François Bayrou |
Lors de l’«université d’été» de
son parti qui se tient, comme tous les ans dorénavant, à Guidel, François Bayrou
a, comme d’habitude, prononcé le discours d’ouverture comme il prononcera celui
de fin demain.
Au cours de celui-ci (voir
ci-dessous), il a parlé d’écologie, des prochaines municipales mais a surtout
évoqué la situation internationale.
Il a ainsi estimé que le G7
organisé récemment par la France à Biarritz avait montré que cette dernière
avait retrouvé son influence et son leadership grâce à Emmanuel Macron.
Il s’est également dit inquiet
pour l’avenir de la démocratie en prenant comme exemple ce qui se passe
actuellement en Grande-Bretagne avec le Brexit et le comportement du premier
ministre Boris Johnson, sans oublier d’évoquer la procédure d’impeachment à l’encontre
de Donald Trump.
En matière de politique intérieure,
il a estimé de le Mouvement démocrate était un parti «central», pas seulement
par la positon qu’il occupait sur l’échiquier politique mais parce qu’il
faisait partie avec LaREM de l’épine dorsale de la majorité présidentielle.
Pas sûr que ses alliés de La République
en marche partage son point de vue, sachant que celle-ci compte 303 députés
contre 38 au MoDem et que ces derniers ont tous été élus grâce aux largesses d’Emmanuel
Macron afin de remercier François Bayrou de son soutien à la présidentielle…
Des députés tous élus en 2017 et
dont l’«enracinement» vanté par Bayrou est pour le moins plus que récent.
► Discours de François Bayrou
(…) Comme vous le savez, la France vit un moment de grande
émotion, qui est aussi un moment d'union nationale. L'émotion soude, l'émotion
rassemble. Ma mission est, à l'ouverture de cette université de rentrée, de vous
proposer d'honorer la mémoire de Jacques Chirac par une minute de silence, car
c'est quelqu'un à qui beaucoup de Français pensent aujourd'hui. Nous allons,
ensemble, le saluer.
(…) Je trouve que nous avons beaucoup de chance en même
temps que nous avons beaucoup de défis devant nous. Nous avons beaucoup de
chance, car nous sommes un mouvement désormais reconnu dans la place centrale
qui est la sienne. Je ne parle pas seulement de «central» au sens politique du
terme, mais aussi car nous sommes un des deux mouvements de la majorité, alors
que chacun des deux mouvements a une nature originale.
En marche est un mouvement de jaillissement, récent et
nous avons, nous, la chance d'être enracinés, d'avoir, au travers du temps,
bâti une identité politique, une solidarité très forte, d'avoir traversé des
tempêtes pour beaucoup d'entre nous et même pour la majorité d'entre nous, de
n'avoir jamais rien cédé et d'être ainsi en mesure d'apporter quelque chose d'original
et de, je crois, crucial à cette majorité nouvelle.
Nous avons beaucoup de défis devant nous.
Si l'on regarde le monde aujourd'hui, alors on découvre avec
stupéfaction, si je considère en tout cas l'occident, que la majorité des pays
occidentaux qui étaient, aux yeux de chacun d'entre nous, stables,
définitivement acquis à la démocratie la plus classique et la plus exigeante,
chacun de ces pays se trouvent aujourd'hui profondément déstabilisés. C'est une
déstabilisation qui va très loin.
Si vous regardez la Grande-Bretagne. Si on m'avait dit, il y
a encore un an, qu'un Premier ministre de Grande-Bretagne déciderait de
suspendre le Parlement britannique pour faire ses affaires plus tranquillement,
alors qu’il s'agit de rompre avec l'Union européenne, si on m'avait dit cela,
je ne l'aurais pas cru, car j'étais de ceux, comme, j'en suis sûr, chacun
d'entre vous, qui avaient, d'une certaine manière, une fois pour toutes, fait
entrer dans leur mémoire et leur vision du monde que la Grande-Bretagne était la
reine des démocraties, que le Parlement britannique était le centre de la
démocratie britannique.
Et, tout d'un coup, on se rend compte que cette décision du
Brexit, que l'on croyait ou que beaucoup de gens croyaient une décision, au
fond, conjoncturelle, c'est-à-dire une décision du moment, de l'instant et
qu'au fond, cela ne changerait rien à la société britannique, tout d'un coup,
on se rend compte que l'onde de choc est telle qu'elle remet en cause tous les
aspects de l'organisation sociale et politique, et encore ne sommes-nous pas
entrés dans la crise que le Brexit promet.
À ce titre, la décision de la Cour suprême britannique,
décision absolument inattendue de tous les observateurs juristes, à l'unanimité
de ses onze juges de mettre un terme à la décision du Premier ministre britannique
et de remettre en cause une décision de la reine, on n'en parle pas, car tout
le monde aime bien l'organisation dynastique de la Grande-Bretagne. Cela a un
aspect d'identité, mais, en réalité, ce que les juges ont fait, c'est de dire: «La
décision de la reine imposée par le Premier ministre est illégale et plus que
cela, elle est non avenue, elle n'a jamais existé».
La présidente de la Cour suprême a même dit: «C'est une page
blanche, il n'y a jamais rien eu d'écrit sur cette page blanche». Ils n'ont pas
annulé la décision, si on veut faire de la subtilité de juriste, ils ont
décrété que la décision n'avait jamais existé.
Il faut que vous vous rendiez compte de ce que cela veut
dire.
Je vais le traduire en français. Il y a une très grande
professeure de droit britannique qui a dit : «Il y a 3 ans, une décision
de la Cour suprême a imposé au Premier ministre de l'époque de passer par un
vote du Parlement pour le Brexit». Elle dit : «À cette époque, j'ai dit à
mes étudiants qu'ils ne verraient jamais de décision aussi importante tout au long
de leur vie».
Là, ils ont vu une décision encore plus importante qui
traduite en français signifie que, désormais, la Grande-Bretagne a une
constitution. Or, on a tous appris à l'école qu'en Grande Bretagne, il n'y
avait pas de constitution écrite.
Maintenant, elle a une constitution et cette dernière dit
une chose extrêmement forte qui est : «Au Royaume-Uni, tout passera
désormais par le Parlement».
Dans le même temps, vous suivez ce qui se passe aux
États-Unis, le Président Donald Trump se trouve sous le coût d'une procédure
d'impeachment, car il est allé demander à un Gouvernement étranger d'enquêter
sur son rival politique, ce qui est une atteinte profonde à la mission du
Président des États-Unis.
Dans le même temps, l'Amérique Latine est dans une situation,
pour beaucoup de pays, critique économiquement, parce que démocratiquement.
Dans le même temps, la déstabilisation du Moyen-Orient, en
tout cas les ondes d'inquiétude atteignant le Moyen-Orient, et il suffit de
penser à l'Iran, tout cela est absolument spectaculaire et, à l'intérieur de
l'UE, elle-même, alors qu’il y a beaucoup de raisons de découragement, il y a
une raison d'optimisme, c'est que, désormais, l'Europe a une figure de proue.
Cette figure de proue, c'est le Président de la République
française.
Je ne sais pas vous, mais, moi, j'ai beaucoup apprécié la
séquence du G7. Pour une série de raisons, la première est que c'était
naturellement au Pays basque dans les Pyrénées-Atlantiques et que, comme toujours,
dans ce département - ils sont arrivés ou pas tout à fait encore, car, là, ils
auraient normalement dû applaudir ! -, il faisait un temps radieux et les
paysages étaient superbes.
Même en s'extrayant de ce contexte géographico-climatique,
ce qui s'est passé a été la preuve que d'avoir fait le choix qui avait été le
nôtre en 2017, c'était la bonne voie, le bon chemin.
Pourquoi ? Ce qu'a fait le Président de la République
française est marquant au moins pour deux grandes raisons.
La première, c'est que la plupart des observateurs dans le monde,
et évidemment la plupart des Français, pensaient que ce genre de sommet ne
servait à rien, pensaient que c'était fait pour faire des photos de dirigeants
entre eux, que rien ne changerait après et que toutes les grandes promesses et
les grands mots utilisés étaient vains.
Là, on a vu qu'en tout cas, cela pouvait profondément
changer les rapports entre les nations les plus opposées et dans les situations
les plus critiques. Ce qui a été fait avec l'Iran en particulier, par un coût
de théâtre, cela a été quelque chose d'extrêmement frappant dont on a vu, même
si cela s'est peu su, à l'ONU des conséquences qui sont en cheminement. Cela,
c'est la volonté du Président de la République.
Puis, une deuxième chose est, pour moi, très importante,
c'est qu'avant le G7, le Président de la République est venu et a dit aux
Français : «Voilà ce que je vais essayer de faire. Je ne garantis pas d'y
arriver, mais, si je n'y arrive pas, je viendrai vous le dire et, après, je
vous rendrai compte».
C'est, pour moi, une obsession depuis très longtemps que les
chefs d'État français devraient assumer ce devoir de décryptage de l'actualité
internationale et européenne, devraient venir en communion avec les citoyens
qui les ont élus pour leur dire quelles sont les grandes questions présentées,
quels sont les problèmes qui se posent et quel est le regard de la France sur
ces problèmes-là.
Depuis combien de temps cela ne s'est-il pas fait ?
Allez, le Général de Gaulle le faisait. Avec son caractère,
comment dirais-je, péremptoire, il n'hésitait pas à affronter les forces les
plus puissantes. Jacques Chirac l'a fait une fois au moment de la guerre en
Irak, mais, depuis, on avait l'impression que c'était des affaires diplomatiques
entre chef d'État, c'est-à-dire en langage codé et que les citoyens n'y avaient
pas accès.
Or, créer un accès pour les citoyens aux grands problèmes de
l'univers, c'est la démarche la plus civique, la plus démocratique, la plus
respectueuse que l'on puisse inventer.
J'étais très fier de cette séquence-là.
Je sais quelle est la dimension des problèmes qui se posent
chez nous. (…) Les problèmes qui se posent chez nous sont des problèmes
d'organisation de la société, avec de grandes questions sur la création et la
répartition de la richesse, avec le paradoxe que la France est probablement le
pays du monde qui répartit le plus la richesse, mais où le sentiment de
frustration est le plus grand.
Il y a également les grandes questions environnementales (…)
qui sont des questions de protection et de restauration de notre environnement,
protection et restauration dont je dis qu'il sera impossible, pour moi, d'aller
jusque-là, c'est la conclusion, sans recours aux techniques les plus modernes,
à la science, à la recherche. Il ne s'agit pas de retour en arrière, il s'agit
de prendre ce que le monde le plus actuel ou le plus futur nous offre pour
répondre à des questions qui touchent à l'avenir commun qui est le nôtre.
(…)
Tout cela, la protection de l'environnement, c'est un pari
sur l'avenir, pas un retour en arrière. Tout cela, ce sont des défis que nous
avons devant nous et notre démocratie a des défis. Les changements, les
mutations de la société dans les rapports entre les personnes, les familles,
c'est essentiel, tout cela, nous allons le vivre ensemble et nous allons le
vivre en mouvement politique.
(…)
Je pense que la démocratie suppose des organisations. Elle
suppose une histoire et elle suppose le respect des règles et des convictions
de chacun.
Nous avons la chance, nous, de pouvoir additionner,
multiplier, marier ces enracinements-là, ces novations-là et cette jouvence-là.
(…)
Je n'ai qu'une certitude, c'est que l'on doit être de plus
en plus soudés au fur et à mesure que le temps va avancer (…).
C'est un grand défi de préparer une élection locale comme
celle-là, c'est un défi d'autant plus que l'on est dans la solidarité
gouvernementale, dans la solidarité de la majorité.
Nous, nous savons ce que cela représente comme exigence et
comme exigence adaptée au terrain. Vous savez que l'on a eu un débat et toutes
les positions se sont maintenant exprimées, nous les avons exprimées et je
crois que l'on a réussi à convaincre très largement que les élections locales
n'étaient pas principalement une élection partisane.
Une élection locale, c'est une affaire d'engagement de
personnes et d'équipes, c'est qui porte une équipe.
Et alors, comme nous respectons beaucoup nos partenaires,
nous faisons ce qu'il faut pour être respectés aussi.
Et donc, si c'est le respect qui préside à tout cela, alors
on aura de bons résultats et l'ambiance en sera améliorée.
Nous, en tout cas, nous nous fixons cette règle et nous
espérons qu'elle sera communicative. On va faire cela avec beaucoup de soins.
(…)