Sur son site internet, le Parti démocrate européen explique,
en tant que «mouvement politique transnational», qu’il «entend œuvrer à bâtir
une démocratie européenne qui s'ancre dans les valeurs partagées de paix, de
liberté, de solidarité et d'éducation, tout en ambitionnant d'affirmer
fièrement sa culture dans le monde futur».
Ses membres, au nombre de dix-neuf, sont des partis
politiques européens du Centre et de centre-gauche, dont le Mouvement démocrate
français de François Bayrou.
Lors de sa dernière réunion à Bilbao (Espagne), le 8
février, il a adopté une déclaration solennelle sur la nécessité de refonder
l’Europe face aux attaques de tous ses ennemis.
Voici cette déclaration:
Europe debout!
Pour la première fois dans son histoire, l’Union européenne,
ce projet unique dans l’histoire de notre continent, peut se déliter, se
défaire et même cesser d’exister. Sous l’effet conjugué des bouleversements
provoqués par une mondialisation mal régulée, par les lourdes conséquences
économiques et sociales de la crise financière, par l’impact d’une révolution
technologique sans précédent, par la gestion chaotique des flux migratoires,
des forces politiques ou extrémistes ont entrepris d’exploiter les inquiétudes
et les peurs de citoyens inquiets et désorientés.
L’Europe a besoin d’une rupture, d’une refondation
démocratique profonde. Les peuples ont été exclus du dessein et du destin
européen. L’Europe ne se fera pas sans les peuples.
Nous, Démocrates européens, sommes déterminés à stopper le
glissement de nos pays.
Les partis qui ont dominé la scène européenne durant les
dernières décennies ne sont plus en état aujourd’hui de ranimer le formidable
élan européen que les pères fondateurs avaient réussi à susciter.
Ils sont fatigués et ils ont déçu: l’écart entre les
citoyens et les institutions européennes n’a cessé de se creuser, et les
politiques européennes sont trop souvent insuffisantes ou incomplètes.
C’est l’heure pour les Démocrates de prendre la relève.
C’est à nous que revient l’ardente obligation de faire partager par les
citoyens le rêve européen qui nous habite. Nous qui sommes porteurs des valeurs
de respect de la dignité humaine, de l’Etat de droit, de la liberté, de
l’égalité, de la solidarité et de la responsabilité.
Ces valeurs s’incarnent dans nos sociétés au travers du
pluralisme, de la non-discrimination, de la tolérance, du respect des minorités
nationales et linguistiques, de l’égalité entre hommes et femmes, et de
l’investissement dans la jeunesse et l’éducation.
Le Parti Démocrate européen veut et doit être inspirateur
d’une nouvelle constellation politique dont l’objectif est de remettre l’Europe
en marche.
Les chantiers ne manquent pas.
Les politiques européennes dans le domaine de la lutte
contre le changement climatique sont parmi les plus ambitieuses du monde. Mais
alors que les États-Unis se sont détournés des accords de Paris, l’Europe doit
aller encore plus loin grâce à un plan ambitieux de transition vers une
économie verte financé par de nouvelles ressources propres et créatrice de
millions d’emplois.
Nous avons créé une monnaie unique mais elle n’a toujours
pas de pilote politique. Ni les instruments ni les moyens budgétaires
n’existent qui permettraient aux Etats de la zone euro de coordonner leurs
politiques économiques et de bénéficier de la solidarité de leurs partenaires
en cas de chocs asymétriques.
Nous avons créé une union économique et monétaire mais nous
laissons les Etats membres se livrer une concurrence féroce en matière fiscale,
en particulier en ce qui concerne l’impôt sur les sociétés.
Nous proclamons notre détermination à protéger l’Union des
excès de la mondialisation mais nous laissons nos principaux concurrents
extérieurs prendre le contrôle d’entreprises ou d’infrastructures stratégiques
et nous ne favorisons pas l’apparition de géants industriels européens capables
de tenir tête aux géants des concurrents.
Les grandes multinationales de l’Internet réalisent des
profits considérables en commercialisant les données des citoyens européens
mais nous les taxons moins que nos PME européennes.
Nous avons mis en scène il y a peu, l’adoption du socle
européen des droits sociaux, mais nous n’avons toujours pas d’instruments
efficaces contre le dumping social et de feuille de route pour encourager la
convergence sociale, élément central pour solidifier la cohésion sociale et
territoriale européenne.
Nous avons formellement établi une frontière commune mais
nous ne la gardons pas en commun et nous laissons les Etats membres du Sud
contrôler quasi seuls des dizaines de milliers de kilomètres de frontières
maritimes et nous n’avons toujours pas de règles communes en matière d’asile.
Nous faisons pression sur les Etats africains d’origine ou
de transit des migrants pour qu’ils limitent les départs de leurs
ressortissants vers l’Europe, mais nous n’avons toujours pas mis en place avec
eux le plan Marshall dont l’Afrique a besoin pour assurer le développement d’un
continent en pleine croissance démographique.
Nous dépensons plus d’argent que la Russie si on additionne
les budgets consacrés par les pays de l’Union à leur défense, mais nous ne
sommes pas capables de projeter des forces européennes sur les théâtres
d’opérations extérieures si cela s’avérait nécessaire, ni de dissuader la
Russie d’amplifier sa politique aventureuse et belliqueuse à l’égard de ses
voisins européens.
Le défi est de taille, l’urgence est là.
Le PDE relève ce défi.
Pour nous, c’est l’heure de refonder l’Europe.