La liste Renaissance n’a pas terminé en tête des élections
européennes du 26 mai et l’UDI a complètement perdu son premier pari électoral
en ne passant pas la barre des 3% de voix et obtenant aucun député au Parlement
européen.
Pourtant, le bilan électoral et politique est très loin
d’être mauvais pour le Centre.
On peut même avancer qu’il s’agit d’une victoire pour les
centristes.
Un paradoxe qui n’en est pas un si l’on fait l’analyse de ce
scrutin.
1) Le Centre
principal mouvement politique devant l’extrême-droite, la Droite, l’écologie politique et la Gauche
Si l’on additionne les résultats des
deux listes centristes en lice pour ces élections – 22,41% pour la liste
Renaissance de LREM et du MoDem et 2,50% pour la liste Les Européens de l’UDI –
avec un total de 24,91% des voix, le Centre a remporté les élections européennes
en France.
Il devance ainsi l’extrême-droite (avec
23,98% dont 23,31% pour le RN, 0,65% pour Les patriotes, 0,01% pour La ligne
Claire et 0,01% pour l’Alliance royaliste), l’écologie politique (avec 15,29%
dont 13,47% pour EELV et 1,82 pour Génération écologie), la Droite et la droite
radicale – que l’on ne peut plus distinguer à l’heure actuelle au vu du
positionnement de LR (avec 13,16% dont 8,48% pour Les républicains, 3,51% pour
Debout la France et 1,17% pour l’UPR), l’extrême-gauche et la gauche radicale –
que l’on ne peut pas, non plus, distinguer pour l’instant (avec 9,59% dont 6,31%
pour la France insoumise, 2,49% pour le PC, 0,78% pour LO et 0,01% pour les
Communistes révolutionnaires) et la Gauche (avec 9,46% dont 6,19% pour le Parti
socialiste et 3,27% pour Génération.s).
Avec un quart des voix à ces
élections marquées par une forte abstention comme à chaque fois pour des
scrutins européens mais néanmoins une participation au-dessus de 50%, en forte
hausse par rapport à 2014, le Centre ne peut, certes, pas exulter mais il peut
affirmer sa place centrale dans le débat politique ce qui n’est pas un mince
exploit si l’on se rappelle d’où il vient.
Rappelons qu’en 2014, lors des européennes, le Centre,
regroupé sous l’étiquette l’Alternative avait obtenu 9,94% des suffrages, soit
quinze points de moins et s’était classé loin derrière l’extrême-droite,
la Droite et la Gauche.
Par rapport au premier tour de la présidentielle de 2017 où Emmanuel
Macron avait obtenu 24,01% des voix, on constate, à tout le moins une certaine
stabilité.
Car, si l’UDI avait alors appelé à voter pour le candidat
LR, François Fillon, nombre de ses électeurs avaient choisi l’actuel Président
de la République.
2) Une place centrale dans le débat politique
Alors que c’est essentiellement par rapport aux idées populistes
de l’extrême-droite et de la droite radicale anti-européennes que la
conversation sur l’Union européenne s’était structuré ces dernières années, il
y a eu un net rééquilibrage lors de la campagne 2019 où les débats ont souvent
eu pour base le positionnement centriste d’Emmanuel Macron (notamment son
discours de la Sorbonne et sa lettre aux Français et aux européens) mais
également les propositions de la liste Renaissance (comme par exemple le Smic
européen, l’actualisation de l’accord de Schengen ou la Banque du climat) ou
même de la liste Les Européens (comme la suppression des contributions
financières étatiques au budget de l’UE).
3) Avec l’affaiblissement de la Droite et une Gauche
toujours déchirée, le Centre est le seul courant politique à se poser en
défenseur solide et intransigeant de la démocratie républicaine face aux
extrémismes et populismes de gauche et de droite.
Le Centre est ainsi devenu le cœur même de l’axe central
progressiste (qui va des libéraux de droite aux sociaux libéraux de gauche en
passant par les libéraux sociaux du centre).
Dès lors, cette élection européenne peut être un nouveau
jalon sur l’émergence d’un axe central pro-démocratique et pro-républicain, où
les centristes doivent jouer un rôle de moteur essentiel et qui devra, dans les
années qui viennent mener un combat crucial contre les extrémismes et les
populismes démagogiques tant à l’intérieur de la France, de l’espace européen
que dans le monde.
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC