Emmanuel Macron |
Présent à Biarritz où va se dérouler le G7 (regroupant les
sept pays démocratiques les plus riches), Emmanuel Macron a répondu aux
questions des journalistes, notamment sur les élections européennes où il a
indiqué qu’il s’impliquerait pour défendre l’Union européenne et son avenir.
Mais, une dernière question lui a été posée sur le mouvement
de foule des gilets jaunes et de la poursuite, par quelques uns des
manifestations du samedi.
Dans la réponse diffusée par la plupart des médias, sa
réponse a été complètement tronquée pour apparaître comme une provocation à
l’encontre du mouvement et de ceux qui y participent ou y ont participé.
Au-delà d’une conception particulière du journalisme, cette volonté
de créer la polémique voire de susciter des réactions violentes n’est pas à l’honneur
de ceux qui ont publié ces comptes-rendus manipulés dans l’atmosphère politique
du moment.
► Les comptes-rendus ces médias (nous avons choisi trois
d’entre eux, un de gauche, un de droite et un du service public)
- Voici ainsi comment le quotidien Le Monde a fait le compte
rendu de ses propos sur son site web:
«A la veille du 27e samedi de mobilisation des ‘gilets jaunes’,
et dans un contexte d’affaiblissement du mouvement, le président de la
République, Emmanuel Macron, a jugé, vendredi 17 mai, qu’il avait
fait sa ‘part de travail’ pour répondre à cette contestation sociale inédite
qui dure depuis six mois.
Le chef de l’Etat, qui était en déplacement à Biarritz, a
estimé qu’il avait ‘apporté des réponses aux Françaises et aux Français sur ce
qui avait conduit à ce mouvement’, évoquant les mesures annoncées dans le cadre
du grand débat, celles du 10 décembre puis lors de la conférence de presse
du 25 avril. ‘Je crois que [pour] celles et ceux qui continuent
aujourd’hui [à manifester], il n’y a plus de débouché politique’, a-t-il
ajouté.
A une semaine des élections européennes, le président a
aussi appelé ‘au calme’ ceux qui continuent à manifester, les invitant à voter,
voire à se présenter aux élections. ‘C’est beaucoup plus difficile de proposer
un projet “pour” que d’être contre tout le reste. On n’avance pas en étant
contre’, a poursuivi M. Macron.
‘Que celles et ceux qui ont une autre vision de ce que doit
devenir le pays la dessinent politiquement, lui donnent forme et se présentent
aux élections. Mais la démocratie, ça ne se joue pas le samedi après-midi’,
a-t-il insisté, appelant chacun à ‘retrouver le cours de sa vie, exprimer ses
divergences d’opinion, le faire librement et le faire en particulier dans les
temps que prévoit la démocratie, ceux du vote’.»
- Voici l’article publié sur le site de franceinfo (radio et
télévision) qui est presque identique à celui du Monde:
«Pour Emmanuel Macron, le mouvement des ‘gilets jaunes’ n'a ‘plus
de débouché politique’. Le président de la République a fait cette déclaration,
vendredi 17 mai, à Biarritz (Pyrénées-Atlantiques), à la veille des six mois du
premier samedi de mobilisation du mouvement. ‘Je considère que j'ai apporté les
réponses aux Françaises et aux Français sur ce qui avait conduit à ce
mouvement, le 10 décembre et dans la conférence de presse que j'ai donnée. Je
crois que celles et ceux qui continuent aujourd'hui à faire cela, il n'y a plus
de débouché politique’, a-t-il justifié.
‘Nous avons fait notre part du travail, je pense que
maintenant, chacun doit aller voter aux élections, quand il porte des idées, se
présenter aux élections et c'est beaucoup plus difficile de proposer un projet
pour que d'être contre tout le reste. On n'avance pas en étant contre.
Aujourd'hui, je vois beaucoup de gens qui sont contre’, a poursuivi Emmanuel
Macron. ‘Que celles et ceux qui ont une autre vision de ce que doit devenir le
pays, la dessinent politiquement, lui donnent forme et se présentent aux
élections. La démocratie, ça ne se joue pas le samedi après-midi’.»
- Voici maintenant la publication sur le site du quotidien
Le Figaro, identique aux deux autres exemples (la matière venant
essentiellement de l’AFP alors même qu’une vidéo des propos du chef de l’Etat
était disponible):
«Emmanuel Macron estime que le mouvement des Gilets jaunes
n'a "plus de débouché politique", six mois après le début de la contestation
sociale. "Je considère pour ma part que j'ai apporté des réponses aux
Françaises et aux Français sur ce qui avait conduit à ce mouvement, à la fois
le 10 décembre et dans la conférence de presse que j'ai donnée. Je crois que
(pour) celles et ceux qui continuent aujourd'hui (à manifester), il n'y a plus
de débouché politique. Nous avons fait notre part de travail, maintenant chacun
doit aller voter aux élections, et quand il porte des idées, se présenter aux
élections", a-t-il ajouté, lors d'un déplacement à Biarritz.
"Mais c'est beaucoup plus difficile de proposer un
projet 'pour' que d'être contre tout le reste". "On n'avance pas en
étant contre", a poursuivi le chef de l'Etat. "Là aujourd'hui je
vois beaucoup de gens qui sont contre, donc j'appelle tout le monde au calme.
Il y a trop de violence dans notre société, il faut que chacun retrouve la
juste mesure", a-t-il déclaré.
"Que celles et ceux qui ont une autre vision de ce que
doit devenir le pays, la dessinent politiquement, lui donnent forme et se
présentent aux élections. Mais la démocratie ça ne se joue pas le samedi
après-midi", a-t-il insisté, appelant chacun à "retrouver le cours de
sa vie, exprimer ses divergences d'opinion, le faire librement et le faire en
particulier dans les temps que prévoit la démocratie, ceux du vote".»
► Et voici maintenant les déclarations d’Emmanuel Macron in
extenso:
«Moi, je m’adresse aux Français et aux Français, j’ai
toujours eu cette règle. J’ai un profond respect pour les femmes et les hommes
qui ont mis un gilet jaune, essentiellement il y a six mois, pour défendre leur
vie, leur dignité, expliquer que leur vie était devenue impossible voire
bloquée. Je considère que j'ai apporté les réponses aux Françaises et aux
Français sur ce qui avait conduit à ce mouvement, le 10 décembre et dans la
conférence de presse que j'ai donnée. Je crois que celles et ceux qui
continuent aujourd'hui à faire cela, il n'y a plus de débouché politique.
Nous avons fait notre part du travail, je pense que
maintenant, chacun doit aller voter aux élections, quand il porte des idées, se
présenter aux élections et c'est beaucoup plus difficile de proposer un projet
pour que d'être contre tout le reste. On n'avance pas en étant contre.
Aujourd'hui, je vois beaucoup de gens qui sont contre.
J’appelle au calme. Je pense qu’il y a trop de violence aujourd’hui dans notre société.
Il faut que chacun dans notre société retrouve la juste
mesure.
Il y a là une élection qui permet à nos concitoyens de s’exprimer
sur les sujets européens. Il y en aura ensuite, chaque année, sur des sujets locaux
puis il y aura des élections présidentielle et législatives.
Que celles et ceux qui ont une autre vision de ce que doit
devenir le pays, la dessinent politiquement, lui donnent forme et se présentent
aux élections.
La démocratie, ça ne se joue pas le samedi après-midi. La
démocratie, c’est beaucoup plus important, beaucoup plus fort et parfois en
même temps fragile et donc il faut savoir la préserver en se donnant des
règles. Moi je tiens à l’ordre public, je tiens à la concorde républicaine et
je pense que maintenant chacun doit retrouver le cours de sa vie, exprimer ses
divergences d’opinion, le faire librement et le faire dans les temps que
prévoit la démocratie qui sont ceux du vote.»
Chacun jugera de la qualité de ces comptes-rendus médiatiques
et de la volonté ou non de donner une tonalité différente de ce qu’ils sont aux
propos du Président de la République.