lundi 12 août 2019

Regards Centristes. 17 – Pour le Centrisme, c’est la démocratie et la république

Regards Centristes est une série d’études du CREC qui se penchent sur une question politique, économique, sociale ou sociétale sous le prisme d’une vision centriste. Dix-septième numéro consacré à la position du Centrisme vis-à-vis de la démocratie et de la république ainsi que sur la primauté de l’une par rapport à l’autre. Car, pour les centristes, le meilleur système est une démocratie républicaine et non une république démocratique.


Définitions



Qu’est ce que l’on entend en ce XXI° siècle par démocratie, république, démocratie républicaine et république démocratique.



Démocratie: régime politique, système de gouvernement dans lequel le pouvoir est issu du peuple, exercé par le peuple, en faveur du peuple (selon la définition du président américain Abraham Lincoln, c’est «le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple»).

Dans une démocratie représentative, le peuple élit des représentants pour gouverner en leur nom par le biais d’un mandat provenant d’une élection où ces représentants ont proposé un programme d’action.

Pour que la démocratie puisse fonctionner pour tous, le pouvoir de la majorité ne peut contrevenir aux droits de la minorité ou les limiter par rapport à ceux de la majorité.

C’est pourquoi, la caractéristique principale des démocraties du XXI° siècle résident dans leur capacité à garantir les droits de la minorité tout en permettant aux représentants de la majorité d’exercer le mandat qui leur a été confié.

La démocratie est avant tout caractérisée par la liberté individuelle.

Bien évidemment, l’utilisation du terme «démocratie» n’est plus la même qu’au temps de la Grèce antique qui ne le concevait que comme un gouvernement direct du peuple, gouvernement évidemment impossible dans des sociétés aussi complexes et grandes (en nombre d’habitants et en superficie) que celles d’aujourd’hui.



République:

Le mot «république» provient du latin res publica qui signifie au sens propre «chose publique».

Il désigne l’intérêt général puis le gouvernement, la politique et enfin l’État.

Pour Jean Jacques rousseau, c’est «tout État régi par des lois, sous quelque forme d'administration que ce puisse être; car alors seulement l'intérêt public gouverne et la chose publique est quelque chose. Tout gouvernement légitime est républicain.»

La république est donc le gouvernement de la chose publique.

La république est avant tout caractérisée par la défense de l’intérêt commun et la promotion de la solidarité et de la tolérance par un organe de gouvernement, l’Etat.



Démocratie républicaine:

Ici c’est la liberté individuelle garantie par la démocratie qui prime sur l’intérêt général (autant que celui-ci peut être défini) garanti par la république.

Et c’est la somme des libertés individuelles qui forment un intérêt collectif qui permet un lien social.

Aujourd’hui, les régimes démocratiques occidentaux sont plus ou moins proches d’un système de démocratie républicaine alors que les deux principales, les EtatsUnis et la France, se sont définies au départ comme des républiques avec un régime démocratique représentatif.

L’évolution des sociétés mais aussi la prise en compte de plus en plus réelle des deux déclarations des droits humains contenus dans les Constitutions françaises et américaines ont abouti à une prégnance du démocratique sur le républicain.



République démocratique:

Si feus les pays de l’Est de l’Europe sous domination soviétique et avec des régimes communistes totalitaires ont choisi de se faire appeler des «républiques démocratiques», ce n’est pas un hasard.

Au-delà de la supercherie globale du terme, cela signifiait que ces régimes privilégiaient avant tout le holistique (représenté ici par l’Etat et, surtout, le Parti communiste) non pas pour les individus mais pour le peuple dont nous avons vu dans un précédent numéro de Regards centristes, le danger de cette notion (lire ici).

Mais, si ce concept est utilisé correctement, il signifie que c’est bien avant tout la communauté qui est privilégiée par rapport à l’individu, celui-ci n’étant pas constitutif et pierre angulaire du régime (comme dans la démocratie républicaine) mais un simple membre de la communauté dont les droits (humains) sont systématiquement supplantés par les droits de la collectivité.

Cette république démocratique privilégie la liberté des anciens (celle de la collectivité) comme le notait Benjamin Constant alors que la démocratie républicaine représente la liberté des modernes.



Pour le Centrisme, l'alternative n'est pas entre république et démocratie



En ce premier quart du XXI° siècle, certains estiment que la république est menacée par une démocratie qui ne promeut que les intérêts particuliers d’individus et de groupes.

Cependant, la glorification de la république et la critique de la démocratie, est, non seulement, un faux débat mais une erreur historique dangereuse.

Ainsi, selon les défenseurs de cette thèse, la république est le seul et vrai régime politique de la France, celui issu de 1789 et de la tradition française où le bien commun et le partage d’une destinée commune seraient les ciments de la communauté nationale alors que la démocratie libérale, venue d’ailleurs, serait porteuse de la déliquescence de la société en exaltant l’individualisme débridé et le communautarisme.

D’une certaine manière, on pourrait rapprocher cette thèse de celle défendue par les autocrates qui exaltent la république, régime de l’ordre, pour condamner la démocratie, agent du désordre.

Cette présentation est évidemment partielle et partiale, surtout, elle méconnaît ce qu’est aujourd’hui le libéralisme notamment sa version française forgée au cours de la III° République par des hommes comme Léon Bourgeois, Charles Renouvier et même Emile Durkheim.

Même s’il est individualiste et décentralisateur, le libéralisme français s’est toujours inscrit dans le républicanisme, reconnaissant la nécessité d’un lien social fédérateur et d’une solidarité entre les personnes, sans oublier la dimension sécuritaire.

En outre, la présentation de la démocratie comme danger pour la république est totalement négative alors même que celle-ci permet la responsabilité individuelle et la libération des potentialités de l’individu.

En réalité, sauf à vouloir revenir sur les règles de fonctionnement de la démocratie libérale et représentative issue directement des révolutions américaines et françaises, elles-mêmes ayant puisé leur inspiration dans l’évolution démocratique de la monarchie britannique, l’opposition entre les deux notions est anachronique car les valeurs démocratiques et républicaines sont liées dans ce qu’est aujourd’hui le régime politique des sociétés occidentales. C’est bien là le point fondamental: la démocratie et la république, loin de s’opposer, sont complémentaires.

Les deux piliers de base du régime politique français c’est la démocratie et la république. Sans démocratie, pas de république humaniste. Sans république, pas de démocratie sécuritaire. C’est ce que dit le Centrisme. Mais il va plus loin en affirmant que le meilleur régime est une démocratie républicaine.

La démocratie vient avant la république car elle libère l’individu mais elle ne va jamais sans celle-ci car cette dernière permet de rendre viable la première dans des sociétés où les intérêts individuels sont si divergents qu’ils ont besoin d’un lien social qui organise la liberté. Mais la république sans la démocratie est souvent une infamie car elle nie les valeurs de liberté, de respect et de tolérance au nom d’un groupe qui a toutes les primautés face à l’individu, ce qui permet, in fine, de nier les droits individuels.

Nombre de dictateurs ont été amoureux de la république, aucun d’eux de la démocratie…

C’est la raison pour laquelle le Centrisme est le défenseur intransigeant d’une démocratie républicaine.

Pour en revenir aux pourfendeurs de la démocratie, il faut ajouter qu’ils opposent fallacieusement le régime démocratique des Etats-Unis (avec son individualisme et son communautarisme) et le régime républicain de la France (avec son peuple uni).

Voilà qui est méconnaître totalement l’histoire car les Pères fondateurs américains n’avaient qu’une idée en tête, créer une république selon les préceptes de Montesquieu…

Pourquoi la république qui avait tous les soutiens possibles lors des révolutions américaine et française, s’est-elle transformée en démocratie aux XX° et XXI° siècles dans le sens où l’idée que le collectif devait primer sur l’individuel s’est trouvée dépassée par la primauté de l’individu sur la collectivité? Tout simplement parce que l’approfondissement démocratique prédit par Alexis de Tocqueville était une évolution naturelle de la république démocratique dès qu’elle entendait garantir les droits de l’homme.

Mais cela ne signifie pas que la démocratie doit donner le champ libre aux désidératas de l’individu, encore une fois qui ne proviennent pas de l’individualisme mais de l’autonomie acquise dans un régime de liberté et dont l’usage égoïste et égocentrique dans une vision égalitariste, détraque petit à petit le système.

C’est pourquoi il faut continuer à approfondir le régime démocratique tout en rappelant qu’il ne peut être que républicain s’il veut perdurer en un ordre qui permet la réalisation effective de la liberté pour tous dans une égalité des chances et des opportunités.





Alexandre Vatimbella avec l’équipe du CREC



Dans la même collection:



















Actualités du Centre. Argentine – Présidentielle: Le président centriste Macri en difficulté

Mauricio Macri
Les présidentielles en Argentine auront lieu en octobre prochain mais le système électoral du pays a institué des «primaires» où tous les partis qui présentent des candidats sont présents (avec ou sans le nom de ces derniers s’ils ne sont pas encore désignés).
Ces «primaires» viennent de se tenir et ont été un échec pour le président sortant, le centriste libéral Mauricio Macri, victorieux en 2015 en étant le premier dirigeant du pays élu démocratiquement n’étant pas issu du mouvement péroniste (nationalisme autoritaire et populiste).
Il arrive ainsi en seconde position derrière Alberto Fernandez, péroniste et ancien premier ministre de Cristina Kichner (qui avait succédé à son époux) qui est présente sur ticket de celui-ci en tant que vice-présidente.
Rappelons que l’élection de Macri avait été une surprise politique mais avait été rendue possible par l’état déplorable du pays et les tendances autoritaire de Kichner ainsi que par l’échec cinglant de sa politique.
Proche de la faillite et isolée politiquement er économiquement, l’Argentine avait décidé de tourner le dos aux politiques désastreuses du péronisme.
Cependant, les résultats de Macri, dans un contexte extrêmement difficile, n’ont pas été à la hauteur des attentes des Argentins même si, deux ans après son élection, la coalition qui le soutient au Parlement avait remporté les législatives, en 2017.
Selon les analystes, il sera très difficile à Mauricio Macri de pouvoir combler son retard avant l’échéance présidentielle dont le premier tour aura lieu le 27 octobre.
Reconnaissant sa défaite, il a déclaré:
«A partir de demain, nous devons travailler pour inverser la situation, parce qu'en octobre, ce sont les trente prochaines années qui seront définies en Argentine. Nous écoutons les gens, nous croyons en la démocratie et à l'expression des gens, et les difficultés que nous avons connues ces dernières années ont suscité beaucoup d'angoisse, de doute, mais je suis ici pour vous aider, j'aime ce pays.»
Et il a jouté: «Mais il est très important que nous continuions d'avancer.»
Il a, par ailleurs mis en garde contre les projets de la coalition qui soutient Alberto Fernandez, Frente de Todos, qui prévoit, entre autres, la renégociation de la dette avec le FMI, le soutient à l’industrie nationale mais aussi de nombreuses promesses sociales et salariales alors même que le pays demeure extrêmement endetté:
«Il est très important que nous continuions à parler dans ce pays et à expliquer au monde ce que nous voulons, car isolés, nous n’avons pas d’avenir, nous devons faire partie du monde. Si nous n’avons pas un message clair pour nous aider, il sera difficile de construire le pays que nous voulons.»
A noter que Fernandez se présente avec un programme beaucoup plus modéré que ses prédécesseurs péronistes.