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François Bayrou & Emmanuel Macron |
C’est un Bayrou pro-Macron dithyrambique et lyrique que l’on
a vu ce dimanche sur le plateau de BFMTV.
Même si le discours du président du MoDem envers son allié,
le Président de la République, s’était déjà adouci ces derniers temps passant
d’un soutien «vigilant» à un soutien «sans réserve» (après avoir surfé quelque
peu sur le mouvement de foule des gilets jaunes), l’emphase des propos entendus
sans ces «en même temps» critiques et automatiques sur l’exercice du pouvoir
d’Emmanuel Macron est une nouveauté.
Pour bien s’en rendre compte, voici un extrait de son
interview:
«Les choses apportées par le Président de la République, ce
sont les choses les plus profondes que l'on pouvait imaginer.
La France, au fond, est à la recherche de ce que j'ai appelé
un grand projet national, quelque chose qui puisse nous permettre à la fois de
saisir tout ce que le monde contemporain offre de chances technologiques,
scientifiques et en même temps de trouver un sens à notre vie ensemble et que,
dans cette vie que nous partagerons dans les années qui viennent, chacun ait sa
chance.
Et vous dites que ce n'est pas une révolution. C'est une
révolution.
[Ce n’est] pas seulement l'ensemble des mesures, mais la
philosophie qui porte ces mesures [qu’il] a résumée lui-même dans une formule:
‘le progrès pour tous en demandant le meilleur à chacun’.
Vous voyez bien, c'est au fond la réponse à toutes les
critiques apportées, y compris par les gilets jaunes. Certains avaient ou
entretenaient le sentiment, mais si j'ose dire c'est la politique, qu'au fond
ce qu'avait choisi Emmanuel Macron, c'était une société individualiste pour les
plus forts.
Il s'est expliqué exactement sur ce point en disant que, ce
qui compte, c’est à la fois d'utiliser toute l'énergie que peut apporter la
compétition, le fait que les gens veuillent inventer, innover, pour la
solidarité la plus concrète, pratique, de terrain, de la vie de tous les jours.
Mais, cela, c'est plus qu'un grand projet national. Si vous
y réfléchissez bien, c'est la réponse, si on arrive à la mettre en œuvre, aux
grandes inquiétudes de toutes les démocraties occidentales qui se traduisent
assez souvent par de l'extrémisme, assez souvent par ce que vous appelez
populisme, assez souvent par Donald Trump, par le Brexit, par ce qui se passe
en Italie.
Là, c'est au contraire un projet de société qui se porte
vers ce que nous avons de plus précieux parmi nos raisons d’agir.
(…) Bien sûr que c'est un défi. Et la preuve, c'est qu'il
n'a jamais été réalisé nulle part aujourd'hui et que donc la volonté de relever
ce défi-là, c'est extrêmement important. C'est sans précédent.
Cela répond, comme je le disais, à toutes ces inquiétudes
sourdes dans lesquelles on vit.»
Si l’on n’avait pas indiqué plus haut que celui qui parlait
était François Bayrou, personne n’aurait sans doute cité le président du MoDem
et aurait plutôt parié sur la porte-parole de l’Elysée ou de LREM!
Mais pourquoi ce nouveau ton?
Certains diront que Macron fait désormais du Bayrou ou, en
tout cas, se retrouve sur la même longueur d’onde pour un «nouveau projet
national» que semble vouloir mettre en place l’hôte de l’Elysée et que réclame
depuis des mois le maire de Pau.
Bien entendu, ce «nouveau» demeure encore flou des deux
côtés mais la rhétorique semble la même.
Dès lors, plus besoin de ruer dans les brancards pour Bayrou
mais de récolter les lauriers de sa lucidité et de se poser en un possible
successeur d’Edouard Philippe à Matignon.
D’autres affirmeront, plus prosaïquement, que le leader du
Mouvement démocrate ne peut pas, dans ces temps incertains et alors que des
élections se profilent le 26 mai prochain, jouer contre son camp au risque de
conséquences qu’il serait bien obligé d’assumer.
Néanmoins, il faut remettre un peu les choses en
perspective.
Si le Président de la République a fait son mea culpa sur
certains de ses propos, de ses comportements et des mesures prises comme la fin
de l’indexation des petites retraites, il n’a pas changé son discours et de
projet.
Il a seulement été l’objet d’attaques très dures, voire
virulentes et mensongères, venues, à la fois, des extrêmes populistes, du
«vieux» monde politique et des médias qui a été un terreau pour un mouvement de
foule – certes soutenu un temps dans ses demandes démagogiques par une majorité
de sondés – qui a été monté en épingle par nombre de journalistes et de
politiciens alors qu’au plus fort de sa mobilisation, il n’a même pas
représenté 0,5% de la population française.
Reste que, alors que Macron fêtera bientôt les deux ans de
sa victoire à la présidentielle, Bayrou a peut-être enfin compris que la survie
de la majorité présidentielle et donc de son parti (qui n’a eu d’élus que grâce
aux largesses de LREM, obéissant aux ordres du Président de la République)
passait par un soutien réel et non plus celui qui avait souvent plus l’air
d’une défiance, voire d’une opposition et qui faisait le bonheur des médias qui
attendaient à chacune de leurs invitations de celui-ci, la petite phrase assassine.
Quoi qu’il en soit, le soutien de Français Bayrou à Emmanuel
Macron semble, en ce jour, total.
Jusqu’à ses prochaines déclarations?...
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC