Il n’existe pas (encore) de permis pour devenir parent.
La plupart s’en réjouira, certains estimeront néanmoins qu’un
tel examen pourrait éliminer les bourreaux d’enfants et les irresponsables.
Mais depuis que les humains sont les humains, la rencontre
d’un spermatozoïde mâle et d’un ovule femelle suffit à créer un nouvel être.
Et les couples hétérosexuels n’ont donc pas besoin de se
voir délivrer un «droit à l’enfant» en règle général.
En revanche, tous ceux qui ne peuvent procréer de cette
manière (couples stériles, homosexuels, personnes seules) ont besoin de voir
reconnu ce droit à l’enfant afin de mettre au monde un être grâce à
l’intervention de la science médicale ou d’en adopter un.
Un droit qui peut se discuter en regard de ce qui ne se
discute pas: les droits de l’enfant.
Ainsi, il est une évidence qui n’est malheureusement pas
évidente pour tout le monde: l’être humain n’est pas un objet.
Donc, dès qu’il devient un être à part entière dans le
ventre de sa mère (au bout de quelques semaines, ce qui permet l’avortement
avant ce passage d’un amas de cellules à l’existence d’un humain), il a des
droits, les mêmes que ceux des autres humains, les mêmes que ceux des autres
enfants.
Bien entendu, il est encore un enfant à naître mais il ne
peut être considéré comme n’existant pas, ce qui serait une absurdité sans nom.
Or donc, son existence lui donne des droits.
Et, parmi ceux-ci, il y a celui de ne pas être
instrumentalisé par le désir d’un autre si cela peut lui porter préjudice.
C’est bien de cela que l’on doit parler quand on discute de
procréation assistée, de gestation pour autrui et d’adoption (voire dans un
avenir plus ou moins proche de la conception artificielle d’un être humain), du
droit de l’enfant à ne pas être le seul objet du désir d’un autre mais à être
considéré comme un humain dont on ne peut, par la loi, mettre éventuellement
son équilibre de vie, notamment psychologique, en danger.
Dès lors, il y a une règle qui doit s’appliquer
impérativement: le principe de précaution.
Inutile dans la plupart de ses applications prévues par la
loi actuelle (et son inscription dans la Constitution), ce principe est
indispensable là où il ne s’applique pas: le futur du nouveau-né.
Quand la ministre de la Solidarité et de la Santé, Agnès
Buzyn, ose affirmer que «le droit à la PMA ne nuit à personne», c’est, à la
fois une possible négation des droits de l’enfant à naître – qui ne serait donc
pas une personne, selon elle – et une affirmation péremptoire alors même que
les spécialistes de l’enfance ne peuvent répondre à la question parce qu’ils ne
le savent pas avec exactitude (je laisse de côté ceux qui s’appuient sur leur
opinion et non sur les preuves scientifiques, qu’ils soient pour ou contre la
PMA, la GPA et l’adoption par des couples homosexuels).
Or, si l’on ne peut répondre à la question et avant de
pouvoir le faire avec le minimum d’erreur, c’est bien le principe de précaution
qui doit s’appliquer, c'est-à-dire de ne pas permettre ce droit à l’enfant
grâce à la PMA, la GPA et l’adoption par des couples homosexuels.
Je sais bien que l’adoption est déjà légale (du fait de la
légalisation, justifiée, du mariage homosexuel) et qu’il n’est pas à l’ordre du
jour de la supprimer mais cela ne saurait la légitimer pour autant éthiquement,
moralement et philosophiquement.
En outre, la GPA, elle, doit être interdite pour tous car
elle fait de l’enfant, non plus l’objet d’un désir d’un autre mais un objet
tout court ainsi que, dans bien des cas également, de la mère porteuse une
simple matrice.
Que l’on comprenne bien que dès lors que l’on démontrera
sans équivoque que ce droit à l’enfant n’a aucune conséquence négative sur les
droits de l’enfant, plus rien ne s’opposera à ce qu’il soit accordé à ceux
auxquels il est destiné.
Ici, il n’est pas question d’une bataille entre archaïques
et modernes, conservateurs et progressistes, homophobes et défenseurs des
minorités sexuelles et que sais-je encore, comme veulent le faire croire certains,
mais bien une cause humaniste qui n’a qu’un but: le bien-être de l’enfant.
C’est en tout cas la seule position que l’on doit avoir si
l’on se considère humaniste et non membre de lobbies qui, d’un côté, n’ont qu’à
la bouche le droit à l’enfant et, de l’autre, celui de la «famille
traditionnelle» et qui n’ont que peu d’intérêt pour un enfant dont ils ont fait
un objet de revendication.
Quand l’actualisation de la loi bioéthique arrivera au
Parlement, espérons, sans trop y croire, que les représentants de la nation
lorsqu’ils parleront de PMA (qui va être autorisée selon le projet de loi dévoilé
par le Gouvernement) pour tous et de GPA (qui demeurera interdite en France) auront
cette simple équation en tête: d’abord les droits de l’enfant, ensuite le droit
à l’enfant et jamais la satisfaction de revendications de groupes de pressions
dans une démarche clientéliste, honteuse en l’espèce.