Affiche de la liste Renaissance |
Les
deux leaders de la liste centriste Renaissance de La république en marche et du
Mouvement démocrate ont publié une tribune libre dans le quotidien Libération.
Dans celle-ci, intitulée «Européennes: quelles années 30
voulons-nous?», Nathalie Loiseau et Pascal Canfin plaident pour une refondation
de l’Europe qui tourne le dos aux vieux démons du nationalisme et s’ouvre à cette
«Europe puissance» qui «respectée pour tirer la mondialisation vers le haut
grâce à ses champions économiques de demain mais aussi ses standards sociaux et
environnementaux; qui aura organisé la fin de la grande évasion fiscale qui
mine notre pacte social; qui aura relevé le défi migratoire en ayant à la fois
protégé ses valeurs et ses frontières et qui aura préservé la paix et l’unité
sur le continent.»
C’est dire l’ambition européenne qui anime Renaissance d’autant
que l’euro-scepticisme règne largement dans les 27 pays de l’UE.
Mais ce fort tropisme pro-européen est bien celui que portait
Emmanuel Macron pendant la campagne présidentielle de 2017 et qu’il n’a pu développer
devant les résistances nombreuses des partenaires de la France.
Voici le texte de la tribune:
La campagne des élections européennes est lancée. Et la
grande question à laquelle les Français, et les Européens, vont répondre est
très claire : quelles années 30 voulons-nous? Les années 1930, où les
nationalistes prennent progressivement le contrôle jusqu’à ce que l’Europe se
fragmente et que tout finisse mal? Ou les années 2030, où nous aurons construit
une Europe qui lutte efficacement contre le dérèglement climatique, qui aura su
faire de sa force commerciale – l’Union est le premier marché du monde – une
puissance respectée pour tirer la mondialisation vers le haut grâce à ses
champions économiques de demain mais aussi ses standards sociaux et
environnementaux; qui aura organisé la fin de la grande évasion fiscale qui
mine notre pacte social ; qui aura relevé le défi migratoire en ayant à la fois
protégé ses valeurs et ses frontières et qui aura préservé la paix et l’unité
sur le continent.
Pour construire l’Europe de 2030, l’Europe doit à la fois
s’affirmer et se transformer. Notre projet fait de l’urgence climatique sa
première priorité. Nous serons sur tous les fronts pour gagner cette bataille.
Nous proposerons un pacte de soutenabilité environnementale pour compléter
l’actuel pacte de stabilité. Nous léguons en effet deux dettes à nos enfants et
nos petits-enfants : une dette financière et une dette écologique. L’Europe
s’est fixé des règles communes pour maîtriser la dette financière publique.
Elle doit maintenant en faire autant pour maîtriser puis réduire notre dette
écologique. Nous nous battrons pour la création d’une banque du climat qui
financera les investissements dont les Européens ont besoin, pour mieux isoler
leurs maisons, développer les infrastructures vertes dans les transports, les
énergies renouvelables, etc. L’ensemble des institutions financières de
l’Europe doivent être mobilisées pour combattre le changement climatique et le
budget européen doit être à 100% compatible avec l’accord de Paris. Dans ce
budget, nous voterons pour une Politique agricole commune qui permette aux
agriculteurs d’avoir plus de revenus, d’accélérer la transition écologique, et
de se protéger contre la concurrence déloyale de ceux qui ne respectent pas les
mêmes exigences que nous.
Construire la puissance européenne, c’est mettre fin à la
naïveté économique et commerciale. Emmanuel Macron l’a démontré récemment en
recevant le président chinois Xi Jinping aux côtés d’Angela Merkel et de
Jean-Claude Junker: notre voix porte quand nous sommes unis face aux grandes
puissances du monde. Nos normes sociales et environnementales ne sont pas une
contrainte, elles sont un choix et une protection. Nous devons les revendiquer,
les assumer et les exporter. C’est pourquoi nous souhaitons que les produits
qui ne respectent pas les règles du jeu les plus évidentes de l’environnement
et du droit du travail ne puissent pas être mis en concurrence avec ceux qui
sont fabriqués en Europe. Et nous saluons la prise de position du président de
la République, s’opposant à la signature d’un accord de libre-échange avec un
pays qui est sorti de l’accord de Paris sur le climat.
La cohérence de notre projet européen, c’est aussi de mettre
fin à l’absurde concurrence sociale et fiscale entre nous. L’une des grandes
victoires de la France en Europe depuis deux ans a été de modifier les
règles sur les travailleurs détachés pour que le salaire versé à un travailleur
européen travaillant en France soit le même que pour un Français. Au Parlement
européen, nous nous battrons pour la création de salaires minimaux européens et
pour que les grandes entreprises paient leur juste part d’impôt. Il nous est
insupportable de constater qu’Amazon par exemple paie 14 points d’impôts de
moins que le boulanger chez qui nous achetons tous les jours notre pain.
Cette ambition, nous aurons les moyens de la mener à bien.
Car les élus de la liste Renaissance seront au cœur de la refondation du
Parlement européen. Le soutien des Français à cette ambition nous permettra de
redonner à l’Europe sa vocation : celle d’un projet de liberté, de protection
et de progrès.