Allons-nous dans le mur?
Et si oui, à quelle distance est le mur?
Voilà deux interrogations existentielles dans l’air du temps
bien que nous puissions dire qu’elles ont toujours fait partie de
l’environnement de l’humanité.
Lors de la peste noire du XIV° siècle, beaucoup de personnes
ont pensé que la fin du monde était très proche, que le mur était à une
distance de quelques centimètres.
Mais en ce début de XXI° siècle, avec une information qui
circule à la vitesse de la lumière, tous les événements négatifs donnent une
impression de fin du monde, impression surréaliste puisque nous poursuivons nos
activités et que nous crions au loup tout en le laissant entrer dans la
bergerie dans une sorte de fatalité où les choses ne sauraient changer en même
temps que nous entreprenons de les changer!
Néanmoins, ce mur existe-t-il vraiment et à quelle distance
se trouve-t-il s’il existe?
Nous savons que nous pouvons détruire l’humanité (certains
disent de manière prétentieuse la planète alors que rien n’indique que celle-ci
deviendrait morte une fois que nous aurions disparu).
Nous savons que notre développement comporte des risques
immenses pour la vie de l’humanité (bien que cela ne veuille pas dire que ce
développement tuerait tout le monde mais une grande partie, en tout cas).
Nous savons que nous avons des comportements à risque même
si le risque est inhérent à notre présence sur terre, à notre existence.
Chaque seconde de notre vie est un risque que nous devons
assumer et, en plus, nous devons en prendre pour assurer notre existence et
tenter de l’améliorer.
Dès lors, il n’est pas illusoire de parler de mur si nous combinons
les trois éléments en les renforçant.
Mais à quelle distance se trouve-t-il?
Les mauvais augures le voient tout près, en béton armé
indestructible et d’une hauteur vertigineuse.
Les bons augures le distinguent au loin tout en affirmant
qu’il existe une voie de contournement que l’humanité sera capable de trouver
comme toujours.
Le prix de cette voie de contournement varie selon les
estimations de ces augures.
Certains pensent qu’il sera très élevé et qu’il remettra en
cause notre façon de vivre.
D’autres estiment qu’elle ne sera évidemment pas gratuite
mais que le génie humain en fera une opportunité plutôt qu’un handicap.
Tous les arguments sont sur la table.
Pour prouver ses dires, chacun «spécialiste» présente son
«étude scientifique» qui ne reste, comme la science, qu’une création humaine et
non une vérité, et ses statistiques dont on sait depuis longtemps qu’on peut
leur faire dire tout et son contraire (quand elles ne sont pas fausses!).
Les projections de certains parlent d’apocalypse pendant que
les projections des autres parlent de lendemains qui chantent.
Le bon comportement se trouve-t-il au milieu?
En partie sans doute.
En mixant les annonces alarmistes et les prédictions optimistes,
on est plus proche d’une vision correcte de la situation de l’humanité bien que
de très nombreux paramètres nous sont encore inconnus voire difficilement analysables.
Pour les uns, il va falloir se passer de voiture, de manger
de la viande et du poisson, de chauffer correctement nos maisons, de consommer
des objets non indispensables.
Pour les autres, la voiture va devenir totalement propre, la
viande et le poisson bénéficieront des avancées de la biologie, les nouvelles
énergies seront inépuisables et tout le monde pourra bénéficier d’une capacité
à consommer malgré le nombre d’habitants toujours plus nombreux de la planète.
Pour résumer, il y a les tenants d’un malthusianisme qui se
veut lucide et de l’autre les tenants d’un progrès qui se veut dynamique.
Et entre les pessimistes (c'est-à-dire les «collaspologues»
tenant de la théorie de l’effondrement et les «déclinologues», avec des
personnalités comme Jared Diamond ou John Gray) d’un côté et les optimistes
(avec des personnalités comme Steven Pinker et feu Michel Serres) de l’autre,
il y a l’individu qui aimerait bien que tout le monde s’accorde sur la
situation du présent afin d’agir concrètement et efficacement sur celui-ci pour
envisager l’avenir de manière réaliste pour l’Humanité.
Parce que, que l’on soit pessimiste ou optimiste, une chose
est sûre, il y a du pain sur la planche…