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Jean-Christophe Lagarde |
Il suffit de se rendre sur le site dédié à la liste Les
Européens que l’UDI a mis en ligne pour se rendre compte du malaise dans lequel
se trouve actuellement le parti centriste qui, avec des intentions de vote
entre 1,5% et 2,5% reste dans les derniers de la classe, souvent supplanté
par les listes Les patriotes, PC, Gilets jaunes voire UPR et flirte avec celui
de Lutte ouvrière…
Un site qui annonce dans son menu les noms des candidats sur
la liste mais où on ne trouve que les six premiers alors même que la moitié
d’entre eux (les listes compteront 79 candidats soit autant de sièges dévolus à
la France) a déjà été dévoilée!
Un site qui nous propose de nous tenir au courant des
événements de campagne et dont la rubrique, à ce jour, est… vide alors même que
celui qui la conduit, Jean-Christophe Lagarde, se démène aux quatre coins de la
France dans des réunions pour maintenir la flamme!
Un site qui nous propose les actualités de la campagne mais
qui renvoie… à la page des actualités de l’UDI!
La seule rubrique qui est remplie est celle du projet (dont
nous avons parlé ici) mais il faut dire qu’il s’agissait de le télécharger une
fois pour toute et non pas d’en assurer le fonctionnement quotidien!
Oui, un site qui est à l’image de cette campagne atone, sans
dynamique et qui intéresse peu les médias et pratiquement pas les électeurs.
Bien sûr, il reste un peu plus d’un mois pour que la
tendance s’inverse mais on ne voit pas pourquoi ce serait le cas.
D’abord parce que l’UDI est ici dans les étiages de sa
réalité électorale depuis sa création, réunissant nationalement autour de 2 à 3%
des électeurs et l’on ne voit pas pourquoi, pour ces élections européennes, il
en serait autrement.
Ensuite parce que la campagne est uniquement centrée sur la
personne du président de l’UDI (qui, c’est vrai, joue gros), une sorte de culte
de la personnalité que les adversaires centristes de Lagarde ont toujours
dénoncé, et que le reste de la liste n’est constituée que d’illustres inconnus,
que de fidèles apparatchiks de Lagarde et de chevaux sur le retour comme le
fils de Valéry Giscard d’Estaing.
On est loin d’une liste trans-parti avec des personnalités
de premier plan venues de tous les horizons politiques promises par ledit
Lagarde…
Puis parce que le même Lagarde montre ici, malgré une nette
amélioration dans la structuration de ses propos, ses limites tant dans son
charisme que dans ses attaques souvent sous la ceinture et minables de ses
opposants ou même de ceux avec qui il est sur la même longueur d’onde (Emmanuel
Macron, par exemple, en ce qui concerne le projet européen).
Enfin, parce que, contrairement à ce que pensaient les
dirigeants de l’UDI, les européennes de 2019 seront avant tout dominée par le
vote utile.
Ainsi, même s’il s’agit de proportionnelle, même si la
politique nationale ne sera pas impactée (aucune défaite aux européennes du
parti majoritaire à l’Assemblée nationale n’a eu une quelconque incidence sur
la politique gouvernementale) et donc que le risque des électeurs de montrer
leur mécontentement est limité dans ses conséquences politiques, c’est bien,
dans une période incertaine au niveau mondial et évidemment national, une façon
de montrer qui l’on soutient vraiment et non qui l’on veut sanctionner.
Du coup, l’espace électoral de l’UDI pour ces élections se
réduit à son espace… traditionnel, rien de plus, rien de moins.
N’oublions pas, enfin, que l’UDI s’est fourvoyée elle-même
en faisant de l’opposition systématique au Président de la République et à son
gouvernement (n’en déplaise à son leader qui essaye de convaincre du contraire)
et qu’elle s’est fermée elle-même la porte pour se retrouver sur une liste de
l’axe central (la liste Renaissance conduite par Nathalie Loiseau, une
juppéiste de longue date) où se retrouve le parti Agir avec lequel elle a un
groupe commun à l’Assemblée nationale!
L’illisibilité politique de l’UDI en la circonstance (et
dans d’autres…) ne joue certainement pas en sa faveur.
Reste que, lors du scrutin, en cas de score aussi bas que
les intentions de vote actuelles des sondages, gageons que les adversaires de
l’UDI poseront la question de savoir comment un parti qui a des scores aussi
bas peut avoir tant d’élus à l’Assemblée nationale (21 députés revendiqués*) et
au Sénat (28 sénateur revendiqués*) alors que d’autres qui réalisent des scores
identiques voire supérieurs n’en ont aucun…
Oui, Jean-Christophe Lagarde a pris un très gros risque pour
son parti.
Est-il prêt à en assumer les responsabilités en cas de
débandade?
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC
(*) Il est difficile de connaitre exactement le nombre des
élus UDI à l’Assemblée nationale et au Sénat parce qu’ils font partie de
groupes mélangés (avec Agir et des apparentés à l’Assemblée, avec le MoDem et
des apparentés au Sénat) et que la comptabilité officielle du parti a souvent
été de gonfler le nombre d’élus encartés en s’appropriant quelques apparentés
notamment.