démagogique en Europe et dans le monde, nous avons, comme beaucoup de progressistes, soutenu Emmanuel Macron. Son programme présidentiel s’inscrit pour une grande part dans la continuité des réformes de la précédente mandature, contrariées ou édulcorées par les divisions de sa majorité politique. Malgré de regrettables maladresses, le cap est le bon et la France est gouvernée. Mais le monde est devenu dangereux, instable, y compris dans les plus anciennes démocraties. Le pacte républicain est fragilisé Le réchauffement climatique et la multiplication de conflits armés nous soumettent à la pression de flux migratoires et à des replis identitaires. L’impératif écologique et la transition énergétique, sauf à se heurter à des résistances violentes, nécessitent l’accompagnement plutôt que l’ostracisation des professions et des populations les plus exposées aux changements de notre modèle de croissance.
Face à ces défis, de profondes fractures sociales, territoriales et culturelles menacent la cohésion nationale et les fondements de nos démocraties. Le pacte républicain est fragilisé. La réduction des inégalités et la laïcité doivent rester au cœur de nos valeurs et de notre exigence républicaine.
La construction européenne est le seul projet nous permettant de faire face à la mondialisation et aux bouleversements géopolitiques, mais elle doit dépasser le marché intérieur et prendre en compte le besoin de protection sociale, économique, écologique, identitaire et militaire de ses peuples.
Le principe démocratique lui-même est déprécié face aux pertes de repères anxiogènes
Enfin, il faut revaloriser l’éducation et la culture pour offrir à chacun le bagage éducatif nécessaire à son autonomie dans la société de l’Internet et des réseaux sociaux.
Nous adhérons à l’ambition d’égalité des chances et de mobilité sociale par une revalorisation du mérite et du travail. Nous devons réinvestir la République au cœur de nos territoires, qu’il faut appréhender comme des potentialités de progrès et d’avenir plutôt que les abandonner au darwinisme du marché foncier et des centralismes urbains. Nous en appelons à une revue générale de la présence territoriale des services publics et à un Pacte national d’aménagement du territoire entre les tous les acteurs territoriaux.
Par ailleurs, nous avons la conviction que le rapport de nos concitoyens à la politique et à notre démocratie représentative a changé de manière irréversible. Le principe démocratique lui-même est déprécié face aux pertes de repères anxiogènes, à la manipulation des émotions, aux bouleversements mondiaux et à la radicalisation du débat public. Nous devons être clairs et sans complaisance avec les mensonges du populisme, la banalisation de la violence physique et verbale, la dévalorisation de la démocratie et des institutions, l’hystérisation des émotions et le poison complotiste. Cette exigence implique en contrepartie une éthique politique scrupuleuse et un usage reconsidéré de la force publique lorsqu’elle est nécessaire.
Notre projet, c’est de créer un pôle de gauche indépendant de LaREM au sein de la majorité
Nous devons être clairs sur notre positionnement et tirer les leçons de la sanction électorale du grand écart de la gauche. En tant que sociaux-démocrates longtemps marginalisés, nous nous sentons dépositaire d’une culture de gouvernement plus proche aujourd’hui du réformisme gouvernemental, que de la dérive illibérale de la gauche protestataire.
Nous souhaitons la réussite des réformes et de ce quinquennat, dernière chance pour éviter que la France rejoigne les démocraties déstabilisées par les fausses solutions national-populistes. Nous sommes convaincus qu’il faut élargir la majorité présidentielle, la rendre plus pluraliste et y faire entendre fortement une voix sociale et républicaine.
Notre projet, c’est de créer un pôle de gauche indépendant de LaREM au sein de la majorité présidentielle, autour de ministres tels que Jean-Yves Le Drian et Olivier Dussopt, et de régénérer notre démocratie par la mobilisation des territoires et la participation citoyenne.


Actualités du Centre. Espagne – Législatives : les centristes en chutent libre dans les sondages

Albert Rivera, leader de Ciudadanos
Il y a tout juste cinq mois, Ciudadanos, le parti centriste espagnol semblait avoir le vent en poupe dans les sondages et devenir un des favoris lors des prochaines législatives qui n’étaient pas encore fixées au 10 novembre prochain.
Mais, alors même que son président, Albert Rivera, a refusé tout accord de gouvernement avec les socialistes du PSOE actuellement au pouvoir, une lente mais inexorable chute dans les enquêtes d’opinion fait qu’aujourd’hui, non seulement, les centristes ne sont pas en mesure de disputer le pouvoir à ceux-ci mais se trouvent en quatrième, voire cinquième position, loin derrière les socialistes et les conservateurs du Parti populaire mais également devancés par l’extrême-gauche de Podémos et même l’extrême-droite de Vox.
La dégringolade actuelle d’un parti qui semblait être dans une dynamique de progression continue devant l’amener au pouvoir à plusieurs causes.
Avant cela, il faut rappeler que Ciudadanos a été créé par Albert Rivera, à la fois, pour lutter contre la corruption dans le monde politique (qui touche autant les socialistes que les conservateurs), pour libérer l’économie et la société mais aussi, tout autant, pour s’opposer aux mouvements indépendantistes qui fleurissent dans plusieurs régions du pays avec en tête de console, la Catalogne d’où est originaire Rivera.
Lors des dernières élections législatives du 28 avril, c’est ce qui a permis au parti centriste de terminer en troisième position avec 15,9% des suffrages et 57 députés, tout près du Parti populaire qui n’avait réuni que 16,7% des suffrages pour 66 députés (le PSOE ayant eu 28,7% des suffrages et 123 députés).
Alors que le Premier ministre Pedro Sanchez devait former un gouvernement de coalition, n’ayant pas obtenu de majorité absolue, il pouvait se tourner vers l’extrême-gauche et les mouvements indépendantistes ou vers le Centre.
C’est plutôt la première option qu’il privilégia au départ avant de proposer aux centristes des discussions quant il s’avéra que Podémos faisait du chantage au poste gouvernementaux et que les mouvements nationalistes étaient dans la surenchère.
Albert Rivera refusa car il estimait que le positionnement des socialistes vis-à-vis des indépendantistes était trop laxiste avec un laisser-faire qui provoque actuellement des émeutes de ceux-ci en Catalogne et plus précisément à Barcelone.
Le leader de Ciudadanos – qui a toujours expliqué qu’il ne travaillerait qu’avec des forces «constitutionnalistes», c'est-à-dire respectant la Constitution espagnole et donc aucune force indépendantistes – fut alors pris dans une sorte de spirale négative où son intransigeance en matière de souveraineté nationale l’amena à être accusé de défendre des positions très droitistes, ce qu’il récusa mais sans succès.
D’où un trouble dans les troupes centristes et dans l’électorat de Ciudadanos et les très mauvais sondages actuels.
Cependant, Rivera a pris la mesure de la crise qui secoue son formation et il s’est dit ouvert, après les élections, à des discussions avec les socialistes, non pas pour faire absolument partie d’un gouvernement de coalition avec eux mais pour les soutenir au Parlement en pointant les dix mesures sociales qu’il pourrait voter avec eux.
Il a ainsi déclaré:
«Nous sommes nés pour surmonter la dichotomie entre les rouges et les bleus. [Le soir de l'élection] j'appellerai le PSOE et Pedro Sánchez pour que nous puissions nous asseoir et parler de ces réformes. Si les Espagnols décident que le gouvernement doit être dirigé par Pedro Sánchez, par le PSOE, et s'ils nous envoient dans l'opposition, mon engagement reste inchangé: Je soutiendrai toutes ces réformes nationales même si nous ne sommes pas au pouvoir.».
Ses déclarations ont été accueillies avec enthousiasme par les membres de Ciudadanos qui craignaient un virage à droite du parti.
Néanmoins, il est peut-être un peu tard pour que cela change le vote des électeurs le 10 novembre prochain où, dans les derniers sondages, le parti centriste oscille entre 9% et 11% (le PSOE étant entre 27% et 29%, le PP entre 20% et 22%, Podémos entre 12% et 13%, Vox entre 10% et 11%).

Actualités du Centre. Canada – Législatives: le centriste Trudeau se maintient au pouvoir

Justin Trudeau
En recul par rapport à 2015, le Parti libéral (centre, centre-gauche) du Premier ministre sortant, Justin Trudeau, devrait garder le pouvoir au Canada mais formera soit un gouvernement minoritaire – ce qui est le plus probable –, soit un gouvernement d’alliance avec le Nouveau parti démocratique (centre-gauche) et le Bloc québécois.
De son côté, le Parti conservateur d’Andrew Sheer ne possède aucune possibilité de faire des alliances, aucun parti avec des élus n’étant proche de ses positions.
Si le décompte des voix n’est pas encore terminée, les Conservateurs devraient gagner le vote populaire avec aux alentours de 34% des suffrages devant les Libéraux avec aux alentours de 33%.
Suivent le Nouveau parti démocratique avec alentours de 16%, le Bloc québécois avec  aux alentours de 8%, le Parti vert avec aux alentours de 6,5%.
En termes de sièges, c’est le Parti libéral qui arrive en tête avec une projection de 157 députés (-27) suivi du Parti conservateur avec 121 députés (+22), le Bloc québécois avec 32 députés (+22), le Nouveau parti démocratique avec 24 députés (-20) et le Parti vert avec 3 députés (+2).
A noter l’élection d’un député indépendant.
Rappelons que la majorité à la Chambre des communes est à 170 (sur un total de 338).
Ces résultats sont conformes à ce qu’annonçaient les sondages qui prévoyaient un duel serré entre les libéraux et les conservateurs ainsi qu’une percée du Bloc québécois.
Les bons résultats économiques et les programmes sociaux mis en place ces quatre dernières années ont permis à Justin Trudeau – au cœur de plusieurs controverses sociétales et financières – de résister à la remontée des Conservateurs grâce à une meilleure implantation dans les grandes zones urbaines du pays.
Après sa victoire, Justin Trudeau a déclaré:
«D’une côte à l’autre, les Canadiens ont rejeté la division et ont voté pour des actions concrètes pour lutter contre les changements climatiques».
Il a ajouté:
«Merci, Canada, d’avoir confiance en notre équipe et de croire qu’on peut faire avancer ce pays dans la bonne direction. Peu importe pour qui vous avez voté, notre équipe va travailler fort pour tous les Canadiens. (…) Depuis quatre ans, on fait tout ce qu'on peut pour améliorer la vie de tous. C'est ce qu'on va continuer de faire au cours des quatre prochaines années.»
Il a également affirmé que les Canadiens avaient choisi «un programme progressiste» ce qui permettra aux pays des «gestes forts», en particulier pour améliorer le pouvoir d’achat, lutter contre le changement climatique, réduire le nombre d'armes à feu mais aussi continuer le processus de réconciliation avec les «Premières nations».
Il a également délivré un message aux Québécois:
«Mes chers Québécois, j’ai entendu votre message ce soir. Vous voulez continuer d’avancer avec nous, mais vous voulez aussi vous assurer que la voix du Québec se porte encore plus à Ottawa. Je vous donne ma parole: mon équipe et moi serons là pour vous.»


Actualités du Centre. Bolivie – Présidentielle : le candidat centriste met Morales en ballotage

Carlos Mesa, le candidat centriste
Carlos Mesa, centriste et ancien président du pays de 2003 à 2005, ayant le soutien de formations de gauche et de droite réunies dans Communidad ciudadana (Communauté citoyenne ou civique) a réussi l’exploit de mettre en ballotage le président Evo Morales lors du premier tour de la présidentielle qui vient de se dérouler le dimanche 20 octobre.
Ceci est d’autant plus remarquable que le pouvoir en place a utilisé tous les outils de propagande à sa disposition pour faire réélire Morales dès le premier tour avec des moyens financiers disproportionnés par rapport à ses adversaires.
Et, avec la réserve de voix venue d’autres candidats opposés au président sortant, il peut espérer gagner le deuxième tour même si cela s’annonce difficile.
Il a ainsi obtenu 38,16% des voix contre 45,28% à Evo Morales.
Dans le même temps, les élections législatives qui ont eu lieu le même jour ont vu un net recul du Mouvement pour le socialisme (MAS) de Morales qui, avec 64 députés élus (sur les 130 que comptent la Chambre des députés) perd 24 sièges et la majorité absolue alors que, dans le même temps, les partis regroupés dans Communauté citoyenne (CC) en gagnent 22, passant de 32 à 54 députés, la parti démocrate chrétien en obtenant 9 et le Mouvement social démocrate, 1.
Qu’est ce qui a permis à Mesa de mettre en ballotage le populiste Morales, icône d’une certaine gauche radicale dans le monde (au même titre que le fut Chavez au Venezuela)?
Communauté citoyenne a été créée le 13 novembre 2018 entre les partis Front révolutionnaire de gauche (FRI) et Souveraineté et liberté (Sol.Bo) afin de soutenir sa candidature, d’abord, pour contrer la quatrième candidature polémique du président sortant au pouvoir depuis 2006 qui a pu se présenter grâce à un jugement de tribunaux aux ordres du pouvoir alors même que le peuple bolivien avait rejeté en février 2016, par référendum, une modification de la Constitution pour lui permettre de se représenter une quatrième fois puis sans fin alors que la loi ne l’autorisait à le faire que trois fois.
Cette décision ainsi que la candidature de Morales a été vue comme une possible dérive vers un régime autocratique chez ses opposants politiques et parmi la population qui, de plus et pour une partie importante d’entre elle, se lasse d’un système en place depuis treize ans où règne la corruption dénoncée pendant la campagne par Carlos Mesa.
En outre, même si la croissance économique est le principal atout de Morales, celle-ci a connu une baisse et menace un système basé sur le rôle prépondérant de l’Etat dans la marche de l’économie.