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Stanislas Guerini & Emmanuel Macron |
Stanislas Guerini, le délégué général de LREM, en est
convaincu:
«Incontestablement, il y aura un avant et un après Gilets
Jaunes. Un avant et un après Grand Débat. Cela nous a montré qu’il y a un goût
d’être, d’agir ensemble. Les Français aspirent davantage qu’à être des salariés
et des consommateurs, des contribuables et des usagers. Ils veulent être des
citoyens, et des citoyens acteurs, pas des citoyens spectateurs. C’est à dire
agir. Et l’Etat n’a pas le monopole de la transformation. Nous pouvons y
prendre une part importante.»
Et il estime même que «notre démocratie est inachevée».
En outre, il dresse un tableau négatif de la situation actuelle:
«Aujourd’hui, le déclassement de certains territoires, la
crise écologique, des décennies de chômage de masse, la dépendance… tout cela
obscurcit notre avenir et vient toucher ce qui nous est le plus cher: nos
familles, nos enfants, nos aînés, nos lieux de vie.»
Alors, dans le cadre du Grand débat, le parti majoritaire
fait des propositions de «transformations» du pays au Président de la
République et au Gouvernement autour de trois «grands chantiers»:
«Le premier, c’est de permettre aux Français de reprendre
leur destin en main, de les remettre au cœur de notre démocratie. Le deuxième,
c’est de répondre aux inquiétudes profondes qu’ils ont exprimé face à l’avenir,
de rebâtir un agenda positif du changement. Le troisième, c’est de lutter
contre ce sentiment d’injustice qui ronge notre pays.»
Voici les principales propositions faites par Stanislas Guerini
lors de son discours à Chartres, le 10 mars, devant les adhérents de LREM.
- Institutions et vie démocratique:
Nous voulons d’abord permettre aux Français de reprendre
leur destin en main. D’abord leur destin politique – Je crois que c’est par là
que tout doit commencer, c’est la première réponse que nous devons apporter car
ça sera aussi la plus pérenne, celle qui démontrera que notre pays n’a, en
effet, pas repris le «cours normal de son existence». Parce que, malgré le vent
de renouveau que nous avons fait souffler sur l’Assemblée nationale en grande
partie grâce à vous tous, trop de Français continuent encore de se sentir
insuffisamment représentés par leurs élus. Et c’est pour cela que nous
souhaitions déjà introduire une dose de proportionnelle et de limiter le cumul
des mandats dans le temps. Pour cela aussi que nous proposons aujourd’hui que
le vote blanc soit pris en compte. Je crois que c’est une attente forte des
Français. Mais améliorer notre démocratie représentative c’est aussi améliorer
son efficacité. Ce que nous vivons c’est une crise des résultats. Alors redoublons
d’efforts, et donnons enfin, pour de bon, plus de moyens d’évaluations au
Parlement. La sortie du Grand Débat ça ne peut pas être l’effacement du
Parlement, la disparition de la Démocratie représentative. Elle doit en sortir
renforcée.
Mais il faut lui redonner de l’oxygène. Et reconnaissons-le,
notre démocratie est inachevée parce que les citoyens ne sont pas assez
associés à l’élaboration de la loi. Vous le savez, je ne suis pas un partisan
du Référendum d’Initiative Citoyenne. Le RIC, c’est une sorte roulette russe de
la démocratie. Avec le RIC, les politiques seraient en campagne perpétuelle au
lieu de travailler pour les Français. Et ils n’auraient plus à être tenus
responsables de leurs actes, puisqu’ils ne vivraient plus que de promesses. En
revanche, il y a urgence à trouver des moyens pour que les citoyens puissent
être davantage partie prenante de la vie publique.
C’est pour cela que nous proposons d'instaurer ces
propositions de lois d'initiative citoyenne. Dès qu’un sujet mobilise plus d’un
million de citoyens, une conférence de consensus composée de citoyens tirés au
sort pourrait se réunir pendant plusieurs semaines et auditionner des experts,
afin d’élaborer un projet de loi qui serait ensuite examiné par le Parlement.
C’est cela la démocratie délibérative, elle pourra vivre davantage au Conseil
Economique Social et Environnemental qui doit être repensé véritablement comme
l’espace de cette démocratie délibérative. Je suis convaincu que la réponse ce
n’est pas de mettre les pouvoirs en concurrence, ou de faire vivre un mythe de
la Démocratie directe mais au contraire de faire en sorte que la démocratie
représentative et cette démocratie délibérative, elles ne s’opposent pas, elles
se nourrissent et se renforcent mutuellement.
Permettre aux Français de reprendre en main leur destin,
c’est aussi encourager leur engagement. Du Service National Universel (SNU), on
nous avait dit: «cela ne se fera jamais, trop cher, vous vous heurterez à
toutes les résistances.» Aujourd’hui, ce beau projet républicain est en marche.
Et l’on a d’ailleurs proposé que le permis de conduire, ce sésame de la
mobilité, soit payé par l’Etat pour tous les jeunes qui s’engagent dans un SNU
de quelques mois. Il faut récompenser les jeunes qui s’engagent car les
Français ont toujours été un peuple d’engagés. Oui, d’engagés. Aidons notamment
ceux qui veulent faire le choix de l’engagement politique. Je propose aussi que
soit créé un «congé vie politique», que l’on puisse faire le choix d’utiliser
son droit à la formation, pour permettre de se consacrer à une campagne
électorale.
- Coût de la vie:
Permettre aux Français de reprendre en main leur destin,
c’est aussi bien sûr desserrer l’étau financier qui trop souvent les entrave,
les étouffe. Combien de français ont exprimé la même chose, débat après débat,
«je bosse et je ne m’en sors pas». Cela dit quelque chose: c’est que le travail
ne paie pas assez. Et toute la politique mise en œuvre depuis près de deux ans
vise à inverser cette tendance, y compris bien sûr les 10 milliards d’euros
annoncés par le Président de la République pour la revalorisation de la prime
d’activité ou la défiscalisation des heures supplémentaires. Quand il y a ce
mois-ci plus d’un million de personnes qui touchent la prime d’activité par
rapport à décembre, je crois que c’est dans ce sens que nous allons.
Cela dit aussi que les prix, les charges fixes, sont souvent
trop élevées. Ce sont les frais de chauffage, les frais d’essence bien sûr. Ce
sont aussi ces frais qui peuvent sembler anodins à certains mais qui, quand on
est à dix euros près, sont loin de l’être: je mentionnais tout à l’heure le
coût des contrôles techniques et en particulier des contre-visites. Pourquoi ne
pas les faire prendre en charge par les assureurs, qui vont bénéficier de la baisse
de la mortalité routière? C’est une idée que nous mettons sur la table, elle
devra susciter de la concertation mais ce sont aussi ces idées concrètes
qu’attendent nos concitoyens.
- Impôts:
Les Français paient trop d’impôts. Emmanuel Macron a été élu
sur un programme de baisse de la pression fiscale. Alors oui, je le dis
simplement aujourd’hui: nous devons donc tenir notre promesse de baisser de 20
milliards d’euros les prélèvements obligatoires. Mais, nous devons aller
au-delà programme présidentiel en supprimant pour tous la taxe d’habitation,
parce qu’un impôt mauvais pour 80% des ménages, l’est pour les 20% restants.
Beaucoup de classes moyennes attendent la suppression de cet impôt qui pèse
lourd dans les budgets. Mais, notre «en même temps», c’est de prendre aussi en
compte que les plus grandes fortunes, en tireront aussi un avantage et c’est la
raison pour laquelle j’ai voulu que nous formulions cette proposition
d’augmentation de l'Impôt sur la fortune immobilière (IFI) destiné à faire
contribuer les plus gros patrimoines immobiliers.
Si nous voulons continuer, et même accélérer les baisses
d’impôts ne perdons pas de vue cette vérité simple qu’il n’y a pas de finance
magique. Et que baisser les impôts, cela veut dire baisser la dépense publique
et donc réformer l’Etat.
- Retraites:
Je vous le disais, répondre aux attentes des français c’est
aussi répondre aux craintes qu’ils expriment quant à leur propre avenir. D’abord
pour soi-même. Avec cette question fondamentale, que tant de Français se
posent, «vais-je avoir une retraite? Me suffira-t-elle pour vivre?» Sur ce
sujet, Jean-Paul Delevoye déploie un travail remarquable pour construire ce
système de retraites universel promis par le Président de la République. Notre
mouvement se mobilisera pour l’accompagner. A court terme, je crois qu’on doit
entendre aussi l’inquiétude forte qui s’est exprimée chez les retraités. Nous
leur avons demandé des efforts avec la CSG. Ils étaient faits, là encore pour
favoriser davantage le travail, et le gouvernement a fait un geste considérable
en relevant le plafond d’exonération de la hausse. Un grand nombre de retraités
recevront prochainement un chèque qui traduira de façon très concrète cette
décision. Mais ce que j’ai le plus entendu pendant les débats, et pour tout
dire, ce à quoi j’avais le plus de mal à apporter une réponse, autre que
budgétaire, c’est le sentiment d’injustice lié à la sous indexation des
retraites. Je crois vraiment qu’il faut revenir sur la sous-indexation des
pensions pour les retraités modestes. Pour ceux- là, les retraites doivent
augmenter en même temps que l'inflation.
Sinon nous continuerons d’accentuer les difficultés venues
de décennies d’inaction sur le sujet. Parce que la place en maison de retraite
coûte 2000 euros par mois quand la retraite moyenne s’établit à 1200 euros, et
ça met des millions de personnes en souffrance et en difficulté.
Cela ce ne peut être notre France ! Notre mouvement doit donc se saisir de
ce chantier et formuler des propositions : vous avez évoquez tout à
l’heure le fait de généraliser la prise en charge par l’Etat de 25% du coût de
prise en charge des personnes en EPHAD en transformant une réduction d’impôt en
crédit d’impôt. C’est une piste qui me semble mériter d’être creusée. Mais
parce que ces propositions ont un coût, il faudra bien sûr trouver des
financements. Ils ne pourront pas consister à taxer le travail davantage, c’est
le contraire de ce que nous faisons. Mais pourquoi ne pas envisager de
travailler un jour supplémentaire. Je n’y suis pas défavorable si c’est pour
aider davantage nos ainés.
- décentralisation et désertification:
L’insécurité par rapport à l’avenir, c’est ensuite le
déclassement territorial, ce sentiment d’isolement qui monte en vous quand,
dans la commune où vous habitez depuis toujours, les commerces disparaissent
peu à peu, les services publics partent, les maternités ferment, alors que
l’offre de transports en commun demeure inexistante et que le prix des
carburants s’envole. Et lorsque l’on s’est endetté pour 20, 25 ou 30 ans, pour
acheter son logement, l’angoisse, évidemment, est encore plus forte. L’Etat
doit réinvestir les territoires abandonnés. Je veux dire physiquement.
C’est pourquoi nous proposons que dans chaque
intercommunalité, il y ait un lieu dans lequel les citoyens puissent faire
toutes leurs démarches administratives, soient accompagnés dans l’utilisation
du numérique et puissent bénéficier de conseils sur l’accès aux droits. Et là
où nous ne pouvons pas ouvrir une nouvelle maison de service au public,
renversons la logique et faisons venir les services publics aux citoyens, par
exemple avec des bus itinérants, comme cela a déjà été initié. Mais nous devons
aussi faire davantage confiance à l’intelligence des territoires et initier une
nouvelle forme de décentralisation. Mais la vraie décentralisation! Pas ce qu’on
a fait par le passé: l’Etat donne des compétences, mais conserve des
fonctionnaires, exerce son contrôle. Et parce que les politiques publiques, les
solutions ne peuvent être les mêmes dans les régions étendues comme l’Occitanie
ou celles qui sont plus resserrées comme les Pays-de-la-Loire, nous devons
introduire le droit à la différenciation dans la Constitution.
Clarifions le jeu avec les collectivités, certaines
compétences nécessitent d’être davantage décentralisées, les compétences liées
aux infrastructures de transports par exemple, d’autres, dans le champ social
par exemple, dans le champ du handicap, nécessitent au contraire plus de
cohérence, dans une logique de contractualisation claire avec les
collectivités. Nous l’avons initié dans la stratégie de lutte contre la
pauvreté pour sortir des situations où les bénéficiaires du RSA sont
accompagnés à 30% dans certains départements et à 80% dans d’autres. En
réalité, ce Grand débat a permis de clarifier beaucoup de choses dans ce que ce
gouvernement a déjà mis en place pour et avec les territoires mais, vous le
voyez, nous devrons aller plus loin.
- Environnement et écologie:
Quand on évoque l’insécurité par rapport à l’avenir, on
pense évidemment aussi au défi écologique: celui du changement climatique et de
la biodiversité. Ce combat est le nôtre. Mais nous devons le mener comme un
combat de société. Ça ne peut pas être un chantier parmi d’autres, un
empilement de réformes les unes à côté des autres qui ne donnent aucun sens et
aucune vision. On doit d’abord montrer que le projet de société que l’on
propose mérite de s’engager, que le monde qui est à notre portée de main c’est
une chance! La chance de gagner notre souveraineté et de ne plus dépendre
demain des importations de pétrole du Golfe ou de gaz de Russie. La chance,
pour les Français, d’une meilleure santé parce que les produits qu’ils
consommeront ne comporteront plus de perturbateurs endocriniens dangereux,
parce que l’air sera moins pollué. Et puis la transition écologique ce sont des
factures de chauffage, d’eau, de carburant qui s’allègent et plus de fonds
disponibles pour l’éducation, pour la culture, pour d’autres projets. C’est
enfin plus d’emplois, car pour réduire l’empreinte carbone de la France, il
faut réindustrialiser le pays pour réduire les émissions importées. Pour
réussir cette transition écologique, il faut transformer progressivement nos
entreprises, la loi Pacte a permis des évolutions considérables en la matière.
Je crois qu’il faut continuer à aller plus loin encore. Nous proposons d’ouvrir
un chantier ambitieux de refonte globale du pacte fiscal qui réduira la
fiscalité sur ce qui crée de la valeur, le travail, les investissements
durables, et l’augmentera sur ce qui en détruit, les pollutions. Il sera mené
en associant largement entreprises, citoyens et experts. Ça ne pourra pas
s’écrire sur le coin d’une table et ça ne pourra se faire qu’au niveau européen
avec une lisibilité que réclament nos entreprises mais c’est notre rôle de
notre Mouvement d’engager ces réflexions et dynamiques.
Cette mutation de société ne se fera que si on sait emmener
les citoyens dans cette transition écologique. On a évidemment compris que
l'accompagnement social devait être au cœur de tout. Nous préconisons donc de
pousser des mesures beaucoup plus concrètes. Nous devons changer nos manières
de produire et de consommer. L’ère du tout jetable, de l’obsolescence
programmée, c’est fini! Beaucoup de propositions ont été faites tout à
l’heure : allonger les durées minimales de garantie des produits,
réapprendre à réparer, à changer des pièces, généraliser la consigne sur les
bouteilles plastiques, de mettre en place une TVA à 10% pour les pièces
détachées, de rendre éligible au crédit d’impôt emploi à domicile les
réparations à domicile d’appareils électroménagers et électriques.
Il faudra être particulièrement concret aussi en matière
d’aide à la mobilité. C’est pour cela que nous proposons que L’Etat et les
collectivités puissent être capables de proposer des voitures faibles émissions
à moins de 50€ par mois en location longue durée, pour avoir des voitures de
qualité sans recourir à un emprunt. Ça c’est concret, ça c’est accessible! Et
pour le symbole, qui a toujours une importance, pourquoi ne pas interdire la
publicité pour les véhicules les plus polluants. Si nous sommes vraiment
volontaristes, concrets, ambitieux sur l’accompagnement de la transition alors
on peut reposer la question de la taxe carbone. Elle n’est pas un tabou. Mais
elle ne doit pas manquer sa cible. Je pense que c'est inenvisageable de
l’augmenter aujourd’hui sur les carburants des voitures dont les cours font que
les prix à la pompe sont déjà très chers. Mais pour financer les mesures
d’accompagnement des Français, il faut trouver des ressources financières
nouvelles. Pourquoi ne pas préserver le principe d’une hausse de la taxe
carbone sur tous les autres usages, qui s’appliquerait notamment au transport
aérien et maritime, action que nous devrons porter au niveau au niveau européen
et à condition qu’elle soit 100% affectée à la transition écologique? En
d’autres termes, elle doit être ciblée, elle doit être partagée et elle doit
être juste et transparente. C’est la condition pour rebâtir cet agenda positif
du changement que j’évoquais.
- Social:
Le sentiment d’injustice. Qu’il soit si puissant en France
relève d’une certaine manière du paradoxe. Notre pays est en effet l’un de ceux
qui, dans le monde corrige le plus les inégalités. Mais en réalité, ce n’est
pas si paradoxal.
Parce que ce sentiment d’injustice il repose sur notre échec
en matière de mobilité sociale. Nous l’avons tous en tête, quand il faut six
générations à une famille pour sortir de la pauvreté, cela signe de façon
terrible notre échec. Et c’est notre lutte prioritaire depuis le premier jour
de notre mouvement. Je ne reprendrai pas ici toutes les actions que nous menons
à l’école, dans la santé, dans la formation professionnelle… pour remettre de
la mobilité. Mais il faut aller plus loin pour aider les individus, les
familles à plus vite sortir de leur condition difficile. C’est pour cela que je
suis convaincu que le chantier de lutte contre les non-recours aux droits doit
être un chantier absolument prioritaire. Le chantier des aides automatiquement
versées à leur bénéficiaire a été ouvert mais on doit l’élever en véritable
priorité nationale. Une grande part de la réponse se trouve là, dans une
meilleure adéquation entre l’offre et la demande de services publiques.
Mais lutter contre le sentiment d’injustice c’est aussi une
question de symboles. Les symboles, c’est ce qui permet de tenir la société, de
faire Nation. Et on ne fait pas Nation quand des millions de personnes ont
l’impression de payer leur impôt à l’euro près quand une minorité, parce
qu’elle adopte les bonnes stratégies peu s’en exonérer. On ne fait pas Nation
quand le travailleur qui fait son plein, paie des taxes sur le carburant et que
ceux qui prennent l’avion régulièrement ne le font pas. Le Président de la
République a proposé d’imposer que les grands patrons paient leurs impôts en
France. Allons plus loin, en faisant en sorte que les exilés dans les paradis
fiscaux soient traités comme des contribuables français.