En 2016, j’avais parlé d’un clown pour caractériser Donald
Trump.
Malheureusement, j’étais très très en-dessous de la réalité.
Pour ceux qui ne peuvent suivre l’actualité des Etats-Unis,
je dirais simplement, qu’à le tête de la première puissance mondiale, il y a un
populiste démagogue, menteur, malhonnête, raciste et incompétent qui,
quotidiennement, par ses prises de parole, montre sa haine, son irrespect, ses
incapacités et certainement, comme l’ont dit de nombreux psychiatres, des
problèmes mentaux assez importants.
Pour ceux qui pensent que j’exagère le tableau, je les
renvoie très simplement aux discours mais, plus sûrement, aux milliers de
tweets que Trump a posté depuis son élection qui sont des preuves accablantes
plus que n’importe quel analyse ou éditorial à charge…
Des propos qui, quand ils ne sont pas insultants, montrent
une ignorance crasse de la réalité et des dossiers avec des réflexions qui
posent la question de sa capacité à gouverner sans parler de ceux qui ne
veulent rien dire.
Les humoristes américains s’en donnent à cœur joie,
notamment les animateurs de ces très populaires talk show qui fleurissent sur
les chaînes outre-Atlantique, comme celui de Steven Colbert sur CBS dont les
moqueries ne seraient qu’hilarantes si elles ne faisaient pas froid dans le dos
quand elles sont illustrées par les interventions remplies de mensonges, de
prises de position extrémistes, d’insultes (et de fautes d’orthographe…), souvent
sans queue ni tête, de l’hôte de la Maison blanche.
On se rappelle qu’en 1977, fut publié un ouvrage (qui fut
suivi de deux autres tomes) qui fit sensation et qui est devenu un classique
dans le genre, «Ces malades qui nous gouvernent» écrit par le journaliste
Pierre Accoce et le docteur Pierre Rentchnick.
A coup sûr, s’il était publié aujourd’hui, il y aurait un
long chapitre consacré à Trump.
Alors, quand ce dernier, le 18 juin à Orlando, annonce qu’il
sera candidat à sa succession, on frémit.
Parce qu’une fois, cela peut être due au hasard, pas deux
fois.
On fustigerait bien le peuple américain pour son
irresponsabilité et son inconséquence sauf que Trump a été battu à plate
couture en 2016 par Hillary Clinton en termes de voix, cette dernière obtenant
2,87 millions suffrages en plus que son concurrent républicain, un écart jamais
vu lors d’une présidentielle.
Bien sûr, il y a eu près de 63 millions d’électeurs qui ont
voté pour Trump, ce qui demeure une tâche indélébile sur la démocratie
américaine.
Mais, rappelons que le populiste démagogue a été mis au
pouvoir par un système électoral à deux étages (vote populaire qui désigne des
grands électeurs qui, eux, élus en rapport aux résultats dans chaque Etat et
non nationalement, choisissent le président) qui devait, dans l’esprit des
Pères fondateurs de la nation américaine, éviter l’arrivée au pouvoir d’un
personnage dangereux comme Trump!
Là où l’on peut incriminer l’ensemble des Américains est
qu’il n’y a pas eu de réelle volonté de remettre en cause ce système par une
grande mobilisation de la population sur son caractère inique même si de
nombreuses voix ont tout de même demandé son abolition.
Quoi qu’il en soit, la réélection d’un populiste démagogue,
menteur, malhonnête, raciste et incompétent serait une catastrophe démocratique
parce qu’elle démontrerait l’incapacité d’un peuple démocratique à faire des
choix réfléchis et responsables dont on rappellera avec force que tel était la
condition sine qua non de l’existence de la démocratie républicaine moderne par
ceux qui, tant aux Etats-Unis lors de l’indépendance du pays qu’en France lors
de la Révolution, l’ont théorisé et mis en place.
Pour palier, d’ailleurs, les manquements démocratiques du
peuple à l’époque, ils tablaient sur le progrès et, surtout, sur un peuple plus
savant et plus éduqué pour être à même de ne pas tomber dans le piège des
ennemis de la démocratie.
Est-il besoin de le rappeler, les peuples n’ont pas toujours
été à la hauteur de l’espoir des pères de la démocratie à travers le monde.
D’Hitler à Poutine en passant par Mussolini, Duterte, Péron,
Kazcynski, Erdogan ou Bolsonaro ou ils ont porté et continuent à porter à leur
tête des ennemis de la démocratie lors d’élections.
Et Trump peut malheureusement leur être associé dans une
large mesure.
Les Etats-Unis, grâce à des institutions solides et
anciennes (le pays est, ne l’oublions, non seulement, la première démocratie
républicaine moderne mais aussi celui qui n’a jamais connu d’autre système
depuis son existence), ont réussi pour l’instant à ne pas sombrer dans une
dictacratie (terme que je préfère à démocrature), voire pire.
Mais quid en cas de réélection?
Aujourd’hui, c’est un centriste qui est en tête des
intentions de vote dans les sondages, l’ancien vice-président de Barack Obama,
Joe Biden avec une marge très importante (entre 10 et 13 points d’avance sur
Trump).
Ce qui est une bonne nouvelle.
Mais il se trouve qu’aucun favori n’a jamais gagné les
présidentielles américaines depuis 1964 et Lyndon Johnson.
De même, tous les présidents qui ont sollicité un deuxième
mandat de leurs électeurs depuis la fin de la Deuxième guerre mondiale l’ont
obtenu sauf deux, Carter et George Bush père.
Alors, on attendra le 3 novembre 2020, voire le 4 au matin,
pour pousser un soupir de soulagement en constatant que les Américains auront
chassé du pouvoir celui qui n’aurait jamais du y être dans une démocratie digne
de ce nom.