samedi 5 octobre 2019

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. La démocratie va-t-elle enfin se débarrasser de Trump ?


Pendant près de trois ans de présidence (et je ne parle même pas de ses frasques indignes durant la campagne électorale), Donald Trump a eu une conduite répréhensible, a mal agi, a menti, a insulté, a menacé tout en se croyant au-dessus des lois.
C’est pourquoi, on peut le qualifier de populiste démagogue malhonnête, prêt à tout pour garder le pouvoir même à trahir son pays, sans oublier ses propos misogynes, xénophobes, raciste et, sans aucun doute, ses limites intellectuelles ainsi que sa méconnaissance générale du monde et sa pauvre culture politique.
Et l’on ne sait sans doute pas tout tant le personnage qui vient d’affirmer être un «génie stable» (sic!) a constamment joué, toute sa vie, avec les limites de la légalité et ne s’est jamais embarrassé de quelconques valeurs morales ou d’une éthique personnelle.
De par ses agissements et ses propos, il a ridiculisé les Etats-Unis mais, surtout, la démocratie.
Certains disent que c’est parce qu’il a des problèmes mentaux.
Mais que ce soit pour ça ou autre chose, il est inexcusable et totalement disqualifié pour être le président de la première puissance mondiale et le leader du monde libre depuis le premier jour de sa présidence.
Alors, quand une affaire – qui vient d’ailleurs directement de sa croyance en sa toute-puissance – va peut-être lui coûter son poste de président, tout démocrate ne peut que se réjouir dont évidemment tous les centristes.
Même si rien n’est sûr car la procédure de destitution («impeachment») ne fait que commencer avec une chance certaine d’aboutir mais aussi nombre de risques d’échouer (surtout parce que le Sénat qui doit prononcer, in fine, la destitution est contrôlée par les républicains proches de Trump ou trop lâches pour s’en détacher, voire sachant que sa victoire n’en était pas vraiment une et que son départ les jetterait hors du pouvoir pour des années).
En tout cas, désormais, une majorité de plus en plus large d’Américains soutiennent cette procédure pour savoir si l’hôte actuel de la Maison blanche a dévoyé la fonction présidentielle en demandant de l’aide à des pays étrangers (dont l’Ukraine, mais pas seulement, avec entre autres, l’Australie ainsi que l’Italie et maintenant la Chine voire d’autres…) pour salir ses opposants politiques et judiciaires.
Et l’affaire est gravissime.
Il suffisait de voir avec effarement les propos erratiques, incohérents mais toujours aussi insultants, haineux et complètement mensongers tenus par Trump l’autre jour à la télévision américaine pour voir que ce dernier est en train de sentir le vent du boulet souffler tout proche de sa personne.
Et si, tel un bouffon, il permet aux animateurs des talk-shows de fin de soirée de briller en se payant sa tête, il est une honte pour l’humanité.
Et il a raison d’avoir des angoisses puisque tous les jours, de nouvelles révélations montrent toute l’infamie et la bassesse de son comportement, surtout son caractère illicite.
D’ailleurs, après avoir publiquement indiqué devant les caméras de télévision qu’il voulait prouver que le démocrate Joe Biden, l’ancien vice-président de Barack Obama et favori pour la présidentielle de 2020, était un homme corrompu qui devait aller en prison (comme il l’avait prétendu à propos d’Hillary Clinton en 2016) le voilà qui prétend que tout ce qui l’intéresse c’est de lutter contre la corruption et que Biden ne l’intéresse pas !
A ce stade, on se demande vraiment si son cas ne relève pas de la médecine plus que de la politique…
En tout cas, il est à espérer que ce personnage ne soit qu’un épiphénomène d’un dysfonctionnement malheureux de la démocratie américaine qui finira dans les poubelles de l’Histoire.
On peut rêver mais que nos rêves en l’espèce deviennent réalité…
Et que si sa destitution ne sera pas prononcée dans les semaines à venir qu’il sera chassé du pouvoir en novembre de l’année prochaine.
Pour finir, on ne peut passer sous silence le comportement scandaleux du gouvernement ukranien et de son président, l’ancien comique et populiste démagogue, Zelenski, qui est prêt à tout pour demeurer en bon terme avec Trump qu’il n’a cessé de complimenter lors de l’appel téléphonique infâmant où ce dernier lui a demandé de trouver des choses compromettantes sur Joe Biden et dont le procureur de Kiev à ses ordres vient de décider de rouvrir l’enquête sur la firme qui employait le fils de ce dernier alors même qu’aucun élément nouveau ne légitime une telle action.
Oui, Trump n’est pas le seul à dévoyer aujourd’hui la démocratie que tous les populistes démagogues et graines d’autocrates mettent quotidiennement en danger et nous devons dénoncer tous ces aventuriers qui jouent avec notre liberté, notre dignité et l’avenir de nos enfants.



Propos centristes. France – Convention citoyenne pour le climat ; débat sur l’immigration à l’Assemblée nationale ; incendie Lubrizol ; Journée mondiale des animaux…


Voici une sélection, ce 5 octobre 2019, des derniers propos tenus par des centristes dans les médias ou sur les réseaux sociaux en France.

● Gouvernement
[Nota: dans ce gouvernement, certains membres ne sont pas centristes; nous retranscrivons cependant leurs propos en rapport avec leur fonction parce qu’ils font partie selon nos critères d’une équipe qui suit une politique globalement centriste]

Edouard Philippe (Premier ministre)
- Cette convention citoyenne pour le climat, dont le Président de la République a annoncé la création, fin avril dernier, est un rendez-vous important pour notre démocratie. D’abord parce que vous incarnez une forme de démocratie participative inédite. Nous voulons qu’elle inaugure une nouvelle manière de produire du consensus autour de solutions qui émanent directement de nos concitoyens, pour nos concitoyens. Ensuite parce que les attentes de nos concitoyens, sur la question de l’écologie, sont immenses.
- [Incendie Lubrizol Rouen] Nous avons voulu la transparence totale sur ce qui s’est passé. Totale. Chaque jour nous donnons les informations dont nous disposons. Sur le résultat des tests, sur les analyses des scientifiques. Mais je mesure, avec beaucoup d’humilité, même si je ne n’en suis pas surpris, que la parole publique est questionnée, soupçonnée, parfois même décrédibilisée par principe. Celle d’un Premier ministre, celle d’un ministre, celle d’un préfet, celle d’une agence sanitaire. Je l’ai dit, je ne m’y résous pas. Mais cela nous interpelle forcément sur notre manière de dialoguer avec nos concitoyens. Sur le besoin de les écouter. De les associer davantage à la prise de décision. Et cela doit nous conduire à faire évoluer en profondeur la façon dont nous conduisons nos politiques publiques, au niveau national comme au niveau local. En cela, l’exercice auquel vous avez accepté de participer est absolument majeur.
- [Convention citoyenne pour le climat] Soyez indépendants du Gouvernement, soyez également indépendants des lobbies, des groupes de pression. Et même de vos propres présupposés. Vous formez un collectif équilibré, représentatif de nos concitoyens, vous qui êtes issus des villes et des campagnes, actifs ou retraités, cadres, employés, ouvriers, agriculteurs, chômeurs, étudiants. Nos concitoyens savent que vous avez été tirés au sort, pour porter un regard neuf, sans biais, sur ces questions qui parfois nous divisent. L’idée de cette convention, c’est de vous donner le temps de dépassionner les débats pour proposer des solutions constructives. L’expérience à laquelle vous avez accepté de participer est inédite.
- Nos concitoyens ont exprimé une très forte demande de participation. Sur les ronds-points, dans les espaces offerts par le Grand Débat, partout en France, ils ont exprimé la volonté d’avoir une meilleure prise sur les décisions qui engagent la Nation. Ils ne veulent pas seulement voter, mais s’engager dans l’élaboration des politiques publiques en proposant, à partir de leur expérience de terrain, des solutions innovantes et efficaces.
- [Convention citoyenne pour le climat] Certains de nos concitoyens s’abîment en litanies sur le manque de civisme, le sens du collectif émoussé, la fin des idéaux, sur tous les maux dont souffrirait la société française. Et bien vous pouvez prouver qu’il existe, dans ce pays, des citoyens prêts à prendre sur leur temps professionnel, familial, personnel, pour apporter leur pierre à la construction de l’intérêt général.
- [Convention citoyenne pour le climat] Si cette convention fonctionne, il y aura d’autres conventions, sur d’autres thématiques. Nous voulons avec le Président de la République veut faire du projet auquel vous participez une des modalités permanentes de la vie démocratique. C’est l’un des objectifs majeurs de la réforme constitutionnelle que le Président de la République a souhaité engager ; et je crois pouvoir dire que sa détermination, comme la mienne, est intacte pour mener à bien une transformation ambitieuse du CESE [Conseil économique, social et écologique] au service de la participation citoyenne.
- Notre objectif est (…) d’essayer de faire en sorte que des changements profonds puissent non plus être imposés par la loi ou par l’impôt mais qu’ils puissent relevés de propositions qui associent l’ensemble de nos concitoyens.
- Je n’ai jamais cru à l’écologie punitive, à l’écologie brutale que certains appellent de leurs vœux. Nous ne réussirons pas la transition écologique en opposant les Français les uns aux autres : les agriculteurs aux écologistes, les jeunes à la génération du baby boom, les entreprises aux individus, les villes aux campagnes. Nous relèverons le défi écologique en nous appuyant sur les initiatives locales qui ouvrent un chemin possible, réaliste, désirable.
- Je ne crois pas que les discours « collapsologiques » ou apocalyptiques soient d’une très grande utilité. Ils accusent, ils angoissent, ils tétanisent. Ils mettent en scène le pire, avec une forme de complaisance. Ces discours me semblent non seulement dangereux, mais stériles. Pire que tout, ils ferment le débat. Réfléchissons et agissons plutôt en écoutant ceux qui nous ouvrent la voie.
- Je sais combien les français peuvent changer, changer même leur mode de vie quand ils sont convaincus. J’en ai rencontré beaucoup qui veulent changer leur rapport à la consommation. Et qui traduisent leurs convictions par des actes très concrets : trier ; économiser l’énergie ; acheter équitable... Depuis quelques mois, ces concitoyens sont de plus en plus nombreux. (…) Eviter le plastique d’usage unique, et le suremballage. Donner, plutôt que jeter. Réparer, plutôt que gâcher. Faire du co-voiturage. Chacun peut essayer de changer son mode de vie avec détermination, bon sens, organisation. Et si j’ai parlé d’écologie souriante, c’est parce que les concitoyens que j’ai rencontrés étaient heureux, fiers, d’avoir adopté ce mode de vie. Ce choix de vie, c’est celui des agriculteurs qui engagent la conversion de leur exploitation vers la haute valeur environnementale, vers le bio. C’est le choix des entreprises, des chercheurs qui innovent, pour inventer les batteries de demain, pour découvrir des molécules qui dépolluent les sols, pour proposer des alternatives au plastique. C’est le choix du gouvernement de fermer les centrales à charbon. C’est le choix des maires engagés qui développent les transports en commun, qui inventent la ville et les villages post-carbone. Tous ont compris que la transformation de nos modes de vie ne doit pas être une contrainte, mais une chance. Ce sont eux les experts du quotidien.
- [Convention citoyenne pour le climat] Votre défi, aujourd’hui, c’est d’inventer une écologie française.
- Au-delà de ces outils nationaux, il nous faut construire une écologie enracinée dans nos territoires et dans nos terroirs. Une écologie qui s’appuie sur notre histoire et nos savoir-faire. (…) Les solutions, qui vont bouleverser les manières de se déplacer et de consommer, ne peuvent pas être plaquées uniformément sur tout le territoire.
- Cette convention citoyenne pour le climat a vocation à inventer une écologie populaire. Je suis convaincu que les solutions les plus ingénieuses, les plus raisonnables émanent de nos concitoyens, quand ils sont éclairés par la science, l’esprit de responsabilité et réunis en assemblées de bonne volonté. (…) C’est pourquoi, comme s’y est engagé le Président de la République, nous traduirons [vos] propositions en projets de loi, en mesures réglementaires, voire, pour les plus puissantes, nous les soumettrons à référendum. Rien n’est interdit. Il est toujours possible d’adapter notre droit et notre cadre institutionnel, même si certaines adaptations nécessitent plus de temps que d’autres, je pense à ce qui peut relever du cadre européen.
- Le niveau de vigilance de nos concitoyens est aujourd’hui proportionnel à leur inquiétude. Ce ne sont pas seulement nos concitoyens qui s’inquiètent ou espèrent pour leurs enfants, ce sont les enfants eux-mêmes qui nous interpellent sur leur avenir et veulent s’engager. Notre défi collectif, c’est de ne pas tomber dans la déprime ou la défiance, mais de faire de cette vigilance et de cette exigence environnementale un moteur d’action concrète dans la société.

Elisabeth Borne (Ministre de la Transition écologique et solidaire)
[Incendie Lubrizol Rouen] Je me suis entretenue avec le PDG deLubrizol: nous attendons de l’entreprise qu’elle assume pleinement toutes ses obligations, et qu’elle se montre à la hauteur de la situation par un accompagnement exemplaire, notamment financier.

Jean-Michel Blanquer (ministre de l’Education)
Vive l’école primaire rurale! Elle fait réussir les enfants et elle peut devenir un facteur d’attractivité pour les familles dans nos villages.

Agnès Buzyn (ministre de la Solidarité et de la Santé)
Il n'y a pas de trafic d'organes en France. Le nombre de personnes résidant en France et greffées à l'étranger est très faible et il s'agit d'une greffe le plus souvent réalisée à partir d'une personne apparentée au receveur.

● LaREM
[Nota: dans ce parti, les propos de ses membres qui ne sont pas centristes et se considèrent de droite ou de gauche ne sont pas retranscrits]

[Immigration: tout repenser! Tribune de Stanislas Guerini (délégué général), Gilles Le Gendre (président du groupe à l’Assemblée nationale), François Patriat (sénateur) et Stéphane Séjourné (député européen)]
Parler d’immigration, c’est notre devoir. Le 7 octobre à l’Assemblée nationale et le 9 octobre au Sénat, nous allons tenir la promesse faite par le président de la République aux Français, à l’issue du grand débat : organiser chaque année un débat parlementaire sur la politique migratoire en France et en Europe.
Nous allons parler d’immigration et d’intégration, parce que c’est le moment pour le faire. Nos concitoyens nous l’ont dit : ils attendent de notre majorité qu’elle s’empare des grands sujets, même les plus complexes. Alors que la nouvelle Commission européenne se met au travail, nous devons porter des positions claires en Europe, c’est à cette échelle que se situent les bonnes réponses. Et au moment où nous nous apprêtons à confier la gestion de nos villes à de nouveaux exécutifs, nous voulons soutenir nos élus locaux dans le déploiement des politiques d’intégration sur les territoires. Là où se construit la cohésion nationale.
Ce débat est inédit. Et ses objectifs le sont tout autant. Dans l’immédiat, il n’a pas vocation à statuer sur telle ou telle mesure. Celles-ci viendront en leur temps, construites par la majorité et les parlementaires. Il a une visée stratégique : repenser notre politique migratoire et d’intégration. Relever ce défi ne concerne pas seulement l’année 2020 ou la fin du quinquennat, mais bien notre avenir collectif. Depuis vingt ans, trop de politiques ont été mises en échec. La loi que nous avons nous-mêmes adoptée en 2018 commence à produire des effets, mais chacun sent bien que les progrès sont trop lents, les obstacles trop nombreux.
Nous allons parler d’immigration avec une exigence de vérité. Nos concitoyens n’en peuvent plus des postures caricaturales, des manœuvres d’évitement ou de l’instrumentalisation par les démagogues. Notre pays s’abîme, déchiré entre un camp qui reproche à la France d’avoir tourné le dos à ses valeurs humanistes et un autre qui ne voit dans les réfugiés et les migrants que des menaces. A cette opposition de postures, tout le monde est perdant : nos principes sont mis à mal, l’efficacité de notre action mise en accusation.
Dire la vérité, c’est poser un diagnostic partagé. La France vit une situation particulière : alors que deux fois moins de personnes entrent en Europe qu’en 2015, le nombre de demandes d’asile a augmenté de près d’un quart dans notre pays. Le système européen est à bout de souffle. Les conditions d’accueil dans les Etats membres sont disparates, la coopération insuffisante et les accords de Dublin conduisent à des situations inextricables. Nous refusons les raisonnements simplistes qui voudraient que des conditions d’accueil dégradées soient dissuasives. Mais l’efficacité de tous nos dispositifs doit être évaluée, en les comparant à ceux de nos voisins. Abus et détournements seront corrigés.
Dire la vérité, c’est aborder la politique migratoire dans toutes ses composantes : les politiques de régulation et les relations avec les pays de départ, bien sûr, mais aussi l’économie, la santé, le travail, le logement, l’éducation, etc. Témoignant de cette nécessité, la discussion au Parlement mobilisera de nombreux ministres. Nous souhaitons qu’au lendemain de ce débat l’organisation administrative évolue pour pérenniser cette approche globale et incarner de manière visible la cohérence de nos politiques. Dans le respect de la dignité des personnes, de nos obligations constitutionnelles et internationales et avec la prise en compte de nos besoins économiques.
Ce débat doit nous permettre de réinventer la politique migratoire de demain. En agissant sur tous les fronts.
L’asile est un droit, non une faveur. Notre humanité est chaque jour questionnée par les conditions d’accueil des femmes et des hommes qui entrent sur notre territoire. Elles doivent être dignes et bénéficier aux personnes qui sont légitimes à y prétendre, et à elles seules. La réussite de nos politiques d’intégration suppose de rétablir la confiance, aujourd’hui entamée, entre les associations, les initiatives citoyennes et les pouvoirs publics. Ne jamais tourner le dos aux bonnes volontés, elles sont trop précieuses !
A côté du droit d’asile, nous devons oser parler de l’immigration économique. Opposer les chômeurs français aux migrants, c’est omettre qu’existent en France des secteurs aux besoins de main-d’œuvre non satisfaits. Traiter ce sujet ne signifie pas être les naïfs de la mondialisation ou ouvrir grand nos frontières, mais imaginer une stratégie, fondée sur des besoins identifiés et des objectifs chiffrés, en associant tous les acteurs concernés, partenaires sociaux et acteurs locaux. Nous devons enfin poursuivre notre action d’accompagnement des pays de départ. Il faut que notre action diplomatique et l’aide publique au développement incitent les populations de ces pays à se construire un avenir chez elles.
La semaine prochaine, nous parlerons d’immigration. Avec sérénité et lucidité. L’action suivra, efficace et dans le respect de nos valeurs. Se joue rien de moins que l’idée que nous nous faisons de nous, de notre pays et de l’avenir de notre continent.


Stanislas Guerini (délégué général)
Avec cette Convention citoyenne pour le climat, nous ouvrons la voie à une politique écologique à hauteur d'homme, où chaque citoyen est acteur du changement. Parce que l'écologie n'est pas et ne sera jamais l'affaire d'une seule personne.
Lundi, à l’Assemblée nationale, nous débattrons de notre politique migratoire. Ce débat doit nous permettre de poser un regard lucide sur la situation de notre pays avec une exigence de vérité, d’humanité et d’efficacité.

Gilles Le Gendre (président du groupe à l’Assemblée nationale)
Lundi à l'Assemblée Nationale, nous allons parler d’immigration et d’intégration avec une exigence de vérité. L’action suivra, efficace et dans le respect de nos valeurs.

Aurore Bergé (porte-parole)
- Nous devons sécuriser la situation des enfants nés de GPA à l'étranger et tenir sur nos principes éthiques. La Cour de Cassation le rappelle : l'appréciation au cas par cas doit prévaloir.
- [Loi Bioéthique] On ne peut pas accepter d’entendre pendant des heures par certains parlementaires que nous allons détruire les familles hétérosexuelles. On ne détruit rien [...] on ajoute des droits nouveaux.
Le bien-être animal, c'est une urgence. Animaux domestiques , sauvages ou d'élevage , il est temps d'aller plus loin et d'aller vite. Les députés LaREM prendront leurs responsabilités.
- [Incendie Lubrizol Rouen] J'étais à l'Assemblée quand François Ruffin a posé une question qui était clairement complotiste, accusant le gouvernement d'avoir des résultats qu'il refusait de donner.
- [Retraites] L'âge légal c'est 62 ans. Et on le maintiendra à 62 ans.
- [Retraites] On a 42 régimes différents. Il faut qu'on arrive à unifier tous ces régimes, sans provoquer de risques de 'perdants' dans la réforme.
- Le projet de loi audiovisuel sera transmis aujourd'hui au CSA. C'est un texte essentiel pour l'avenir de la création et de la diversité culturelle.
- Adoption de l'article 14 du projet de loi Bioéthique : faciliter la recherche sur les cellules souches embryonnaires ; mieux encadrer la recherche sur les cellules souches : elle sera limitée à 14 jours et leur conservation limitée à 5 ans.

Loïc Dombreval (député)
- [Journée mondiale des animaux] Les animaux nous tiennent compagnie, nous nourrissent, nous soignent, nous font rire et rêver. Nous leur devons tant : ils se comportent avec nous comme des amis. Nous n’avons pas le droit de les faire souffrir. Respectons-les autant qu’ils nous aiment.
- Il faut considérer l’animal mieux qu’on ne le considère aujourd’hui.
- Un animal, ça ne se jette pas !

Yaël Braun-Pivet (députée)
Top départ de la Convention citoyenne pour le climtat! Une expérience de démocratie participative inédite ! Fait rare dans le temps long de nos institutions : nous sommes en train, collectivement, d’inventer quelque chose de nouveau. Bon travail aux 150 citoyens tirés au sort !

●MoDem
Jean-Noël Barrot (député)
Après avoir favorisé la croissance et la transformation des entreprises avec Pacte, je pense que nous devrions continuer de nous attaquer aux angles morts du pouvoir d’achat et à la protection des consommateurs. Ces mesures qui touchent les citoyens au plus près de leur vie sont très attendues. Ce sont aussi les seules qui restent dans le temps. Beaucoup a déjà été fait depuis deux ans dans différents textes législatifs. Nous nous sommes attaqués au plafonnement des frais bancaires, à la libéralisation des pièces détachées automobiles et du permis de conduire, à la simplification du droit des copropriétés et des syndics, à l’épargne retraite… Le sujet très sensible pour les personnes âgées du démarchage téléphonique a également été ouvert. J’identifie cependant encore quatre gros chantiers qui pourraient nous occuper d’ici la fin du quinquennat: l’inclusion bancaire, la redéfinition du taux d’usure qui exclut aujourd’hui certains de l’accès à la propriété, le droit à l’oubli pour les anciens malades et enfin, sur un autre registre, la traçabilité alimentaire. Toutes ces mesures pourraient être portées dans une grande loi consommation.

Nicolas Turquois (député)
[Arrêté anti-pesticides] Décider d'une zone de non-traitement de 150 m consiste à organiser purement et simplement la disparition de l'agriculture de nos territoires.

●UDI
[Nota: dans ce parti, les propos de ses membres qui ne sont pas centristes et se considèrent de droite ne sont pas retranscrits]

Jean-Christophe Lagarde (président)
Comment peut-on laisser les données génétiques de centaines de milliers de Français aux mains d’entreprises américaines ? Ces données sont le pétrole du siècle à venir : il était temps de dire stop à la naïveté !


Actualités du Centre. Pour Emmanuel Macron, l’Europe droit construire une «troisième voie», celle «des droits et des libertés»

Emmanuel Macron au Conseil de l'Europe
Le 1er octobre, Emmanuel Macron s’est rendu à Strasbourg pour prononcer un discours dans l’hémicycle du Conseil de l’Europe afin de fêter le soixante-dixième anniversaire de sa création.
Fondé en 1949 par le traité de Londres sous l’impulsion du discours de Winston Churchill de 1946 sur la nécessité d’une union de l’Europe et comprenant actuellement 47 Etats membres, l’institution est essentiellement un lieu de discussion et de réflexion qui intervient dans les domaines de la protection des droits de l'homme, du renforcement de la démocratie et de la prééminence du droit.

Il est également chargé de favoriser la prise de conscience et la mise en valeur de l’identité culturelle de l’Europe et de sa diversité.

Lors de son intervention, Emmanuel Macron a rappelé l’importance d’une bonne entente entre les Européens (responsables, faut-il le rappeler, de la survenance de deux guerres mondiales, entre autres…) ainsi que de continuer inlassablement à construire mais aussi à protéger la démocrate, un bien qui devrait être commun sans discussion possible sur tout le Vieux continent.

Le président de la république française a plaidé pour que l’Europe choisisse une troisième voie entre l’autoritarisme «illibéral» populiste et la défiance actuelle de certains démocrates vis-à-vis du comportement des peuples, une voie qui serait celle «des droits et des libertés» en faisant confiance à la démocratie.

Un discours qui a fait la part belle aux valeurs humanistes défendues par le Centrisme et les centristes.



► Discours d’Emmanuel Macron au Conseil de l’Europe



Je souhaite ici avant toute chose vous redire l'indéfectible attachement que la France porte à notre organisation [Conseil de l’Europe] depuis l'origine. Charles PÉGUY disait que la liberté est un système de courage. Et cette persévérance de la liberté et de la dignité face à toutes les adversités est au cœur de cette organisation. Née dans cette ville trois fois déchirées par les guerres fratricides, je ne crois pas au hasard comme si au fond l'unité ne pouvait être pensée que là où les brûlures avaient été les plus vives, cette organisation est le produit de l'humanisme européen, d'un acte de foi en la possibilité d'une réconciliation de notre continent autour du respect de la personne humaine et du caractère sacré de sa dignité, au moment même où rien ne portait à y croire.

Cet acte de foi fut le nôtre, et est encore le nôtre. Le Conseil de l'Europe a effectivement fait progresser le respect des droits fondamentaux, la démocratie et l'État de droit en Europe. Il a permis l'éradication presque totale de la peine de mort sur le continent européen, en faisant de son abolition un préalable à l'adhésion. Il a fait reculer la torture par la prévention qu'il exerce sur les lieux de privation des libertés. Il a permis l'adoption de textes sur la protection des enfants contre leur exploitation, sur la prévention des violences faites aux femmes. Il a donné naissance à la Convention européenne des Droits de l'Homme imposant sous l'impulsion de René Cassin qu'une juridiction soit chargée d'en assurer le respect par les États avec force obligatoire de ses arrêts. Il a fait progresser les droits sociaux au logement, à la santé, à l'éducation, à l'emploi, à la libre circulation garantie par la Charte sociale européenne. Il a accompagné la construction de l'État de droit comme il le fait aujourd'hui en Moldavie au travers de la Commission de Venise. Il a su jouer un rôle visionnaire et précurseur sur la biodiversité comme sur la protection des données personnelles. Il a rendu notre continent plus démocratique par l'observation des élections, la lutte contre la corruption, la défense de la liberté d'expression. Il l'a rendu plus sûr en définissant des règles communes pour lutter contre le terrorisme ou la cybercriminalité.

Je serais forcément incomplet à vouloir ainsi égrener 70 ans de lutte, 70 ans de conquêtes qui sont le trésor de notre organisation. Nous avons forgé ici à l'échelle d'un continent et malgré tous les vents contraires une architecture commune au nom de la grande fraternité européenne dont Victor Hugo rêvait, avec la volonté de bâtir la maison commune européenne, évoquée par Mikhaïl Gorbatchev devant cette assemblée en 1989.

Trente ans après la chute du Mur de Berlin, les murs de cette maison commune sont toutefois fissurés. Ils le sont par la remise en cause des droits fondamentaux sur notre continent que nous devons regarder en face, en en débattant dans cette enceinte.

En Turquie, où l'État de droit recule, où les procédures judiciaires ouvertes contre les défenseurs des droits de l'Homme, des journalistes, des universitaires, doivent faire l'objet de toute notre vigilance.

En Russie où la répression des manifestations de cet été suscite de nombreuses et légitimes préoccupations que la France partage et sur lesquelles elle s'est clairement exprimée.

Ils le sont aussi par la fascination qu'exerce jusqu'au sein de l'Union européenne les régimes autoritaires. Parce que nos démocraties en crise n'ont pas su apporter à nos concitoyens les protections auxquelles ils aspirent. Ils se sont fracturés enfin sous le coup de l'illusion que la liberté s'imposerait mécaniquement partout, que les peuples d'Europe finiraient par s'unir dans un ensemble de règles et de normes, dans lequel le poids de leur passé et de leur culture profonde finirait par se diluer.

Le retour de l'Histoire a mis un terme à cette croyance peut-être, dirai-je, cette espérance. C'est pourquoi les temps que nous vivons, ces temps de fissures que je viens d'évoquer, appellent une certaine force d'âme, celle de la lucidité, je le crois profondément, et du courage. Je crois que pour l'avenir nous devons veiller à nous donner au moins deux exigences sur lesquelles je veux ici revenir.

La première est de veiller, voire reconstruire ici, l'unité de notre continent sur le socle de nos valeurs communes. C'est ce que la France porte au sein de l'Union européenne pour construire avec ses partenaires une souveraineté économique, numérique, écologique, stratégique. Elle passe par la solidarité première, pleine et entière entre ses membres. Elle passe par le renforcement de l'État de droit au sein de l'Union européenne, et donc par la prise en compte du travail réalisé par le Conseil de l'Europe, et par l'adhésion de l'Union européenne à la CEDH.

Nulle incompatibilité, nulle concurrence entre les projets et les organisations, au contraire. Je suis profondément convaincu que cette souveraineté européenne sera d'autant mieux portée que nous saurons poser les bases à l'échelle continentale d'une confiance fondée sur les valeurs qui nous réunissent au sein du Conseil de l'Europe.

Faire l'Europe n'est jamais naturel. Il n'est pas une donnée. C'est la conquête des sept dernières décennies, sur le lit de millénaires de conflits, de guerres civiles européennes comme de conquête venant de l'extérieur. Je crois très profondément que c'est au Conseil de l'Europe que les fractures de notre continent peuvent être réparées parce que nous avons su ici précisément dépasser les déchirures de la guerre, les divisions de la guerre froide, parce que c'est le lieu où la conscience européenne se construit et se débat.

Cela n'ira pas aujourd'hui comme hier sans tensions, et je sais les débats profonds qui ont eu lieu cette année dans cette assemblée, sur la place de la Russie au Conseil de l'Europe. Votre Assemblée et le Comité des ministres ont fait le choix du maintien de la Russie au sein du Conseil de l'Europe. Sans le travail conjoint que nous avons conduits avec la présidence finlandaise, sans l'engagement de nos pays et de cette assemblée pour avancer ensemble vers un retour à la normale du fonctionnement du Conseil de l'Europe, la crise n'aurait pu être surmontée et s'en serait suivi, je le crois très profondément, des conséquences néfastes à nos peuples et la protection de leurs droits.

Je soutiens pleinement le choix qui a été fait de maintenir la Russie dans le Conseil de l'Europe, parce que je crois que le peuple russe se reconnaît fondamentalement dans l'humanisme européen, parce qu'il a participé à sa construction, parce que la géographie, l'histoire et la culture de la Russie sont fondamentalement européennes, et parce que quand l'un de nos membres s'éloigne du socle de nos valeurs communes, la division, l'exclusion serait un échec de plus qui au fond nous condamnerait à l'impuissance, qui ne serait que la victoire de ceux qui ne croient pas dans ce socle et nos valeurs.

Les doutes et les critiques sont audibles, légitimes. Mais que se serait-il passé si nous n'avions rien fait ? N'oublions jamais tout ce que l'entrée de la Russie dans notre organisation a pu apporter de manière tangible, concrète, à tous les citoyens russes. Le moratoire sur la peine de mort, le recours individuel, et la juridiction obligatoire, la possibilité pour les citoyens russes de défendre leurs droits devant la Cour européenne contre leur gouvernement.

Votre assemblée a fait le choix souverain de ré-accueillir la délégation russe sans quoi le risque était bien, tôt ou tard, de voir la Russie tout simplement quitter le Conseil de l'Europe. Alors les citoyens russes auraient été privés du droit de recours, de la possibilité même de faire respecter leurs droits. Cette décision vous l'avez prise, et je la soutiens sans naïveté, aucune. Conscient que le rôle du Comité des ministres et de cette assemblée n'est pas de se substituer aux gouvernements qui sont eux-mêmes responsables de faire aboutir les accords de Minsk, la procédure de Normandie ou d'importer d'autres débats légitimes, mais déjà de préserver les droits de tous les citoyens.

Cette décision, je le crois très profondément, n'affaiblit en rien notre détermination commune, et ne signifie en rien l'existence de plusieurs standards au sein du Conseil de l'Europe. Cette décision n’affaiblit en rien, tout au contraire, notre détermination à en finir avec les conflits gelés qui sont les cicatrices encore si douloureuses des divisions de notre continent, en Ukraine, en Géorgie, dans le Caucase en Transnistrie.

Ce n'est pas un geste de complaisance. C'est une décision d'exigence. Exigence à l'égard de la Russie pour qu'elle respecte pleinement ses obligations et s'acquitte de ses devoirs à l'égard du Conseil de l'Europe, exigence à l'égard de notre organisation pour que nous soyons collectivement plus forts et plus efficaces face à ce type de situation, avec plus de prévisibilité, de réactivité et de crédibilité. C'est l'objet de la nouvelle procédure conjointe que votre assemblée et le Comité des ministres ont décidé d'initier. Je souhaite qu'elle soit opérationnelle en janvier prochain. Nous devons avoir les outils crédibles et renforcés pour faire appliquer les décisions du Conseil de l'Europe, et nous assurer que chacun des Etats membres respecte pleinement les engagements et les devoirs qui sont les siens.

Avant de vous rejoindre ici même, j'étais avec Oleg Sentsov. Il est là aujourd'hui à Strasbourg, libre. C'est le résultat de l'avancée que fut l'échange de prisonniers intervenus il y a quelques semaines entre la Russie et l'Ukraine, et qui a également permis la libération des 24 marins ukrainiens. D'autres attendent encore. Nous leur devons la force de notre engagement pour le dialogue et pour la réconciliation sur notre continent. Oleg Sentsov est de ceux qui pensent comme jadis Bernanos que la liberté des autres nous est aussi essentielle que la nôtre, de ceux qui pensent qu'il ne sert à rien d'avoir des idéaux si l'on n'est pas capable de se battre pour eux, envers et contre tout, dans l'épaisseur de l'histoire et dans le cours de nos vies. Cela fait de lui un grand Européen.

Parce qu'être Européen, fondamentalement, c'est ne jamais se résigner dans le combat pour la liberté et pour la dignité. Et c'est œuvrer comme nous venons de le faire et comme nous continuerons de le faire pour l'unité de tout notre continent autour de ces valeurs et pour leur donner leur pleine effectivité comme le disait la philosophe Simone Veil.

La deuxième exigence que nous devons nous donner est de construire ici la pensée des droits de l'Homme, de la liberté et de la démocratie face aux grands défis contemporains. Je ne serai pas là non plus exhaustif mais je voulais ici en tant que chef d'Etat partager quelques réflexions inachevées. Et je l'assume pleinement avec vous sur la situation collective que nous vivons aujourd'hui et qui je crois profondément inédite.

Là est sans doute l'enjeu principal de l'humanisme européen au XXIe siècle car les principes et les valeurs qui nous réunissent au sein du Conseil de l'Europe ne sont pas seulement menacés par nos divisions. Ils sont mis au défi par les grandes transformations que nous vivons. Contestés de l'extérieur par un ensauvagement du monde, le retour à une ère d'exercice brutal de la puissance dans laquelle les violations des droits fondamentaux, du droit humanitaire le plus élémentaire ne sont plus ni punis ni sanctionnés et font même de moins en moins l'objet d'une réprobation assumée. laquelle

L'ère que nous vivons – David Miliband l'a qualifiée il y a quelques semaines d'un nouvel âge de l'impunité – c'est un recul historique du respect des droits humains, des droits humanitaires sur les principaux théâtres de guerre et dans nombre de nos sociétés. Là où nous pensions jusqu'à il y a encore une dizaine d'années que ce mouvement était inarrêtable. Que son sens était toujours vers l'extension des droits, le parachèvement de la démocratie, la conquête des droits de l'Homme, la victoire de nouveaux centimètres de démocratie et d'État de droit.

Ça n'est plus le cas. Cela s'explique par un affaiblissement sans précédent du système multilatéral et constitue une source profonde d'insécurité pour tous et remettrait profondément en cause l'existence même de notre organisation comme de l'Europe, la construction de la paix fondée sur la coopération entre les nations et le respect des droits de chacun.

Contestés nos principes et nos valeurs le sont aussi à l'intérieur. Dans la grande accélération de l'histoire que nous traversons. Ils sont percutés par la menace terroriste, les transformations numériques, climatiques, démographiques, la crise du capitalisme mondialisé qui n'a pas su prendre en charge la question des inégalités. Tous ces phénomènes ont des logiques, des dynamiques parfois profondément différentes mais ils adviennent là ensemble dans nos sociétés et marquent le retour des grandes peurs que nous voyons partout remonter. Et avec elles, de l’irrationalisme. Peur du déclassement, perte de repères, peur du monde ; perte de confiance en ce que nous sommes, en notre rapport au monde dans la vérité même des faits, parfois dans l'État de droit.

Face à cela deux voies radicalement opposées s'affirment aujourd'hui.

La première est celle que je qualifierais du délitement. C'est celle de ceux qui prétendent que la protection face aux bouleversements du monde passe par le rétrécissement de l'espace de nos droits et de nos libertés, le repli sur soi, le refus de l'autre. Ceux qui acceptent des élections mais refusent le pluralisme et se méfient des contre-pouvoirs qui limitent l'exercice de leur autorité. Ceux qui utilisent l'argument de la lutte contre le terrorisme pour réduire au silence leurs opposants politiques. Ceux qui pensent, au fond, que la réponse aux défis contemporains et la construction d'un état fort passe par la déconstruction de ce que nous avons bâti. Cette voie existe. Elle a triomphé dans certains pays d'Europe. Et elle est de plus en plus fortement représentée dans nos pays. Ce serait profondément oublier qui nous sommes, nous Européens. Et comme vous, je vois malheureusement les sondages qui montrent la fascination croissante de notre population, de nos peuples, pour des régimes autoritaires et qui sont prêts parfois à toutes les concessions en disant peut-être que l'autorité est plus efficace pour répondre à ces peurs et à ces menaces. Je pense que ce serait là une erreur historique. Ce serait nous perdre et prendre le risque de disparaître.

La seconde voie, parfois portée par certains de leurs opposants, est celle que je qualifierais de l'illusion. Elle se nourrit d'une forme de sécheresse de la raison qui prétend ou qui prétendrait effacer la morsure de l'histoire. Elle est empruntée par ceux qui, le plus souvent épris sincèrement de liberté et de droits, voudraient que le monde ne soit pas tel qu'il est et que les peuples ne soient pas tels qu'ils sont. Qui voudrait dire: «le peuple a tort, ses peurs sont illégitimes» et n’y répondre que par un discours de raison, parfois d'exclusion ou de sermon, ne saurait oublier que l'État de droit est une construction fragile qui doit faire l'objet chaque jour de soin, d'intelligence, de persévérance, qui s'éprouve dans les contradictions. Ce serait condamner la pensée des droits fondamentaux à une forme de pensée magique, incapable de s'incarner dans l'histoire. Au service des femmes et des hommes de notre temps. Ce serait oublier que les droits de l'Homme au fond sont un combat toujours inachevé mais qu'avec modestie nous ne pouvons en être que, comme le disait René Cassin qui ici nous devons tant, nous ne pouvons en être que le fantassin et non pas seulement le sourcilleux gardien. Le fantassin, oui. Parce que c'est une bataille qui se mène au corps à corps en comprenant ses peurs et les situations limites qu'elles peuvent produire.

Je crois que notre tâche collective ici au Conseil de l'Europe est, tous ensemble, de ne céder à aucune de ces deux voies mais d'essayer d'en construire une autre. Et tout au contraire, de penser pour le réaliser. L'espace des libertés et des droits dans notre monde tel qu'il est avec des questions qui paraissent simples mais qui sont précisément les questions qui nous sont posées. Comment protéger nos concitoyens du terrorisme en préservant leurs droits et leurs libertés individuelles? Comment défendre la liberté d'expression face à la prolifération des discours de haine? Comment répondre à la violence qui s'exprime de plus en plus dans nos sociétés en rendant nos démocraties plus fortes? Comment protéger le droit d'asile en répondant à l'exigence légitime de maîtrise des flux migratoires. Quel droit nouveau devons-nous bâtir à l'ère du numérique, de l'intelligence artificielle dans un monde où la vie humaine est de plus en plus dématérialisée? Voilà quelques-unes des questions avec d'autres que nous devons ici affronter et sans facilités aucune.

L'enjeu est bien à mes yeux de donner un ancrage, une réalité factuelle, historique à la construction des droits et des libertés, à opposer concrètement à tous ceux qui n'y croient plus et ne voient dans l'édifice que nous avons bâti ici que le passé d'une illusion. L'enjeu c'est de rendre nos démocraties plus solides en retrouvant le sens même de ce qui fait de nous des Européens. La conviction et par-dessus toute la démonstration dans les faits que notre force face aux transformations du monde réside non pas dans l'affaiblissement mais dans la défense de nos droits et libertés.

Cela exige d'abord de la clarté d'esprit. Il est toujours plus aisé de critiquer les démocraties libérales que les régimes autoritaires. Toujours plus aisé. On peut faire des recours contre les démocraties libérales. Et on peut faire d'ailleurs encore plus de recours contre les démocraties libérales qui ratifient le plus de traités qui permettent de faire ces recours. On peut faire le plus de critiques possibles dans les démocraties libérales qui les autorisent. Mais gardons-nous par là même de faire le jeu des régimes autoritaires et des illibéraux. possibles.

Non, ce n'est pas la même chose de maintenir l'ordre public et de réprimer une manifestation. Ce n'est pas la même chose de protéger ses frontières et de porter atteinte au droit d'asile. Ce n'est pas la même chose de lutter contre les discours de haine et la désinformation et de restreindre la liberté d'expression et d'opinion. Prenons garde à l'exactitude du langage, à la précision dans l'analyse des faits. Je le dis pour nous tous. Les démocraties peuvent s'épuiser dans la confusion des esprits. Et il faut donc que chacun fasse preuve d'une grande responsabilité en évitant toutes les facilités.

Cela exige aussi le courage d'affronter en face les grands défis chacun dans nos pays en acceptant le débat ici au Conseil de l'Europe. Je veux donc évoquer devant vous quelques exemples qui ont pu faire l'objet de discussions, voire de critiques dans cette assemblée. Et ces critiques nous nourrissent parce qu'elles sont la sève de ce dialogue démocratique, de la construction même de notre droit. Et d'ailleurs, la réponse n'existe ni totalement ici ni totalement dans les pays qui sont discutés, critiqués ou jugés mais dans ce dialogue, dans l'existence de ce dialogue et dans la dialectique qu'il produit.

La première question, je l'évoquais rapidement, est celle de la lutte contre le terrorisme en démocratie. Je l'avais évoqué il y a deux ans devant la Cour européenne des droits de l'Homme. Il n'y a aucune distinction à faire entre la protection de nos sociétés contre le terrorisme et la défense des droits et des libertés. C'est un seul et même combat puisque précisément les terroristes veulent détruire dans nos sociétés les droits, la liberté. Cette façon de vivre libre. L'objectif est donc de rendre nos démocraties plus fortes face au terrorisme tout en renforçant la garantie des droits de nos concitoyens. C'est la notion même de sûreté qui ne doit jamais être confondue avec l'obsession sécuritaire. C'est dans cet esprit que la loi renforçant la sécurité intérieure et la lutte contre le terrorisme du 1er novembre 2017 a été préparée, débattue et adoptée en France. Elle a permis à la France d'abord de sortir de l'état d'urgence et de revenir ainsi dans le droit commun de la Convention européenne des droits de l'Homme en sortant du dispositif prévu par son article 15. Je pourrais répondre à toutes les questions qui se posent sur ce sujet mais je crois que cette loi a permis de revenir au droit commun et de répondre aux défis que pose le fait et le seul fait de terrorisme dans nos sociétés et de préserver la sûreté de chacun.

Le second exemple que je voulais évoquer devant vous est la question du maintien de l'ordre dans nos démocraties. Comme d'autres pays, la France est confrontée à une mutation profonde du déroulement des manifestations sur la voie publique. Là aussi, ce phénomène ne souffre aucun raccourci, aucune confusion. Et je veux ici le dire. Nous avons examiné très sérieusement et attentivement le travail du Conseil de l'Europe sur l'usage de certaines armes dites intermédiaires. Le gouvernement a répondu de manière détaillée et publique aux observations de madame la commissaire aux droits de l'Homme. Mais il est vrai aussi que cette situation nouvelle que nous connaissons, que ces violences inédites auxquelles nous avons été confrontés, qui ne datent pas d'hier mais qui se sont accrues, elles-mêmes organisées durant ces dernières années en France comme dans d'autres pays, doivent nous conduire à repenser notre propre organisation avec beaucoup d'humilité, de pragmatisme et d'attachement à tous nos principes. Cette situation implique donc une réflexion profonde sur les moyens de répondre à ces nouvelles formes de violence. Là aussi, sans raccourcis ou attaques trop faciles contre les uns et les autres et à commencer par les forces de l'ordre dont la raison même est de préserver l'ordre public sans lequel il n'y a pas de liberté qui puisse s'exercer. Si nous ne le faisons pas, c'est la liberté de manifestation elle-même qui finirait par être remise en cause.

C'est pourquoi j'ai demandé au gouvernement de prendre en compte toutes les observations faites par la commissaire aux droits de l'Homme mais aussi toutes les discussions produites ici même par les défenseurs des droits pour repenser et proposer une nouvelle doctrine qui est en train d'être élaborée. Nouvelle doctrine de sécurité intérieure et de maintien de l'ordre public qui sera débattue et rendue elle-même publique et transparente.

Troisième exemple. Les élections européennes ont démontré l'existence des campagnes massives de diffusion de fausses informations destinées à modifier le cours normal du processus électoral. Si les responsabilités civiles et pénales des auteurs de fausses informations pouvaient être recherchées sur le fondement de lois préexistantes. Elles étaient, toutefois, profondément insuffisantes. En France, comme elles le sont dans beaucoup d'autres États, pour permettre le retrait rapide des contenus en ligne, et éviter leur propagation. La loi du 22 décembre 2018 a, ainsi, imposé une obligation de transparence aux plateformes Internet pour faciliter le travail de détection des autorités policières, et, pour mieux informer les utilisateurs sur l'identité des diffuseurs de contenu publicitaires. Ce n'est là qu'un exemple, et ce travail doit se poursuivre. Mais il montre combien il nous faut penser, là aussi, une forme d'ordre public démocratique dans l'Internet en préservant, évidemment, la liberté d'expression, la liberté d'information mais tout dans ce nouvel espace, celui de l'Internet comme des réseaux sociaux, a été conçu, pensé comme un espace nouveau où nos valeurs premières n'ont pas à être respectées. Imaginez, il a fallu obtenir de haute lutte, ces derniers mois, après ce qui s'est passé en Nouvelle-Zélande, une réponse à la lutte contre le terrorisme, sur Internet, par l'appel de Christ Church qui s'est tenu à Paris, au mois de mai, et a été confortée il y a quelques jours à New York. Il n'y a pas, aujourd'hui, un ordre public qui existe dans les réseaux sociaux et internet. Et je le dis à ceux qui défendent légitimement la liberté, il n'y a pas de liberté sans ordre public. La liberté, comme le disait Montaigne, c'est la liberté qui s'exprime dans les lois dont un peuple souverain s'est doté. Il n'y a pas une liberté absolue, qui s'exprimerait dans le déni de la liberté de tous les autres. Ça n'existe pas. Et c'est pourtant ce que nous avons, aujourd'hui, à vivre. La liberté n'est pas la liberté de l'anonyme masquée qui proférait les pires discours de haine la pire des informations voire pire. Cette liberté n'en est pas une. C'est l'apparence d'une liberté, et c'est même tout l'inverse. Et donc nous avons, sur ce plan aussi, à réconcilier des contraires.

Quatrième exemple, je m'arrêterai là, est celui de la maîtrise des flux migratoires et de la protection du droit d'asile. Le droit d'asile est, aujourd'hui, menacé en Europe, par les discours de ceux qui veulent tout confondre, qui estiment que l'Europe doit se barricader derrière des murs, ne plus accueillir ceux qui fuient la guerre et les persécutions, et qui ont besoin de sa protection. La Constitution française, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale comme notre texte constitutionnel, ici même, au Conseil de l'Europe, porte le droit d'asile, c'est-à-dire la protection des combattants de la liberté. C'est un de nos acquis, les plus fondamentaux. Ça fait partie de ce que nous sommes. Ce fut inventé ici sur ce continent.

Mais si nous ne sommes pas capables de répondre efficacement au défi migratoire, si nous n'avons pas le courage de regarder en face la demande de maîtrise exprimée par tous nos concitoyens, si nous n'avons pas la lucidité de voir que, dans de nombreux cas la demande d'asile vient de pays profondément sûrs, qui sont, pour certains en train de vouloir ouvrir des négociations avec l'Union européenne, ou avec lesquels, nous avons la liberté de circulation complète. Et que, aujourd’hui, la demande d'asile est l'objet, de manière évidente, d'un contournement, si ce n'était un détournement. Nous ne serions pas lucides avec nous-mêmes. Avec notre droit avec les principes de ce droit, et avec ce que notre peuple nous dit, si nous laissons le droit d'asile devenir objet de détournement de trafic il disparaîtra. Ce ne seront pas les démocrates qui le feront disparaître. Ce seront les autoritaires, élus par des peuples qui auront peur, et qui diront, ces gens-là ne sont pas sérieux qui confondent tout, et ne nous protègent plus de rien.

Nos peuples, en choisissant de protéger les combattants de la liberté du monde entier, n'ont pas décidé d'abolir toute frontière. Légitimement, ils ont décidé souverainement des choses. Ils veulent continuer souverainement de décider. La souveraineté impose des frontières et le respect d'un droit. C'est la raison pour laquelle la France porte, au plan intérieur comme au plan européen et international, un agenda complet, relatif aux grandes migrations. Les grandes migrations ne touchent pas d'abord l'Europe. Elles sont bien plus en Afrique, et au sein de l'Afrique elle-même. Mais nous devons avoir une politique de développement responsable, une politique de lutte contre tous les trafics, mais aussi, une protection du respect de nos frontières européennes, d'un ordre public européen, une harmonisation de nos règles. Et nous devons, là aussi, améliorer notre propre organisation.

Sur chacun de ces sujets, je veux, ici, vous faire toucher du doigt, au fond, ce que j'appellerais profondément la tension éthique qui vient de traverser nos démocraties et qui rend votre travail, notre travail, sans doute profondément inédit. Et historique, je crois que notre génération n'a plus à construire uniquement l'avancée des droits partout en Europe, l'avancée d'un socle de droits que nous aurions construit dans des pays qui n'y avaient pas accès jusqu'alors. Et donc une extension géographique ou simplement l'invention de nouveaux droits. Non. Nous avons à vivre la tension que, de nouveaux phénomènes viraux viennent faire jouer, dans nos sociétés, avec les droits existants, parce que ces phénomènes sont si radicaux comme le terrorisme, si profondément nouveaux comme le fait migratoire dans cette ampleur. Et dans ses caractéristiques, si profondément inédit technologiquement comme les réseaux sociaux, l'Internet qu'il nous faut repenser notre organisation, sans céder aux facilités.

Cette assemblée n'est pas une assemblée de juriste, avec le plus grand respect que je dois aux juristes et aux juges, qui ont leur rôle à jouer, nous avons un travail politique à conduire au sens le plus noble du terme qui est au fond l'accomplissement dans l'espace public de ce que la pensée éthique peut être. Et donc nous avons à penser ces situations limites. Ce cadre nouveau, sans aucune facilité, en n'oubliant jamais, d'où nous parlons. Et ce qui se passe tout autour de nous.

Voilà quelques-unes des convictions que je voulais partager avec vous. Mesdames et Messieurs, chers amis, avant de répondre à vos questions, exigence d'unité de lucidité mais aussi nécessité de penser ce cadre nouveau. Je crois que c'est le défi de notre conseil, de cette assemblée, du comité des ministres, de la cour. C'est le défi qui est aussi posé par l'intelligence artificielle. Je ne veux pas être long. J'aurais pu y revenir et nous l'avions évoqué il y a quelques jours avec l'ensemble des juridictions européennes. Ce défi est historique. C'est le défi européen. Et c'est celui que nous avons ensemble à porter.

En préparant mon intervention devant vous, j’ai relu quelques textes pour essayer de me dire au fond, qu'est ce qui caractérise le plus la grande Europe que notre organisation incarne et qu'elle porte? Sans doute, la capacité de relever ces défis, qui, on le voit, ont des réponses incomplètes univoques partout ailleurs dans le monde, en assumant les tensions que je viens d'évoquer.

J'ai retrouvé un texte de 1992 dans un ouvrage qu'avait dirigé Koslowski qui s'appelait «Imaginer l'Europe». Un ouvrage écrit par un de mes maîtres, auquel je dois beaucoup, Paul Ricœur. Et il l'appelait «quel nouvel ethos pour l'Europe». Et je voulais terminer mon propos sur ces quelques convictions qui illustrent les débats que nous avons pu avoir ces derniers mois, et ceux qui vont nous guider dans les prochains mois.

Au fond, il disait, essayer de qualifier l'Europe. Il y a trois piliers. C'est un modèle de la traduction. Je l'ai souvent évoqué citant Umberto Eco, la langue européenne est celle de la traduction. C'est vrai que, ce qui caractérise notre grande Europe cette assemblée l'illustre merveilleusement. C'est au fond, cette forme d'hospitalité linguistique qui consiste à accepter tous les langages de l'Europe et aucun continent n'a une telle concentration de langages de culture et n'accepter. La traduction, c'est accepter l'autre dans sa différence et l'accueillir dans ma langue. Ce n'est pas le rêve d'un espéranto qui réduirait toutes les différences. C'est la capacité d'hospitalité et donc d'accepter nos dissonances, nos différences. Même si elles sont et surtout si elles sont momentanées.

Ensuite, c'est un modèle de l'échange des mémoires. Et au fond, l'Europe n'est pas encore une réconciliation des mémoires. Et ce que nous voyons dans les conflits gelés le montre et les divisions qu'il y a pu avoir au sein de cette assemblée, l'ont montré. Il y a des mémoires encore fracturées, divisées. Mais en Europe, au moins il y a un échange des mémoires, c'est-à-dire qu'elles se parlent, qu'elles se racontent. Beaucoup voudrait nous faire croire qu'il y a une identité européenne figée. Parfois même, on dit un mode de vie européen figé. Je crois très profondément qu'il y a, en Europe, pour paraphraser Ricœur, ce que j'appellerai une identité narrative. Il y a une histoire commune qu'on s'est racontée ensemble. Parfois, on a des versions différentes. Mais on se la dit, on l'écrit. Nous sommes un continent. Et elle dialogue, elle est faite des controverses de l'historiographie. Ces controverses continueront. Cet échange des mémoires est un irréductible. C'est pourquoi l'Observatoire de l'enseignement de l'histoire que nous soutenons profondément, est essentielle.

Il disait enfin c'est un modèle de pardon. Parce que quand on a eu tant de guerres, quand on s'est tant divisé, il y a un moment où le décret de Sparte doit s'appliquer. Il est interdit de rappeler les maux du passé. Aussi vrai qu'il y a le devoir de mémoire d'histoire, il faut à un moment, une forme de devoir d'oubli, pas un oubli qui efface les traces, mais un oubli qui permet de vivre ensemble. Ce modèle de pardon constitutif de ce que nous sommes, suppose d'avoir ce que j'appellerai l'intelligence de l'avenir. Parce que nous avons à vivre ensemble. C'est cela l'Europe, sa fatalité et son trésor. Nous avons à vivre ensemble. Nous sommes là ensemble.

Voilà, Mesdames et Messieurs, quelques convictions que je voulais partager avec vous. Cette grande Europe se fait ici. Parfois, dans ses divisions, ses traumatismes. Mais on oublie, trop souvent, dans l'époque que nous vivons, que la controverse est essentielle. Elle est profondément démocratique. Et la controverse incessante n'est pas un affaiblissement. Au contraire, elle est un luxe de la démocratie et de l'État de droit. Qu'elle vive longtemps. Je vous remercie.