Dans une tribune publiée ce dimanche dans le JDD et intitulée
«Qui est prêt à faire passer son pays avant son parti?», trois responsables de LREM
– Marlène Schiappa, secrétaire d’Etat à l’égalité hommes-femmes, Laurent
Saint-Martin, député et responsable de la prospective et Olivia Grégoire,
députée et responsable des études – appellent les Français de tous horizons politiques
à rejoindre la majorité présidentielle pour soutenir le programme d’Emmanuel Macron.
Comme on pourra le lire ci-dessous, ces responsables qui ont
la légitimité pour intervenir dans la débat idéologique, reviennent à cette idée
que le projet politique du Président de la République serait une sorte d’objet non-identifié
parce que non-partisan (et donc pouvant réunir tout le monde), une rhétorique déjà
utilisée en son temps par le Gaullisme, entre autres.
Cette idée que la majorité présidentielle serait «ailleurs» est
évidemment fausse parce que, rappelons-le encore une fois, l’échelle gauche-centre-droite
a seulement été adoptée pour permettre aux citoyens de se repérer dans les programmes
et les projets politiques et de pouvoir voter avec le plus de clarté possible.
Affirmer qu’elle n’existe plus est une supercherie.
En revanche, dire qu’il y a un axe central progressiste, défenseur
de la démocratie républicaine, qui fait face à des nationalismes populistes et extrémistes
de gauche et de droite est une réalité du moment qui ne gomme pas l’échelle gauche-centre-droite
mais se surajoute à celui-ci.
LREM est aujourd’hui le parti pivot de cet axe central dont le
cœur se trouve au centre.
Voilà la tribune publiée dans le JJD:
En 2016, sous l’impulsion d’Emmanuel Macron, nous avons pris
une part active à la recomposition politique de la France en nous engageant,
comme beaucoup d’autres, au sein d’un mouvement nouveau : En marche. Avec les
élections européennes, les Français ont renvoyé les partis traditionnels
au-dessous de 10% et confirmé leur souhait de poursuivre cette recomposition.
Le traditionnel clivage gauche-droite doit être dépassé pour une majorité de
nos concitoyens, et cela ne date ni des européennes ni de la dernière
présidentielle. Voilà des années que déçus et délaissés de la politique se
prononcent en faveur de l’abstention ou des partis extrêmes.
'Le réel cogne', disait joliment Lacan. Notre réalité
électorale en France cogne peut-être, mais elle est celle-là. De nombreux
économistes l’ont d’ailleurs récemment démontré : la disparition du clivage
droite-gauche précède l’élection, elle est fondée sur un nouvel axe autour de
la notion de progrès.
Nous croyons fermement que la recomposition politique en
cours doit ouvrir et non rétrécir, intégrer plutôt que rejeter. Si affirmer
simplement 'nous sommes de droite' avait encore un sens, alors François-Xavier
Bellamy aurait gagné les élections européennes. Si déclarer "nous sommes
de gauche" suffisait à convaincre les électeurs de gauche, alors Raphaël
Glucksmann aurait largement dépassé les 20%.
Si chacun de nous s’est engagé dans La République en marche,
ce n’est certainement pas pour réactiver les anciens clivages
La recomposition politique ne doit pas être une
reconstitution coalisée de ligues dissoutes de tout bord ou de boutiques
politiciennes en faillite. Elle est bien plus ambitieuse que cela. Si chacun de
nous s’est engagé dans La République en marche, ce n’est certainement pas pour
réactiver les anciens clivages. C’est pour ouvrir la politique aux citoyens,
pour engager la société civile aux responsabilités, pour développer des
politiques publiques ancrées dans le réel, pour répondre concrètement aux
grands enjeux du siècle, l’écologie, l’égalité, la transition digitale, et pour
remettre l’humain au centre des décisions. En bref, pour penser et faire au
service de la prochaine génération, plutôt qu’au service des prochaines
élections.
Nous ne sommes pas 'en même temps' parce que nous
additionnerions des gens de droite, de gauche et du centre, mais parce que
chacun de nous se retrouve dans des valeurs qui ont longtemps été cataloguées
comme telles.
Quand le principal parti de droite ne défend plus l’ordre
public et cautionne les manifestations violentes, l’ordre public est-il encore
un principe de droite? Quand le principal parti de gauche ne se réjouit pas de
la baisse factuelle du taux de chômage, la défense des travailleurs est-elle
encore un principe de gauche?
La République en marche n’a pas vocation à diviser en
courants mais à élargir
Défendre à la fois l’égalité et la liberté, vouloir en même
temps plus de solidarité et plus de performance, sortir des dialectiques
anciennes pour promouvoir l’émancipation et la lutte contre les inégalités de
destin, telles sont nos obsessions. Et notre intuition est que la destination
politique importe bien plus que l’origine.
La République en marche n’a pas vocation à diviser en
courants mais à élargir. Que vous veniez de LR, d’EELV, du PS ou du Parti
animaliste, tout ce qui nous intéresse, c’est : êtes-vous prêts à faire passer
votre pays avant votre parti? Êtes-vous prêts à porter et défendre des idées,
peu importe leur provenance, au service des Français?
Si oui, alors venez marcher avec nous. Nous ne serons pas
d’accord sur tout : c’est ce qui fait (encore) la beauté du débat d’idées. Mais
nous serons rassemblés sur une destination.