dimanche 10 mars 2019

Actualités du Centre. Sondage européennes: LREM en tête à 22%, UDI à 1%

Le Parlement européen
Selon la nouvelle vague du sondage de l’institut Louis Harris interactive concernant les élections européennes de mai prochain (réalisé pour RTL, Le Figaro et LCI), la liste LREM est toujours en tête.
Elle est à 22% des intentions de vote et précède de deux points celle du RN à 20%.
En troisième position se trouve la liste LR à 13%, suivie par la listes FI (9%) puis celle d’EELV (8%), celles du PS et de DLF (5%), celles de Génération.s et des Gilets jaunes (3%), celles du LO et de LP (2%).
La liste UDI n’obtient que 1% des intentions de vote comme celles du NPA, du PC, de l’UPR et de Résistons.
Le total des listes centristes est de 23%.
Rappelons que le seuil de remboursement de campagne est à 3% et le seuil d’élection de députés est à 5%.
Quant aux «enjeux politiques qui auront une importance dans le vote», arrive en tête (d’une liste fermée) «Le projet de la liste» (52%) suivi de  «La capacité de la liste à parler de vos préoccupations» (49%), «La capacité de la liste à bien représenter la France en Europe» (47%), «La capacité de la liste à porter des idées nouvelles» et «L’opinion que vous avez de la ou des formations politiques soutenant la liste» (45%), «La volonté de permettre à la liste de faire un bon score» (34%), «La personnalité de la tête de liste» (27%), «Les candidats présents sur la liste» (24%) et «Le bilan des élus de la liste» (23%).
Quant aux motivations (liste fermée), pour 48% des sondés il s’agit d’un vote «d’adhésion» (voter pour la liste dont les idées ou propositions ont convaincu), pour 23%  un vote «utile» (voter pour que la liste réalise le meilleur score possible sans pour autant être convaincu(e) par ses idées ou ses propositions), pour11%, un vote «par défaut» (voter pour la liste dont vous vous sentez le/la moins éloigné(e) sans pour autant être convaincu(e) par ses idées ou ses propositions), 14%, un vote de «protestation» (voter pour exprimer votre mécontentement sur la manière dont vont les choses en France et en Europe), 4%, un vote «d’opposition» : vous allez voter contre une autre liste, pour éviter qu’elle ne fasse un bon score).
Concernant les «thèmes qui auront une importance dans le vote» (liste fermé), le pouvoir d’achat arrive en tête avec 41% suivi par l’immigration (40%), la lutte contre le terrorisme (35%), l’environnement et le développement durable (34%), les impôts et la fiscalité (34%), l’emploi (29%), la lutte contre les inégalités sociales (28%), la sécurité des personnes et des biens (27%), la place de la France en Europe (27%), la réforme des institutions européennes (22%), la santé (22%), la démocratie en Europe (21%), la lutte contre les délocalisations et les travailleurs détachés (18%), l’éducation et la formation (15%), l’agriculture (15%), la lutte contre les déficits et la dette publique (12%), les inégalités femmes/hommes (11%).
(Sondage Louis Harris interactive réalisé par internet les 8 et 9 mars 2019 auprès d’un échantillon de 1081 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus / Méthode des quotas / Marge d’erreur d’environ 3 points)


Actualités du Centre. Bayrou: «La question posée par les Français c'est: est-ce qu’on peut reprendre notre destin en main?»

François Bayrou
Lors d’une interview sur CNews et Europe 1, François Bayrou a estimé que le Grand débat était une grande réussite.
De même, il a apprécié l’investissement d’Emmanuel Macron qui a participé à de nombreuses réunions.
Le leader centriste affirme que la démocratie est la grande gagnante de ce moment de prise de parole de tous.
Il souhaite que ce qui sortira de ce Grand débat soit la capacité de la France et des Français, mais aussi de l’Union européenne, de rependre leur destin en main face aux menaces qui sont déjà présentes et d’autres qui se profilent.
Et le président du MoDem de conclure: «Jamais l'Histoire n'a été plus dangereuse, jamais».

Extraits de l’interview de François Bayrou:

Le Grand débat a démarré dans le scepticisme puis, finalement, cela a pris. Il y a eu des dizaines de milliers de contributions il y a eu des débats publics, vous. Bref, il y a eu un réel intérêt des Français.
Vous avez dit quelque chose absolument vrai: en dehors du Président de la République et de très peu de ses amis, personne n’y croyait. C'était un total scepticisme, à la fois de la part de ceux qui sont des militants contre le Président de la République.
Les partis d'opposition.
Oui, et la sensibilité d'opposition, dans la rue, des gens qui ne l’aiment pas. Ceux-là avaient le sentiment qu'on allait les manipuler, que c'était de l'enfumage. Vous avez entendu tous ces mots-là. Puis, parmi les soutiens, la majorité ou le gouvernement, cela arrive aussi du Président de la République, ils avaient le sentiment d'un objet politique non identifié, ingérable et qu'il allait sortir tellement de choses qu’il était impossible d'apporter des réponses.
On en est là, aux réponses!
Depuis le premier jour (…) je croyais et même je peux dire j’avais le sentiment de savoir que, lorsqu'on offre à des citoyens de participer à une vraie réflexion de bonne foi sur leur avenir, de poser les questions qu'ils considèrent comme étant les questions cruciales, alors ils s'engagent. Et ce sont des centaines de milliers de Français qui se sont engagés. Tous ceux qui prétendaient que cela n'intéresserait personne, qu'il n'y aurait que les élus peut-être après la première réunion avec les maires, c'était très drôle (…). Il suffit que tout cela soit de bonne foi et ce que les Français ont vu – et c'est cela qui a tout changé, dans les heures et les heures que le Président de la République a prises, il a pris plus d'heures encore que moi, j'en ai pris près de 30 – dans l'engagement du Président de la République, c'est que c'était un engagement absolument authentique, sincère, de bonne foi.
Ils ont vu qu'il était compétent, qu'il connaissait vraiment très très bien les sujets du pays, qu'il avait la mémoire précise des gens et des choses et des événements. Et ils ont vu qu'il était à l'écoute, présent, qu'il prenait sa part, y compris dans l'émotion. Je me souviens très bien de ce jeune dyslexique qui est venu expliquer ce qu'étaient les difficultés de ceux qui ne sont pas tout à fait comme les autres à certains moments de leur vie. Cela touche des millions de gens, mais lui était profondément ému. J'ai vu la personne au salon de l'agriculture, l'agriculteur âgé qui n'avait pas reçu tous ses droits, c'était une émotion partagée.
Vous comprenez, la démocratie, la représentation démocratique, cela ne s'arrête pas au jeu des idées. Il y a quelque chose d'autre. C'est que l'on participe, on prend sa part de la profondeur de la vie de ceux que l'on a en face de soi. (…)
On arrive à l'issue de ce Grand débat on attend maintenant les arbitrages du Président de la République. Entre autres, il promet des réponses précises. Qu'attendez-vous, vous, de concret?
La question posée par les Français, si l’on veut trouver une question qui fédère et rassemble toutes les autres, c'est: est-ce qu’on peut reprendre notre destin en main? Depuis des décennies, vous savez exactement ce qui se passe. Le moment démocratique majeur, c'est l'élection présidentielle, à ce moment sortent des attentes, des questions, des angoisses qui sont fortes. Puis, l'élection se passe, celui qui est élu est en général celui qui a le mieux ressenti ces questions-là, il s'installe au pouvoir avec ses équipes et tout reprend comme avant, avec une déclaration doctrinale ou idéologique, une déclaration répétée sous toutes les formes, c'est: il n'y a pas moyen de faire autrement.
Comment faire autrement ?
Il n'y a aucune possibilité, dit-on aux Français et c'est ce que les Français entendent, de bâtir un destin qui soit différent de celui que l'on voit régner partout sur la planète.
Cela veut dire quoi? Faire vivre plus la démocratie sur le temps long, c'est-à-dire sur le temps du quinquennat?
Plus que cela, donner aux Français les outils et la légitimité de penser que l'on n'est pas sous le coup ou condamné à une fatalité qui fasse que l'on ne pourrait pas changer, non pas le monde, il ne faut pas croire que l'on ait des baguettes magiques, mais une partie du monde et une partie de la société française. Cela implique deux choses. La première, c'est formuler un nouveau projet national pour la France. Est-ce que la France a quelque chose à dire qui soit différent de ce que tous les autres puissants de la planète, toutes les puissances économiques, financières, politiques, les grands empires, disent.
Qu'est-ce qu'ils disent? Est-ce que la France peut dire quelque chose de différent? Si vous avez lu la tribune que le Président de la République a publiée mardi dans tous les journaux européens sur l'Europe, c'est cela qu'elle dit: face à toutes les puissances de la planète, oui nous pouvons porter un projet de société différent, un projet qui tienne compte aussi bien de la justice que de la création de richesse, qui introduise la justice dans ce monde qui est entièrement tourné vers la création, c'est-à-dire la création de richesse. Cela, c'est la première question.
La deuxième question: la société démocratique française, est-ce qu’elle permet d'exprimer les attentes profondes du peuple français? On s'aperçoit qu'il y a sûrement quelque chose qui ne va pas dans ce système parce que tant de Français ne se sentent pas représentés. Ils n’ont pas voix au chapitre et ces deux grandes séries de questions entraînent une série de changements très importants qui répondent aux angoisses et difficultés. Qu'est-ce qu’ils disent les Français participant au débat? Déjà, ils disent: On n'est pas représenté. Bon il y a des réponses sur la démocratie la représentation.
(…) Vous dites démocratie. Vous le savez bien, je mène un combat depuis très longtemps pour que tous les grands courants d'opinion aient une juste représentation. Vous savez bien que j'ai exprimé des réserves sur le point d'équilibre.
(…) Je pense qu'il y a la nécessité d'une représentation de tous les grands courants d'opinion. Il y a la nécessité de rendre plus facile l'expression directe des Français, les référendums, que les gilets jaunes appellent d'initiative citoyenne. Cela existe dans la Constitution. Cela n'a jamais été utilisé.
(…) Pourrait-on regarder l'extension du domaine du référendum sans aller évidemment jusqu'à la possibilité de remettre en cause les principes fondamentaux de la Déclaration des Droits de l'Homme des Libertés qui sont les piliers de la société dans laquelle nous vivons.
(…) En France, quand on est minoritaire, cela m'est arrivé suffisamment souvent pour que j'aie une expérience précise de ce sujet, on est sur la touche. Or, un pays, ce n'est pas que sa majorité, alors ceux qui, hier, les deux forces principales, étaient majoritaires et qui croyaient que c'était normal qu’elles eussent la majorité à jamais, elles découvrent aujourd'hui que ce n'est pas une situation aussi équitable qu'elles le croyaient. Peut-être cela peut nous permettre d'évoluer vers une démocratie car une démocratie, ce n'est pas seulement le règne de la majorité, c'est aussi la protection des minorités.
Avez-vous des idées particulières sur ce qu'il faudrait changer dans la fiscalité française ?
La question de la fiscalité, pour ceux qui interviennent très souvent, c'est la justice. Est-ce que l’effort que l'on me demande, à moi, est juste? Est-ce qu’on ne pourrait pas en demander à d'autres, etc.? Il y a, me semble-t-il, une question qui est importante sur laquelle les Français ont des doutes et à propos de laquelle il faut apporter une réponse indiscutable. Les Français ont le sentiment, et il y a parfois des contributions qui le répètent à l'envi, qu'il y a des dizaines de milliards, peut-être 100 milliards, d'évasion fiscale. On ne peut pas laisser les Français avec cette suspicion-là. Il faut donc une démarche crédible, partagée, ouverte pour que la lutte contre l'évasion fiscale soit garantie aux Français comme étant efficace et équitable.
Vous suggérez, à l'issue de ce Grand débat, de revoir cette réforme de l'ISF?
En tout cas ce n'est pas une question interdite. Le Président de la République a dit, tout le monde fait semblant de ne pas l'avoir entendu, en sachant ce qu'il disait: «Il n'y a pas de question taboue.» On peut tout à fait discuter de ce sujet. Faut-il alourdir sur l'immobilier? Je ne le crois pas parce qu'il y a peut-être de grandes fortunes placées dans l'immobilier et encore je demanderai des vérifications sur ce sujet, mais l'immobilier c'est important pour beaucoup de familles et notamment au moment de la succession. J'ai lu qu'il y avait des gens qui voulaient alourdir l'impôt sur les successions. Je pense que ce n'est pas une bonne idée.
On en vient à cette tribune européenne, Emmanuel Macron l’a lancée cette semaine à l'adresse de tous les citoyens européens, ce qui était inédit. On a bien compris qu'il se vivait un peu comme le chef de la campagne européenne, on n'a pas bien compris avec quels alliés il comptait travailler demain.
Ce que le Président de la République a fait, vous avez dit inédit, c'est en effet sans précédent. Un chef d'Etat qui s'adresse à tous les citoyens européens, pas seulement à ceux qui votent chez lui, mais à tous les citoyens européens pour mettre en évidence la nécessité historique que nous sommes en train de vivre, alors c'est en effet sans précédent. Qu'est-ce qui se passe? C'est très simple. Vous avez des forces incommensurables économiques, financières, politiques, qui veulent la destruction de l'Europe, qui voient, là, la seule chose qui puisse contrebalancer…
Une question sur l'Europe et un départ attendu. François Bayrou le Brexit va avoir lieu, qu'il soit ordonné ou pas, mais en tout cas il aura lieu. Quelle leçon tirez-vous de cette affaire qui est quand même un échec collectif et faut-il que l'Union Européenne, à votre sens, fasse un dernier geste en faveur de Theresa May voire repousse la date du 29 mars pour ce divorce ?
C'est la Première Ministre Britannique qui risque de demander le report. Je pense qu'il est impossible que les instances européennes renoncent aux exigences qu'elles ont mises sur la table. Pourquoi? Parce que s'il apparaissait que l'Europe soit prête à faire plus pour ceux qui la quittent que pour ceux qui sont fidèles à l'accord et à l'alliance et au traité, alors, vous ouvrez la boîte de Pandore. Il y a des tas de pays qui se diront : Bonne pioche, on va pouvoir à la fois avoir les avantages et se libérer des contraintes. Eh bien ceci est strictement impossible. Cela dit une deuxième chose, l'affaire du Brexit : on ment au peuple, il croit les mensonges, mais il y a un rendez-vous derrière qui est celui du réel. Vous vous souvenez comment la campagne a été faite par ceux qui ont soutenu l'idée de «leave», Quittez, partez, référendum. Ils ont dit: Mais, vous vous rendez compte, on donne donc des dizaines de milliards tous les ans à l'Union Européenne, on va les récupérer pour nous, on va construire des hôpitaux, des écoles avec cet argent.
Ces bruits-là, vous les entendez en France aussi. Qu'est-ce qui se passe au bout du chemin? On s'aperçoit que c'est une impasse absolue, que c'est un chaos, et ils le savaient très bien. C'est cela qui est fantastique. Ils ont fait campagne là-dessus, mais dès le lendemain du résultat du référendum, ils sont partis. Ils ont refusé les responsabilités, ils se sont échappés en courant et c'est la preuve qu'ils savaient que ce qu'ils disaient était un mensonge éhonté. Simplement, ce sont des mensonges qui déclenchent des passions et prendre des décisions dans une ambiance passionnelle comme cela, ou pour des raisons passionnelles généralement, des passions noires, des passions qui visent à rejeter, à écarter, eh bien au bout du compte on fait du mal aux peuples que l'on entraîne vers des solutions désespérantes. C'est cela que le Brexit montre. On devrait avoir tout cela présent à notre esprit au moment des grands choix que nous allons faire maintenant.
Jamais l'Histoire n'a été plus dangereuse, jamais. Je n'ai pas souvenir d'une situation dans laquelle les piliers mêmes de notre maison soient remis en cause par un tremblement de terre déclenché par des gens qui savent très bien ce qu'ils font. Cette fois-ci, on est devant de grands choix. Gardons l'exemple du Brexit parce que le peuple britannique a déjà beaucoup perdu et risque de perdre beaucoup dans cette affaire.



Actualités du Centre. Grand débat: les propositions de LREM contre l’«immobilité» de la société et pour reprendre la main sur notre «destin»

Dans un entretien au quotidien Le Parisien, le délégué général de LREM, Stanislas Guerini, explique les propositions que le parti majoritaire va faire à l’issue du Grand débat national voulu par Emmanuel Macron.
Le contenu de cette contribution sera dévoilée aujourd’hui et elle est un élément pour aider le Chef de l’Etat à faire des propositions concrètes dans les prochains mois comme l’explique le ministre Sébastien Lecornu dans les colonnes du JDD:
«En avril, Emmanuel Macron clôturera le grand débat et précisera sa vision en donnant les grands axes de réponse et le sens de la direction à suivre pour le gouvernement. Au début du débat, dans sa lettre, ses questions étaient précises, ses réponses le seront aussi. (…) Après le temps du débat, après le temps du constat, cette prise de parole marquera le temps des propositions et de l’action, qui se déploieront jusqu’à l’été»

Voici l’entretien de Stanislas Guerini au Parisien:

Qu’avez-vous, en tant que patron de la République en Marche, retenu de cette crise des Gilets jaunes?
Une partie des Français a exprimé des difficultés très concrètes, qui concernent d’abord leur famille. Ils pensent que les choses seront pires pour leurs enfants, et ils s’inquiètent pour leurs aînés. Il y a aussi la peur du déclassement territorial, d’une France à deux vitesses, le sentiment qu’il y aurait d’un côté les grandes villes où tout va bien, et de l’autre le reste du territoire où ce serait l’inverse. Et enfin d’une crise écologique. Ce qui résume tout cela, c’est le sentiment d’avoir perdu la main sur son destin individuel et collectif, d’être victime d’une société de l’immobilité. Quand on est dans la pauvreté, on reste dans la pauvreté. Pour résoudre tous ces problèmes, il faut réformer avec les Français, en plaçant le citoyen au cœur de notre action.
Que préconise votre parti pour replacer le citoyen au centre du jeu?
Il y a une première réponse à apporter sur la fabrique démocratique. La démocratie représentative doit sortir renforcée du grand débat. Mais on a tous pu constater qu’elle doit pour cela être renouvelée. Il est donc nécessaire de mieux associer les citoyens, de leur donner beaucoup plus de pouvoir d’initiative et de les faire contribuer à la fabrique de la loi. Nous allons suggérer d’instaurer des propositions de lois d’initiative citoyenne: dès qu’un sujet mobilise un certain seuil de citoyens, un million par exemple, un projet de loi est élaboré par une conférence de consensus de citoyens tirés au sort, avant d’être examiné par l’Assemblée.
Mais vous ne préconisez pas de référendum à l’issue du grand débat?
J’avoue être un peu dubitatif sur cet aspect-là. Je privilégie des réponses plus pérennes. On envisage par exemple de renforcer la démocratie représentative avec une meilleure prise en compte du vote blanc. Nous proposons également de renforcer le pouvoir de contrôle de l’Assemblée nationale. Les députés doivent pouvoir s’assurer que les lois sont bien exécutées.
Le malaise des retraités a aussi nourri la crise des Gilets Jaunes. Que faire?
Il faut revenir sur la sous-indexation des pensions pour les retraités les plus modestes. Pour ceux-là, les retraites doivent être réindexées à l’inflation.
La fiscalité est une question centrale. Allez-vous proposer un big bang fiscal ?
Le grand débat ne peut pas déboucher sur autre chose que sur notre engagement de campagne, à savoir la baisse des impôts. Pour répondre au besoin de justice des Français, une des solutions, c’est d’aller au-delà du programme présidentiel et de supprimer la taxe d’habitation pour 100% des Français. C’est un impôt injuste pour tous les Français. Mais, pour donner du sens et de la justice sociale, cette suppression pourrait être liée à une augmentation de l’impôt sur la fortune immobilière qui pèse sur les plus gros patrimoines immobiliers. On souhaite aussi taxer les Français expatriés dans des pays où il n’existe pas de convention fiscale avec la France, particulièrement pour les résidents dans les paradis fiscaux.
Envisagez-vous aussi de taxer davantage les successions sur les gros patrimoines?
C’est un sujet extrêmement sensible, qui méritera une validation par le suffrage universel. On ne propose pas d’alourdir cet impôt mais de le rendre plus juste. A court terme, nous préconisons plutôt de favoriser les donations du vivant, pour réinjecter plus rapidement cet argent dans l’économie.
A titre individuel, vous n’étiez pas hostile à une réactivation de la taxe carbone. Cela figure-t-il dans les propositions d’En Marche ?
La question de la taxe carbone n’est pas taboue. Mais c’est inenvisageable de l’augmenter aujourd’hui sur les carburants des voitures, qui sont déjà très chers. Cette hausse devrait en revanche porter sur toutes les autres énergies fossiles. Il faudrait notamment l’appliquer au transport aérien et maritime, mais pour y parvenir, cela nécessitera une prise de décision européenne. Enfin, il faudrait que cette taxe soit 100% affectée à la transition écologique.
Le bilan écologique du quinquennat est critiqué. Est-ce un sujet qu’En Marche veut porter?
Nous sommes résolument offensifs sur l’écologie. Mais cette mutation de société ne se fera que si on sait emmener les citoyens dans cette transition écologique. On a évidemment compris que l’accompagnement social devait être au cœur de tout. Nous préconisons donc de pousser des mesures beaucoup plus concrètes. Nous allons par exemple proposer à nos concitoyens les plus modestes, y compris en zone rurale, de louer des véhicules peu polluants à moins de 50 € par mois. Que l’État soit opérateur de ce service et fasse des délégations de service public.
Lors des grands débats, les élus sont souvent décriés par les citoyens. Quelles réponses pouvez-vous apporter ?
Il y a un besoin d’exemplarité. On doit mettre fin au cumul d’un mandat parlementaire avec une activité professionnelle. Je plaiderai aussi pour qu’on rende public la structure des dons des partis politiques. Pas forcément dévoiler les noms, mais dire s’il y a des grands donateurs ou des petits donateurs.


Actualités du Centre. Présidentielle USA 2020: Dans une tribune forte, le centriste Bloomberg explique pourquoi il renonce à se présenter

Michael Bloomberg
Alors qu’il avait décidé de se (ré)affilier au Parti démocrate afin de se présenter à l’élection présidentielle de 2020 – considérant qu’un candidat «independent» n’avait aucune chance de l’emporter –, l’ancien maire de New York, le centriste Michael Bloomberg, vient de jeter l’éponge.
Il explique dans une tribune son choix (à lire ci-dessous).

Celle-ci est particulièrement forte et ressemble à s’y méprendre au programme centriste et progressiste qu’il aurait certainement présenté lors de sa campagne pour l’investiture démocrate.

A noter que Bloomberg a souhaité se présenter à plusieurs présidentielles (en 2007 et 2016) mais a, chaque fois, décidé de ne pas aller jusqu’au bout (en 2007, il estimait qu’il n’y avait pas lieu de se présenter contre Barack Obama et son programme; en 2016, il ne voulait pas enlever des voix à Hillary Clinton face à Donald Trump qu’il estimait être un énorme danger pour les Etats-Unis, ce qui s’est révélé totalement vrai).

Cette fois-ci, il explique son retrait en estimant qu’«Il est essentiel de nommer un démocrate qui sera dans la meilleure position pour vaincre Donald Trump et ramener notre pays ensemble. Nous ne pouvons pas permettre au processus de la primaire d'entraîner le parti à un extrême qui réduirait nos chances lors des élections générales et se traduirait par ‘quatre autres années’».

Il ajoute qu’il ne voulait pas mettre dans sa poche ses convictions centristes et adopter un discours plus à gauche pour gagner l’investiture démocrate (les électeurs participants aux primaires des deux grands partis, démocrate et républicain, sont généralement nettement plus radicalisés que leurs électeurs lors des élections nationales).



Voici la tribune de Michael Bloomberg intitulée «Notre plus haute fonction, ma plus grande obligation»

Je n’ai jamais caché ma conviction que Donald Trump est une menace pour notre pays. A la Convention nationale des démocrates de 2016, j'ai déclaré: «Les New-Yorkais connaissent un problème quand on en voit un.» L'automne dernier, j'ai dépensé plus de 100 millions de dollars pour soutenir les démocrates aux élections de mi-mandat. Les républicains du Congrès avaient échoué – et échouent toujours – à s'acquitter de leur obligation constitutionnelle de demander des comptes au président. Au lieu de cela, ils cèdent à ses pires impulsions et refusent de travailler avec les démocrates sur les problèmes les plus urgents.

Il est essentiel de nommer un démocrate qui sera dans la meilleure position pour vaincre Donald Trump et ramener notre pays ensemble. Nous ne pouvons pas permettre au processus de la primaire d'entraîner le parti à un extrême qui réduirait nos chances lors des élections générales et se traduirait par «quatre autres années».

Beaucoup de gens m'ont exhorté à courir. Certains m'ont dit que pour remporter l'investiture démocrate, je devrais changer d'opinion pour correspondre aux sondages. Mais j’ai entendu cela toute ma carrière politique.

J’ai été candidat à trois reprises et j’ai gagné à chaque fois (ndlr: à la mairie de New York), en grande partie parce que je n’ai jamais pointé mon doigt au vent pour décider de ce que je devrais croire. Ce n’est pas ce que je suis, ni ce que les électeurs veulent d’un dirigeant. Ils veulent quelqu'un qui soit à leur niveau, même quand ils sont en désaccord, et qui est capable de proposer des idées pratiques, raisonnables et ambitieuses - et de résoudre des problèmes et d'obtenir des résultats.

Je sors du monde des affaires. J’ai occupé des postes de direction dans le secteur privé et au gouvernement. Trouver des solutions à des problèmes difficiles est la passion de ma vie. Mes compétences sont de constituer et de diriger des équipes qui élaborent des plans novateurs puis travaillent ensemble pour les mettre en œuvre. Je pense que c'est exactement ce dont notre pays a besoin en tant que président, surtout après quatre années de chaos, de perturbations et de tromperies.

Je sais ce qu'il faut pour mener une campagne gagnante et, chaque jour, lorsque je lis les nouvelles, je suis de plus en plus frustré par l'incompétence du Bureau ovale. Je sais que nous pouvons faire mieux en tant que pays. Et je crois que je battrais Donald Trump aux élections générales. Mais je suis lucide sur la difficulté de remporter l'investiture démocrate avec un plateau aussi encombré.

Un autre facteur a beaucoup pesé dans mon esprit: la probabilité que nos plus grands problèmes nationaux s'aggravent au cours des deux prochaines années. Avec un dirigeant de la Maison-Blanche qui refuse de réunir les partis, il sera presque impossible pour le Congrès de relever les défis majeurs auxquels nous sommes confrontés, notamment le changement climatique, la violence armée, la crise des opioïdes, la faillite des écoles publiques et l'accessibilité financière à l’université. Tous vont probablement s’aggraver et de nombreuses actions exécutives du président ne feront qu’aggraver les choses.

J'aime trop notre pays pour pouvoir rester les bras croisés et espérer le meilleur face à l'aggravation des problèmes nationaux. Mais je reconnais aussi que jusqu'en 2021, et peut-être même plus longtemps, notre seul espoir de progrès réside en dehors de Washington. Et contrairement à la plupart des gens qui y courent ou y pensent, je suis assez chanceux pour être en mesure de consacrer les ressources nécessaires pour rassembler les gens et faire une grande différence.

Depuis que j’ai quitté mes fonctions publiques, j’ai créé et soutenu des initiatives qui incitent les citoyens et les dirigeants de villes, d’Etats, d’entreprises et d’organisations à but non lucratif à agir seuls. Comme moi, la plupart des Américains veulent améliorer leurs communautés et faire avancer les choses. Ensemble, nous avons montré que c’était possible même sans l’aide de Washington.

Je sais que nous pouvons accomplir beaucoup plus au cours des deux prochaines années, mais seulement si nous restons concentrés sur le travail et le développons. Et le fait est: une campagne présidentielle nationale limiterait ma capacité à le faire.

Alors que je pensais à une éventuelle campagne présidentielle, le choix qui m'est présenté est devenu évident. Devrais-je consacrer les deux prochaines années à parler de mes idées et de mes accomplissements, sachant que je ne pourrais jamais gagner la nomination démocrate? Ou devrais-je passer les deux prochaines années à doubler le travail que je dirige et finance déjà, et que je sais pouvoir produire des résultats réels et bénéfiques pour le pays, en ce moment?

Je me suis rendu compte que je suis moins intéressé à parler qu’à agir. Et j’ai conclu que, pour l’instant, la meilleure façon pour moi d’aider notre pays est de me retrousser les manches et de continuer à travailler.

Voici la manière dont je vais procéder. En 2011, à la suite de l'échec de la législation en matière de plafonnement et d'échange au Congrès, j'ai fait équipe avec le Sierra Club pour une campagne intitulée «Beyond Coal» («au-delà du charbon»). En organisant et en mobilisant les communautés touchées par la pollution des centrales électriques au charbon, nous avons aidé à fermer plus de la moitié des centrales du pays – 285 sur 530 – et les avons remplacées par une énergie plus propre et moins chère. C’est la principale raison pour laquelle les États-Unis ont réussi à réduire leur empreinte carbone de 11% -- et à réduire de 13 000 à 3 000 le nombre de décès dus aux centrales au charbon.

Maintenant, je vais accomplir les prochaines grandes étapes. Premièrement, je renforcerai mon soutien à la campagne «Au-delà du charbon» afin que nous puissions retirer toutes les centrales au charbon au cours des 11 prochaines années. Ce n’est pas une chimère. On peut le faire. Et deuxièmement, je lancerai une nouvelle phase encore plus ambitieuse de la campagne – Au-delà du carbone: un effort local pour commencer à libérer les Etats-Unis le plus rapidement possible du pétrole et du gaz vers une économie d’énergie propre à 100%.

«Au-delà du Carbone», il y a la conviction que chaque année est importante, comme l’a expliqué la science. L'idée d'un New Deal vert – suggérée pour la première fois par le chroniqueur Tom Friedman il y a plus de dix ans – n'a aucune chance de passer au Sénat au cours des deux prochaines années. Mais Mère Nature n’attend pas notre calendrier politique et nous ne le pouvons pas non plus.

La même chose s'applique à la violence armée. Le Congrès n'a pas adopté de projet de loi majeur sur la sécurité des armes à feu depuis près de 25 ans. La semaine dernière, la Chambre des démocrates a voté en faveur de l’adoption d’un projet de loi renforçant le système de vérification des antécédents, mais le Sénat républicain est pratiquement assuré de le bloquer. Néanmoins, grâce aux efforts soutenus que nous avons déployés depuis des années pour organiser et mobiliser la base, 20 Etats ont adopté des projets de loi plus stricts en matière de vérification des antécédents ou adopté d'autres lois qui permettent d'éviter que des personnes dangereuses utilisent des armes à feu. Mais 20 États ne suffisent pas, et nous ne pouvons pas nous arrêter maintenant étant donné les risques pour notre pays.

La violence armée et le changement climatique ne sont pas les seuls défis urgents pour lesquels nous devons progresser même si Washington continue à ignorer les solutions éprouvées.

Nous savons comment améliorer les écoles publiques et réduire considérablement l'écart de réussite raciale. Nous l’avons fait à New York en élevant les normes, en renforçant la responsabilisation et en donnant à nos enfants l’éducation dont ils ont besoin pour réussir dans l’économie actuelle fondée sur le savoir et la technologie.

Nous savons comment améliorer l'accès à l'université des étudiants à faible revenu. C'est précisément ce que ma fondation fait en collaborant avec les universités afin d'accroître l'aide financière et le recrutement, et en offrant aux étudiants du secondaire un soutien accru dans le processus de candidature.

Nous savons comment réduire la dépendance aux opioïdes; améliorer la qualité des soins de santé et l'accès à ceux-ci; et réduire le nombre des sans-abris dans nos rues. Nous avons prolongé l’espérance de vie de trois ans à New York et je travaille pour aider d’autres villes à réaliser des progrès similaires.

Nous savons comment renforcer les communautés locales en investissant dans les dirigeants de la société civile et dans le travail novateur qu’ils déploient pour relever les défis de notre pays à partir de la base. C’est au cœur des travaux de ma fondation et c’est là que réside la solution à beaucoup de nos défis les plus difficiles.

Et nous savons que pour protéger notre démocratie, nous devons nous organiser pour protéger le droit de vote de chaque citoyen.

Sur ces questions, entre autres, il est peu probable que Washington prenne des mesures efficaces au cours des deux prochaines années. Le progrès dépend entièrement de nous.

Dans les semaines et les mois à venir, je plongerai encore plus profondément dans le travail pour faire progresser notre pays, à travers des actions et des résultats concrets. Et je continuerai à soutenir les candidats qui peuvent fournir le leadership dont nous avons besoin – en matière de changement climatique, de violence par arme à feu, d'éducation, de santé, de droit de vote et autres questions cruciales – et continuer à tenir le cap pour tenir leurs promesses.

J'espère que ceux qui m'ont poussé à courir et à défendre les valeurs et les principes qui leur sont chers comprendront que ma décision a été guidée par une question: comment puis-je servir au mieux le pays?

Bien qu’il n’y ait pas d’honneur plus grand que d’assumer les fonctions de président, ma plus haute obligation en tant que citoyen est d’aider le pays du mieux que je peux, maintenant.