mercredi 25 septembre 2019

Propos centristes. France – Urgence climatique ; Immigration ; loi bioéthique ; PMA pour toutes…


Voici une sélection, ce 25 septembre 2019, des derniers propos tenus par des centristes dans les médias ou sur les réseaux sociaux en France.

● Emmanuel Macron (Président de la République)
- Face aux défis contemporains, je ne crois ni dans la facilité du pessimisme ni dans la division. Je crois en notre capacité à proposer, réfléchir, agir ensemble, à être courageux.
- Face aux crises contemporaines, nous avons la connaissance scientifique, les financements, la capacité d’innovation, le cadre de l’ONU. Alors qu’est-ce qu’il nous manque pour agir ? Le courage. L'appel que je veux lancer ici est celui du retour du courage.
- Face aux inégalités croissantes de notre monde, je suis convaincu que la bonne réponse n’est pas fiscale, mais qu’elle passe par davantage d’éducation, d'accès à la santé, de politiques de prévention des inégalités et de coopération internationale.
- Pour éradiquer les féminicides, en France, et dans le monde : bâtissons une action efficace et donnons-leur un statut juridique.
- L’éradication du sida, de la tuberculose et du paludisme est à notre portée. Nous pouvons sauver 16 millions de vies dans les 3 prochaines années. Nous avons 3 semaines pour réunir 14 milliards de dollars. Mobilisons-nous !
- La France ne peut pas accueillir tout le monde si elle veut accueillir bien. Face à J Je pense que ça serait une erreur de dire que la question migratoire est une question taboue ou qu'on ne pourrait la poser que quand il y a des crises. Notre pays est un pays de migrations, de tout temps. Il ne faut pas faire croire aux gens qu'on serait aujourd'hui débordés par ce phénomène-là ou que la France est un pays qui n'a jamais été un pays constitué pour partie par l'immigration, c'est faux. Ce qui est vrai aussi, c'est que nous vivons depuis plusieurs années avec un accroissement des migrations : on a eu les grandes migrations liées à la crise syrienne en 2015, on a aujourd'hui de plus en plus de migrations qui viennent d'Afrique, et nous allons de plus en plus vivre avec les migrations. Cela, nous devons nous organiser parce que la France ne peut pas accueillir tout le monde si elle veut accueillir bien. C'est pour moi le défi qu'on s'est fixé, c'était l'engagement que j'avais pris à Orléans en juillet 2017 et qu'on n'a pas réussi à tenir. Que s'est-il passé depuis l'élection présidentielle ? On a eu une très forte augmentation du nombre de demandeurs d'asile. Ceci est lié à un phénomène très compliqué : il n'y a pas suffisamment de coopération en Europe et on doit regarder la réalité de ce phénomène migratoire et prendre des décisions. 
- Au niveau européen, on doit travailler et être plus efficaces pour avoir des règles communes d'asile. Aujourd'hui, on est à la fois inefficaces et inhumains en Europe comme en France. Nous devons accélérer la refonte des règles de Schengen et de Dublin, c'est-à-dire avoir des règles d'asile communes, être plus efficaces pour renvoyer dans leur pays, dès le début, ceux qui n'ont pas vocation à rester en Europe. On n'est pas assez efficaces, les procédures trop longtemps. Quand quelqu'un en Europe reste pendant des années, vous ne pouvez plus le reconduire chez lui, il a acquis une vie normale. Au niveau européen, on doit travailler et être plus efficaces pour avoir des règles communes d'asile, une politique de reconduite commune.
- Moi je veux qu'on continue d'accueillir tout le monde dignement. Pour pouvoir accueillir tout le monde dignement, on ne doit pas être un pays trop attractif, je vous le dis très franchement. On doit le plus rapidement possible, donner l'asile à ceux qui ont besoin de notre protection et il faut être plus efficaces, plus humains et plus efficaces, dans les six mois. On doit ensuite intégrer beaucoup plus efficacement ceux qui ont droit à l'asile, avec des cours de français et une politique de l'emploi plus forte.
- On doit reconduire beaucoup plus efficacement les personnes qui n'ont pas vocation à rester sur le territoire. On doit traiter et protéger tout ceux qui sont sur notre territoire, pour eux-mêmes et pour nous. Mais là aussi, le faire avec raison garder et bon sens, et analyser s'il n'y a pas des excès qui existent, et je crois qu'ils existent dans certaines catégories. Ensuite, on doit reconduire beaucoup plus efficacement les personnes qui n'ont pas vocation à rester sur le territoire parce qu'elles y sont entrées illégalement et qu'elles ont parfois demandé l'asile et qu'elles n'y avaient pas droit. Si on arrive à faire ça, je peux vous dire qu'on sera un pays qui est à la hauteur de ses valeurs, qui accueille la partie de population qu'il peut accueillir, et qui le fera bien, qui intégrera bien, ce qui est une opportunité économique mais qui ne sera pas non plus un pays dans lequel parfois on ajoute la misère à la misère
- J'assume de parler calmement d'immigration. C'est un débat compliqué, la réponse n'est pas univoque. Il y a plusieurs piliers : notre politique africaine, notre politique de développement, notre lutte contre les trafics, notre politique européenne, notre politique française avec tous ses aspects. Si on n'arrive pas à faire tout ça, on sera l'otage de débats simplistes. Je ne veux pas de débats simplistes pour notre pays. Je crois au vrai en même temps sur la politique migratoire aussi. J'assume de parler calmement d'immigration.
- En France, on doit regarder les choses : pourquoi il y a moins d'entrées de migrants depuis deux ans en Europe et il y a une augmentation de la demande d'asile en France? C'est un fait. Elle vient de pays avec lesquels on entretient des relations permanentes et qui ne sont pas des pays en guerre. Il y a sans doute des dérives, en tout cas un contournement de la procédure de demande d'asile. À côté de ça, quand on voit beaucoup de ressortissants venant de pays avec lesquels on entretient des relations, on a ouvert les visas.
- La France ne peut pas continuer dans cette situation. On a une explosion des entrées qui sont liées au sujet sanitaire, avec des gens qui viennent pour se faire soigner en France. Ce sont des phénomènes qu'on doit regarder et auxquels on doit apporter une réponse. La France ne peut pas continuer dans cette situation. Il nous faut bien accueillir et protéger au plus vite les femmes et les hommes qui relèvent du droit d'asile. Ensuite, il faut qu'on harmonise nos règles avec nos voisins.
- Est-ce que l'Aide médicale d'État a un panier de soins qui correspond à tout ce qui est nécessaire ? On ne peut pas avoir sur certains sujets des règles qui sont totalement décorrélées de la réalité de nos voisins. Il faut qu'on continue à soigner dans notre pays toutes celles et ceux qui y sont. J'ai entendu dans les débats certains qui disaient qu'il faut supprimer l'Aide médicale d'État. Ce serait ridicule ! Mais est-ce que l'Aide médicale d'État a un panier de soins qui correspond à tout ce qui est nécessaire ? Ça, il faut l'évaluer. Moi, je n'ai pas la réponse, mais on a le droit d'avoir un vrai débat, parce que sinon, c'est un débat où il ne faut rien toucher et on voit des excès et il faudrait tout supprimer. Moi, je ne veux pas ce débat pour notre pays. Il faut un débat pour regarder ce qu'on fait par rapport à notre voisin et est-ce qu'on rembourse à 100% tout ce qui est nécessaire d'être remboursé et est-ce qu'il n'y a pas parfois, un peu, des excès.
- Toutes les mobilisations de notre jeunesse ou des moins jeunes sont utiles. […] Je pense surtout maintenant qu’on a besoin qu’on ait une jeunesse qui nous aide à faire pression sur ceux qui bloquent, en se mobilisant, et qui aussi participent à des actions très concrètes.
- Je n’ai pas le sentiment que le gouvernement français ou le gouvernement allemand, aujourd’hui, sont en train de bloquer. […] Quand je vois qu’on va fermer l’ensemble de nos activités charbon, qu’on stoppe l’exploitation d’hydrocarbures, qu’on est en train de bouger, je ne suis pas sûr que ce soit la voie la plus efficace

● Gouvernement
[Nota: dans ce gouvernement, certains membres ne sont pas centristes; nous retranscrivons cependant leurs propos en rapport avec leur fonction parce qu’ils font partie selon nos critères d’une équipe qui suit une politique globalement centriste]

Edouard Philippe (Premier ministre)
Non, nous n’allons pas réduire l’exonération fiscale accordée aux plus de 70 ans pour les aides à domicile.

Christophe Castaner (ministre de l’Intérieur)
Inacceptable insulte à nos forces de l'ordre mobilisées, chaque jour, pour protéger les Français, au péril de leur vie. Jean-Luc Mélenchon leur doit le respect, et désormais des excuses.

Bruno Le Maire (ministre de l’Economie et des Finances)
- « Partout où les inégalités entre les nations augmentent, partout où les inégalités entre les femmes et les hommes augmentent, c’est la civilisation qui recule. » Emmanuel Macron plaide pour un nouveau capitalisme à la tribune des Nations Unies.
- Nous avons tout pour répondre au défi climatique : les technologies, le financement, la conscience de notre jeunesse. Il nous manque le courage. Emmanuel Macron lance à la tribune des Nations Unies un appel au courage, pour le climat et pour la paix.

Elisabeth Borne (ministre de la Transition écologique et solidaire)
- Les conclusions accablantes du rapport du GIEC sur les océans et la cryosphère sont un nouveau cri d’alerte. Une seule réponse possible : la mobilisation. La France ne baissera jamais les bras, car nous ne pouvons pas perdre cette bataille pour la planète.
- A la tribune de l’ONU, le Président Emmanuel Macron appelle au courage et aux actes pour le climat et la biodiversité : pour mettre le défi écologique au cœur de toutes nos politiques, pour être à la hauteur de nos responsabilités à l’échelle internationale. Nous serons au rdv.
- Le projet de loi Anti-gaspillage et pour une économie circulaire est examiné par le Sénat. En luttant contre le gaspillage et pour moins de déchets, il permet à la fois à chacun d’agir dans son quotidien et de transformer notre modèle en profondeur.

Jean-Michel Blanquer (ministre de l’Education)
La France est un des pays qui en fait le plus en matière de réchauffement climatique. La France est aujourd'hui une locomotive en la matière et le président Macron en fait beaucoup à ce sujet. Il ne faut pas non plus créer une génération de déprimés autour de ce sujet.

Agnès Buzyn (ministre de la Solidarité et de la Santé)
- [Loi bioéthique] Nous allons avancer pour adapter notre droit à la société telle qu’elle est, ici et maintenant, et aux Français tels qu’ils sont dans leur très grande diversité.
- Définir les règles de bioéthique, c'est partir de ce que l'on peut faire, et décider de ce que l'on veut faire.

Gérald Darmanin (ministre des Comptes publics)
Entre la baisse de l’impôt sur le revenu de 5 Mds€, la suppression du dernier tiers de taxe d'habitation pour 80% des Français et la poursuite de la défiscalisation des heures supplémentaires, le budget 2020 représente près de 10 Mds€ de baisse d’impôts pour les ménages.

Brune Poirson (secrétaire d’Etat auprès du ministre de la Transition écologique et solidaire)
- Greta Thunberg, c'est bien, elle mobilise, mais je ne crois pas qu'on puisse trouver les solutions en montant les uns contre les autres
- Il est important d'avoir des personnes qui éveillent les consciences. Mais quelles sont les solutions qu’elle met sur la table? Je ne sais pas. On ne peut pas mobiliser avec du désespoir, presque de la haine

● LaREM
[Nota: dans ce parti, les propos de ses membres qui ne sont pas centristes et se considèrent de droite ou de gauche ne sont pas retranscrits]

Stanislas Guerini (délégué général)
Nous portons une écologie pragmatique qui associe les citoyens. On a créé une Convention citoyenne sur le climat afin de trouver du consensus. Il faut croire en cette Convention car elle représente l'intelligence collective de nos concitoyens.

Aurore Bergé (porte-parole)
- Nous ne souhaitons pas légaliser la GPA au sein de notre pays
- Je réponds oui à la PMA pour toutes les femmes, toutes sans exception. Les familles sont plurielles et les reconnaitre dans ce projet de loi est le meilleur moyen de les faire accepter dans notre société et avec elles les enfants qui en sont issus
- Nous facilitons les possibilités d’accès à la greffe, nous clarifions la recherche sur les cellules souches embryonnaires, nous mettons fin à des souffrances supplémentaires de femmes en supprimant le délai de réflexion en cas de recours à une IMG.

Didier Paris (député)
Face aux nouvelles possibilités que nous ouvre la science, qu’est ce qui est éthiquement et collectivement souhaitable ? Pour répondre, nous devons être animés par un principe essentiel : notre capacité à douter.

Coralie Dubost (députée)
- [Projet de loi bioéthique] Ce texte nous invite à sortir des postures, à décider en son for intérieur, à voter dans son intime conviction. Oui, choisissons nos gardes-fous tout en garantissant la justice, la justesse, l’équité dans nos progrès de société.
- Tous les enfants sont formels : ils ont besoin de savoir d'où ils viennent.

Laetitia Avia (députée)
Ouverture des débats sur le projet de loi Bioéthique avec un discours fort, juste et émouvant de Coralie Dubos. Nous nous devons de répondre aux attentes de l’ensemble de ceux qui forment ces familles ou qui en formeront, au-delà des postures politiques, avec sincérité et conviction.

Guillaume Chiche (député)
- Certaines femmes, en couples hétérosexuels, ont droit à la PMA et d’autres, parce qu’en couples lesbiens, parce que célibataires, n’y ont pas le droit. Et c’est ce que nous allons corriger dans la loi.
- Chères toutes, que vous soyez hétéros, lesbiennes, célibataires ou en couples, nous prenons l'engagement avec ce projet de loi d'ouvrir le champ des possibles à votre projet parental et à vos choix personnels

Jean-François Eliaou (député)
Il n'est pas question ici de soumettre la loi à la technologie mais de reconnaître et d'encadrer les possibilités scientifiques dans l'intérêt de la société.

Dominique David (députée)
Cinq milliards d’euros de fonds pour les start-up, la création du next 40 et 700 emplois dans le secteur du numérique.

Guillaume Kasbarian (député)
Cessons d’opposer écologie et économie. Nous pouvons faciliter le parcours des créateurs d’industrie tout en ayant un haut degré d’exigence environnementale.

Florent Boudie (député)
Nous devons débattre de notre politique migratoire, sous tous ses aspects, sans fantasmes ni déni. L’objectif du débat c’est d’évaluer nos mesures et d’identifier de nouvelles solutions concrètes qui répondent aux attentes des Français

Gregory Besson Moreau (député)
On y est ! Je présente ce matin le rapport de la commission d'enquête sur les pratiques de la grande distribution: à l'issue de 88 auditions nous avons fait plus de 40 préconisations pour compléter la boite-à-outils mise en place par la loi Egalim! Rapport voté à l’unanimité.

●MoDem
François Bayrou (président)
La Cour Suprême du Royaume-Uni jugeant, à l'unanimité des onze juges, la suspension des travaux du Parlement britannique « illégale et n'ayant pas plus de valeur qu'une feuille blanche », crée une situation institutionnelle sans précédent ! Le Brexit déstabilise gravement le pays !

Patrick Mignola (président du groupe à l’Assemblée nationale)
Ce matin, j'ai exprimé mes inquiétudes au premier ministre sur le projet de modifier l'exonération des charges patronales pr les seniors sur l'emploi à domicile. Je le remercie d'avoir annoncé l'abandon de ce projet. La démocratie parlementaire, ça fonctionne!

Sarah El Hairy (porte-parole)
Je suis choquée que la FCPE flatte le communautarisme pour des raisons électorales, nous sommes loin de son histoire . Pour moi l' école doit rassembler autour de la seule République.

Cyrille Isaac Sibille (député)
- L’éducation à la santé doit être prise de matière globale, être mise en œuvre dès les premiers jours jusqu’à la fin de la vie. Et avant tout, les actions de prévention doivent être évaluées : sur 36.000 actions recensées, seulement une poignée le sont !
- Je regrette le statu quo du gouvernement sur la question du dépistage néonatal et du diagnostic préimplantatoire. Notre ambition tient en deux mots : Dépister et diagnostiquer, rien de plus, rien de moins.

Philippe Berta (député)
- Je regrette que le calendrier de révision des lois Bioéthique qui à l’origine était de tous les cinq ans mais en fait en était de sept, nous a fait passer à tous les sept ans qui en seront en fait neuf.
- Il nous appartient d’améliorer, de sécuriser le parcours procréatif mais aussi de prendre le meilleur des résultats de notre recherche dans le domaine de la procréation, du diagnostic et de la thérapie, en discernant ce qui est faisable de ce qui est souhaitable distingue deux éléments forts, l’évolution des modes de procréation d’une part, l’évolution de notre accès aux nouveaux outils diagnostiques et thérapeutiques d’autre part. Mais n’oublions pas que ces deux éléments sont intimement liés.

●UDI
[Nota: dans ce parti, les propos de ses membres qui ne sont pas centristes et se considèrent de droite ne sont pas retranscrits]

Sophie Joissains (sénatrice)
Malgré la crise des urgences, les personnels de santé en grève depuis 6 mois ont un engagement sans faille dans l'exercice de leur métier. Cette situation doit être débloquée.

●Mouvement radical
Laurent Hénart (président)
Célébration de la Journée nationale d’hommage aux Harkis et aux autres membres des formations supplétives. Se souvenir pour ne pas oublier. 

Nathalie Delattre (sénatrice)
Campagne de la FCPE, ou comment détourner à des fins électoralistes la tradition laïque de notre pays. Les sorties scolaires constituent un temps scolaire à part entière, où le principe de neutralité du service public doit s’appliquer pleinement.



Vues du Centre. L’allergie des populistes à la loi


Par Jean-François Borrou

Dans cette rubrique, nous publions les points de vue de personnalités centristes qui ne reflètent pas nécessairement ceux du CREC. Ces points de vue ont pour but d’ouvrir le débat et de faire progresser la pensée centriste.
Jean-François Borrou est le pseudonyme d’un journaliste proche des idées centristes.

Boris Johnson & Donald Trump au sommet de l'ONU
Trump, Johnson, Orban, Salvini, Le Pen, Mélenchon, les gilets jaunes, etc. tous les populistes ont la même caractéristique : ils s’assoient sur la loi au lieu de la respecter.
Les trois derniers épisodes mettent en scène Donald Trump et l’utilisation du gouvernement américain pour tenter de salir son principal opposant pour les présidentielles de 2020 (agissement qu’il a estimé tout à fait normal), Boris Johnson qui a fermé la Parlement britannique pour agir à sa guise en matière de Brexit et qui vient de se faire rappeler à l’ordre par les onze juges unanimes de la Cour suprême de Grande-Bretagne (ce qui ne l’a pas empêché de critiquer la décision), Jean-Luc Mélenchon qui s’est opposé physiquement et verbalement à une décision de justice – une perquisition dans une affaire de détournements de fonds – et qui est jugé pour cela en correctionnelle (d’après lui un «procès politique» dont il serait la victime).
Cette allergie des populistes à l’état de droit et à la volonté d’instrumentaliser la règle juridique à leur profit quand ils le peuvent et à la dénoncer avec virulence quand elle ne les sert pas, montre plus que tout autre de leurs comportements, leur irrespect des valeurs démocratiques et républicaines que justement l’état de droit garanti à tous les citoyens contre les agissements de ceux qui se croient au-dessus des lois ou hors de celles-ci.
Ce n’est évidemment pas la vision des centristes pour qui l’état de droit est incontournable dans nos sociétés pour qu’elles soient libres et sûres et pour que tous les citoyens soient égaux.
Car les populistes ont une fâcheuse tendance à se croire plus égaux que les autres!
Pour eux, la loi n’est qu’un outil politique qui n’a d’intérêts que lorsqu’il les aide dans leurs desseins et qui doit être écarté quand il leur interdit leur malhonnêteté.
En cela, ils sont proches de tous les autocrates et dictateurs qui créent leurs propres règles tout en ne s’interdisant pas, d’ailleurs, de les violer quand elles les brident dans leur scélératesse…
Il peut paraître séduisant, voire enivrant, pour ceux qui suivent les populistes démagogues de se croire aussi au-dessus des lois, c’est-à-dire au-dessus des autres.
C’est d’ailleurs ce qui fait le succès des régimes totalitaires dont les «élites», les «élus» ne sont pas assujettis aux mêmes règles que la «masse».
La tendance populiste actuelle dans les démocraties occidentales a de quoi inquiéter dans sa réécriture du cadre du vivre ensemble.
Comment ne pas être interdit et inquiet face aux réactions des fans de Trump mais aussi des élus républicains qui applaudissent aux actes illégaux à répétition du président des Etats-Unis.
Parce que, même s’il est chassé du pouvoir, cela ne signifiera pas qu’aux Etats-Unis mais aussi dans tous les autres pays démocratiques, cette montée populiste se tarira et que l’irrespect de l’état de droit et du cadre juridique qui protège des citoyens contre les actes délictueux soient attaqués et transgressés sans cesse.
Jusqu’au jour où ils n’existeront plus et que nous serons tombés dans le totalitarisme.

Jean-François Borrou