Voici une sélection, ce 20 octobre 2019, des derniers propos
tenus par des centristes dans les médias ou sur les réseaux sociaux en France.
● Emmanuel Macron
(Président de la République)
- La finalité de l’Europe ne doit pas
être de s’élargir à tout prix. Elle ne marche pas déjà bien à 27, ça ne
marchera pas mieux à 28, 30 ou 32. Avant d'accueillir de nouveaux États-membres
dans l'Union, réformons-la. Faisons les choses dans l'ordre.
- Lorsque j’ai formulé mon ambition
européenne lors du discours de la Sorbonne, on me traitait de doux rêveur.
Qu’en est-il deux ans après? Personne ne croyait au budget de la zone euro: il
avance. Personne ne croyait à l’initiative européenne d’intervention: nous
l’avons créée.
- Nous devons construire ensemble
pour l’Europe une majorité d’action et de responsabilité.
● Gouvernement
[Nota: dans ce
gouvernement, certains membres ne sont pas centristes; nous retranscrivons
cependant leurs propos en rapport avec leur fonction parce qu’ils font partie
selon nos critères d’une équipe qui suit une politique globalement centriste]
Edouard Philippe
(Premier ministre)
- Il y a un détournement du droit de retrait
qui s'est transformé en grève sauvage. Cette grève sauvage a un impact
inacceptable pour des dizaines de milliers de Français. Il y a une volonté de
ne pas respecter la loi sur la grève des services publics.
-Un très grand nombre de Français sont empêchés de prendre
le train en raison d’un détournement du droit de retrait, qui s’est transformé
en une grève sauvage. Cette situation inédite a un impact inacceptable pour des
dizaines et des dizaines de milliers de Français, qui ne peuvent pas rejoindre
leur famille, aller au travail, rentrer chez eux. J’ai demandé à la SNCF d’examiner
toutes les suites, notamment judiciaires, à donner. La loi sur la grève dans le
service public doit être respectée.
- Le président de la République a été
très clair hier : ce n’est pas le moment de réfléchir à élargir l’Union
européenne. Entamons les réformes nécessaires au renforcement de l’UE avant de
nous ouvrir à de nouveaux partenaires des Balkans.
Bruno Le Maire
(ministre de l’Economie et des Finances)
Je regrette les sanctions américaines
qui sont une erreur politique et économique. J'ai appelé à l'ouverture de
négociations avec la Commission européenne pour trouver un accord le plus
rapidement possible.
Jean-Michel Blanquer
(ministre de l’Education)
Je considère le département comme une structure
fondamentale de la France conçue dès l’origine pour une vision rationnelle du territoire. C’est une échelle
humaine qui est au plus près du territoire.
Didier Guillaume
(ministre de l’Agriculture)
Tous mobilisés contre les sanctions
américaines touchant le vin français en particulier. L’Union européenne se
mobilise à notre demande. Après les réunions de travail au ministère, je
recevrai la filière en début de semaine.
Jacqueline Gourault (Ministre de la Cohésion des territoires et des Relations avec les collectivités territoriales)
La suppression de la taxe d’habitation, c’est: 100 % des
foyers bénéficiaires sur leur résidence principale ; 723 € de hausse de
pouvoir d’achat en moyenne pour chaque foyer concerné
Gérald Darmanin
(ministre des Comptes publics)
Le budget
2020 est le budget de la baisse des impôts pour
les Français. Et les études le prouvent : nos baisses d’impôts ciblent avant
tout les classes moyennes et populaires.
Amélie
de Montchalin (secrétaire d’Etat aux Affaires européennes)
- Les Britanniques ont été capables, depuis trois ans, de
nous dire qu’ils ne voulaient plus rester dans l’Union européenne, que leur
Parlement ne voulait pas de l’accord conclu par Theresa May, qu’ils ne
voulaient pas de nouvelles élections, mais ils n’ont toujours pas réussi hier à
se décider. Or, nous, Français et Européens, attendions de leur part une
décision sur le fond après dix jours intenses de négociation qui ont abouti à
un accord respectant leur propre souveraineté.
- Je n’ai pas à être déçue, ni optimiste, ni pessimiste. En
revanche, nous essayons tous, à notre niveau, d’être responsables. Nous ne
sommes pas dans un combat politique mais dans un exercice qui vise à protéger
des millions de familles et des milliers d’entreprises face aux différents
scénarios qui avaient été envisagés. Celui du retrait ordonné qui paraissait le
plus raisonnable ; celui du «No deal» qui nous aurait de toute façon conduit à
nous parler et à négocier avec les Britanniques pour définir notre relation
future ; mais le troisième scénario, celui du délai infini, a prouvé qu’il ne
change rien non plus. La France a défendu au printemps dernier une extension courte,
qui a permis d’exercer la pression nécessaire pour conclure cet accord. Il faut
maintenant avancer. Cessons de croire que l’intérêt collectif est de tout
arrêter pour six mois et que cela ira mieux après.
- Pour moi, l’accord est clair. Nous avons modifié le texte
sur des points qui étaient essentiels pour Boris Johnson. Que ce soit sur le «backstop»
en Irlande, sur l’Union douanière, sur le consentement démocratique des
Nord-Irlandais. Il s’agit là également d’un accord qui respecte nos propres
lignes rouges sur la paix en Irlande et sur la protection du marché unique. A
partir de là, il nous faut un oui ou un non. Nous ne l’avons pas.
- Cela veut dire que les 27 ne peuvent se prononcer que sur
la base d’un oui ou d’un non. Comme l’a dit souvent le président de la
République, l’Union européenne ne fait pas de la politique-fiction. Si nous
avions eu samedi soir un vote «pour» et qu’il fallait aux Britanniques quelques
semaines de plus pour le transformer en loi, ce serait différent. Ce que veut
dire Emmanuel Macron, c’est qu’à un moment donné l’incertitude politique a des
conséquences négatives très concrètes pour les millions de gens qui sont
concernés par le Brexit. Nous parlons là de 5 millions de camions qui passent
par Calais chaque année pour franchir la Manche, de trois millions d’Européens
qui vivent et travaillent au Royaume Uni, de pêcheurs et d’agriculteurs qui ont
besoin d’être au clair sur leurs capacités d’investissement ou d’exportations.
● LaREM
[Nota: dans ce parti,
les propos de ses membres qui ne sont pas centristes et se considèrent de
droite ou de gauche ne sont pas retranscrits]
Stanislas Guerini
(délégué général)
- Je salue l'initiative de ces élus et sympathisants
sociaux-démocrates qui s'engagent pour la réussite de ce quinquennat, au-delà
des étiquettes partisanes. Le rassemblement des forces progressistes est
essentiel pour la réussite du pays
- [Port du voile à l’école] Le débat que nous avons eu ces
derniers jours n’a pas été à la hauteur des enjeux. Il y a eu des grandes
confusions autour de plusieurs sujets distincts. Il faut remettre de l’ordre.
L’actualité nous a poussés à parler du phénomène de radicalisation.
Distinguons-le de la lutte contre le communautarisme sur lequel nous devons
renforcer notre action. Il y a enfin la laïcité. Je suis persuadé que, sur ce
sujet, la majorité a une ligne commune autour de deux principes: la liberté de
croire ou de ne pas croire et le principe de neutralité de l’État et des services
publics. Quant aux nuances d’appréciation, il ne faut pas les craindre.
- Il n’y a pas deux lignes différentes, il y a des
sensibilités différentes. Pour les rapprocher, je propose aux membres de LaREM
un travail en deux temps. D’abord de court terme, avec un groupe de travail sur
la lutte contre le communautarisme, qui nécessite des réponses rapides, en lien
avec nos élus locaux. Nous ne pouvons pas aborder le progressisme municipal en
faisant l’impasse sur le travail de la lutte politique et culturelle contre les
communautarismes. C’est d’abord au niveau le plus local, à l’échelle de la
ville ou même du quartier qu’elle se joue. Ensuite un travail, d’ici au début
de l’année prochaine, pour définir notre vision commune de la laïcité. J’ai
demandé à la secrétaire d’État Marlène Schiappa et au député Laurent
Saint-Martin, responsables du débat d’idées et de la prospective, de proposer à
nos instances une méthode de travail fondée sur le collectif et l’écoute, qui
nous permettra de construire une position qui nous rassemble.
- Une fermeté absolue contre le communautarisme et un refus
tout aussi absolu de la stigmatisation des Français musulmans. Le «en même
temps» sur cette question-là, c’est une vision de la laïcité fondée sur la loi
de 1905 qui respecte la liberté de croire et de ne pas croire, les religions,
et en même temps une lutte sans concession contre les communautarismes. Ne
confondons pas ce qui a trait au cultuel et au culturel. La lutte doit porter
sur les symboles identitaires, le dévoiement de l’islam au bénéfice de ceux qui
voudraient imposer un projet de société. Cette bataille culturelle et politique
doit passer par des mesures concrètes, notamment à l’école et dans les
quartiers. Les élus progressistes qui seront soutenus par LaREM doivent être
accompagnés pour ne pas avoir d’hésitation face à des marqueurs identitaires
maniés par des réseaux communautaristes. Dans une ville administrée par LaREM,
il n’y aura pas, par exemple, d’horaires réservés aux femmes dans les piscines.
- Notre bataille doit être celle de l’émancipation, de
l’égalité entre les femmes et les hommes, de la liberté de croire ou de ne pas
croire. Mais quand le voile n’est plus un marqueur religieux, mais un marqueur
identitaire ou culturel qui entrave l’émancipation des femmes, alors oui, il
faut le combattre. Je ne crois pas que le voile en soi soit un problème dans
notre pays. Mais dès lors qu’il peut traduire un affaiblissement des droits des
femmes, il faut mener la bataille.
Gilles
Le Gendre (président du groupe à l’Assemblée nationale)
- Des élus et sympathisants de gauche et écologistes
rejoignent la majorité. Les députés LaREM s'en réjouissent. Notre vocation est
de rassembler toujours plus pour réussir la transformation de notre pays au
service des Français. Merci.
- Le président de la République n’a besoin des conseils,
encore moins des injonctions, de personne pour prendre la parole au moment et
sur les sujets qu’il juge opportuns. Ceux qui affirment qu’Emmanuel Macron ne
s’est jamais exprimé sur les questions de laïcité, de communautarisme ou de
radicalisation profèrent tout simplement des contre-vérités. J’espère qu’ils le
font de bonne foi. Je n’en suis pas certain.
- Le débat sur les questions de la laïcité, du
communautarisme, de la radicalisation – trois notions qui s’interpénètrent mais
qui sont différentes – ne peut être conduit efficacement si nous l’abordons par
l’instrumentalisation ou la polémique. L’instrumentalisation est le fait de l’élu
RN du conseil de Bourgogne-Franche-Comté. La polémique, il faut le reconnaître,
est née dans nos propres rangs à propos de la question du voile des mères
accompagnatrices de sorties scolaires. La polémique est aujourd’hui refermée.
La priorité de mon groupe est d’apporter une réponse constructive aux attentes
des Français sur ce sujet qui suscite chez eux des interrogations légitimes et
parfois de l’inquiétude. C’est en cours.
- Notre objectif est de clarifier les questions sur
lesquelles les Français nous attendent et, en effet, de dégager une ligne
politique crédible à leurs yeux et offensive face à l’instrumentalisation de
ces sujets par certaines de nos oppositions. Les débats porteront en priorité
sur le communautarisme et la radicalisation, deux sujets sur lesquels notre
gouvernement et notre majorité agissent déjà avec vigueur. Le communautarisme est
un sujet qui inquiète nos concitoyens, parce qu’il s’exprime dans des termes
qui n’ont rien à voir avec ceux d’il y a quinze-vingt ans. Quant à la
radicalisation, même si elle ne se confond pas avec la menace terrorisme, les
drames que connaît notre pays depuis cinq ans justifient une riposte de grande
ampleur. Dans le respect de la différence entre l’Islam, culte qui doit
s’exercer librement, et l’islamisme, dévoiement à des fins politiques, et
parfois pire, du culte musulman.
Pieyre-Alexandre Anglade (député)
La France par la voix d’Emmanuel Macron a eu raison de
s’opposer à un nouvel élargissement de l’Europe. Avant d'accueillir de nouveaux États dans l'Union,
réformons-la, réglons les problèmes qui l’empêchent d’avancer & d’être une
puissance capable de peser dans le 21ème siècle
●MoDem
Marielle de Sarnez (députée)
[Déclaration conjointe des Présidents des commissions des
Affaires étrangères des parlements d’Allemagne, des États-Unis d’Amérique,
de France, du Royaume-Uni et du Parlement européen] Nous, Présidents des
commissions des Affaires étrangères des parlements d’Allemagne, des États-Unis
d’Amérique, de France, du Royaume-Uni et du Parlement européen, condamnons
conjointement et avec la plus grande fermeté l’offensive militaire turque dans
le nord-est de la Syrie. Nous considérons que cette intrusion est une agression
militaire et une violation du droit international. L’offensive turque est
source de souffrance pour les populations locales, contraintes de fuir, et
d’une plus grande instabilité en Syrie et dans la région voisine. Nous
considérons que l’abandon des Kurdes de Syrie est une erreur. Les Forces
démocratiques syriennes (FDS), notre partenaire dans la coalition
internationale, ont grandement contribué au succès de la lutte encore inachevée
contre Daech en Syrie et ont ce faisant subi de lourdes pertes. Nous regrettons
profondément la décision du Président des États-Unis de retirer les troupes
américaines du nord-est syrien, qui marque une nouvelle étape dans le
changement de cap de la politique étrangère américaine au Proche et au
Moyen-Orient. La déstabilisation provoquée par l’offensive turque pourrait
contribuer à une résurgence du terrorisme islamique et mettre en péril des
années d’efforts et d’engagement pour apporter la paix et la stabilité dans
cette région du monde. Par conséquent, nous espérons que les États-Unis
assumeront de nouveau leurs responsabilités en Syrie. De la même manière, nous
appelons l’Union européenne et ses États membres à prendre leurs
responsabilités et à participer à la résolution du conflit. Il nous faut une
action concertée, immédiate et soutenue dans la durée. Il n’y a qu’une seule
voie à suivre : celle d’une attitude ferme et résolue. Cette guerre
insupportable touche et affecte largement les populations de nos pays. Pour
cette raison nous, députés, avons le devoir d’exprimer clairement notre
position commune. Nous nous unissons, au-delà des lignes partisanes et des
nationalités, pour manifester notre attachement à nos valeurs, responsabilités
et intérêts communs.
[Marielle de Sarnez, présidente de la commission des
Affaires étrangères de l’Assemblée nationale (France) ; Eliot Engel,
président de la commission des Affaires étrangères de la Chambre des
représentants (États-Unis) ; David McAllister, président de la commission
des Affaires étrangères du Parlement européen (Union européenne) ; Norbert
Röttgen, président de la commission des Affaires étrangères du Bundestag
(Allemagne) ; Tom Tugendhat, président de la commission des Affaires
étrangères de la Chambre des communes (Royaume-Uni)]
●UDI
[Nota: dans ce parti,
les propos de ses membres qui ne sont pas centristes et se considèrent de
droite ne sont pas retranscrits]
Olivier Cadic (sénateur)
Aujourd’hui, British In Europe et The 3 million ont marché une
nouvelle fois côte à côte à Londres. Continuez, continuez, il n’y a pas pour les peuples d’Europe
d’autre avenir que dans l’union.
●Mouvement radical
Laurent Hénart
(président)
[TRIBUNE. "Laïcité et islamisme : modifions enfin la loi
de 1901 sur les associations"]
Il est de retour. Pour la énième fois, le débat sur le port
du voile dans notre pays revient, accompagné de son traditionnel lot d’excès,
d’amalgames, de postures haineuses et politiciennes. Pourquoi diable n’arrivons
nous pas à en sortir par le haut une bonne fois pour toutes? Parce que notre
angle d'attaque de la problématique de l'islamisme n'est pas le
bon. Depuis vingt ans, chacun en convient, l'intégrisme islamiste s’est
attaqué à la République, avec la sinistre particularité de nourrir des actions
terroristes meurtrières.
Sa violence a fait resurgir la grande question laïque dans
la France contemporaine. Mais pour des raisons que je peine à m’expliquer, on
continue de croire que ce discours de haine prospère principalement au sein des
lieux de culte et que c’est ici que le législateur doit intervenir. En réalité,
il y a belle lurette que les activistes prosélytes sont sortis des salles de
prières, et cette affaire du conseil régional de Bourgogne–Franche-Comté
nous le prouve une fois encore.
La manœuvre islamiste s’est développée d'abord vers l’école
publique, qu’ils ont échoué à déstabiliser. La loi de 2004 a réaffirmé la
laïcité dans les établissements scolaires, et un simple article additionnel
permettrait ces jours-ci de l’élargir à l’ensemble du temps scolaire, pour
couper court à toute confusion. Elle s’est alors reportée sur
l’infiltration du monde associatif, les clubs sportifs, l’éducation populaire,
l’action sociale, les centres culturels, les écoles privées hors contrat.
Dans ce contexte, depuis plusieurs années nous butons sur la
loi de 1905, que certains veulent modifier, ce que l'exécutif s'est
finalement refusé à faire. Cette modification, de toute façon, ne
ramènerait pas la concorde spirituelle dans notre société. Cela ne suffirait
pas. Pour que nos rapports aux religions retrouvent leur sérénité perdue, c’est
sur la loi de 1901 qu’il faut travailler.
1905 est un acquis sociétal capital. Ce texte lumineux,
promulgué aux termes d’un débat qui déchira le pays, a instauré une séparation
inédite dans l’histoire des organisations politiques : l'État d’une part, les
religions de l’autre. Cette innovation civique a eu des conséquences positives
inestimables pour notre nation. Affirmation des libertés de conscience et
d’expression, coexistence pacifique des spiritualités, refus de toutes les
discriminations, reconnaissance absolue de la dignité de la personne humaine et
notamment celles des femmes : en déclinant les grands principes de la
Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, 1905 a créé les conditions de
la concorde civile. Elle a mis fin à l’autorité temporelle des écritures
saintes, laissant chacun sur son chemin de conscience, libre de croire ou de ne
pas croire, protégé par la même loi républicaine.
Aujourd'hui, ce grand texte est fragile. La laïcité qu’il a
instaurée est mise en cause par tous ceux qui font de la religion une arme.
Parce qu’il rend compatible les convictions des musulmans avec la République,
il est précisément le dispositif à abattre. Elle est aussi menacée par une
banalisation lancinante, justifiée par des prétextes libéraux empreints de
tolérance, prenant la forme d’une kyrielle d’épithètes (laïcité "ouverte",
"nouvelle", "revisitée") qui nous font insidieusement
relativiser ce principe pourtant intangible.
Toucher à 1905 ouvrirait donc un débat qui permettrait à ces
dérives de se poursuivre. 90% des Français considèrent la laïcité comme une
valeur essentielle, soumise à un délitement spectaculaire chaque jour dans
l’espace public. S’il est vrai qu’il faut clarifier les conditions d’exercice
des cultes, s’assurer qu’ils ne troublent pas l‘ordre public, couper les
influences pactisant avec le terrorisme, amener de la transparence dans le
financement des structures par des États et organisations étrangères, dénoncer
la responsabilité des dirigeants appelant à la haine, il est surtout temps
d’agir au-delà des associations cultuelles.
Pour refaire de la France un sanctuaire de laïcité, il faut
s’attaquer au dévoiement de la liberté associative et la rétablir au service de
l’idéal républicain. Songeons que dans la France de 2018, 2.500 mosquées sont
gérées par des associations de loi 1901! Que le prosélytisme islamique, dans
bien des quartiers sensibles, s’infiltre dans les multiples nervures du monde
associatif, avec ses innombrables actions quotidiennes, ses publics accueillis,
les messages collectifs qu’il diffuse.
Telle est notre réalité aujourd’hui. Le respect du principe
de laïcité ne doit plus s’appliquer qu'aux lieux de culte. Ce temps est
révolu. J'appelle le chef de l’État à engager une réforme du texte de
1901, pour donner à la France une véritable chance de renouer, sans heurts ni
divisions, avec la cohabitation pacifique des religions."