Pourquoi
pas un référendum pour clore l’épisode du mouvement de foule des gilets jaunes?
S’il
s’agit d’une éventualité (et non comme certains le disent d’une décision déjà
prise par Emmanuel Macron), les partis centristes ne sont pas contre.
«Un référendum est peut être souhaitable car rendre la
parole aux Français, c'est toujours une bonne chose», a ainsi estimé Jean-Christophe
Lagarde, le président de l’UDI, qui venait d’être reçu à l’Elysée par le Président
de la république dans le cadre de consultations avec les partis politiques.
Mais
ils posent leurs conditions.
D’abord,
il ne faut pas que ce référendum ait lieu le même jour que les élections
européennes (idée envisagée pour que la participation soit plus forte) afin de
ne pas les parasiter et faire passer l’enjeu crucial de l’avenir de l’Union
européenne au second plan alors que celui-ci est en danger et celle-là en
délitement.
Stanislas Guerini, le délégué général de LREM avoue s'interroger
«sur l'opportunité de faire ce référendum le jour des élections européennes, un
moment historique dans l'histoire de notre continent, où les Européens vont
dire si on continue ou on arrête le projet européen».
Pour Patrick Mignola, président du groupe MoDem à l’Assemblée
nationale, si cette consultation du peuple français peut «être une solution, ce
n’est pas nécessairement le jour des européennes».
Pour Jean-Christophe Lagarde, il n’est «pas question
d'organiser un référendum le jour des élections européennes. On ne peut pas
être Président de la république en se faisant élire sur un projet européen et
sacrifier le débat européen, ce serait trahir son mandat».
Ensuite, il ne faut pas que les questions soient trop
nombreuses ou trop simplistes et, surtout, qu’elles apparaissent comme un
plébiscite pour ou contre la politique du Gouvernement et la présidence de
Macron.
Patrick Mignola estime que «L'outil du référendum peut être
intéressant pour répondre à certaines questions, mais quand les problèmes sont
complexes on n'y répond pas forcément par des solutions simples».
Lagarde, lui, s’est exprimé maintes fois pour dénoncer la possibilité
que ce référendum ne soit qu’un plébiscite vis-à-vis du Président de la république.
Enfin,
ce référendum ne peut être la seule décision prise à l’issu du Grand débat
national, il faut y adjoindre des mesures réglementaires et législatives pour
prendre en compte les demandes des Français.
Guerini estime que «les questions posées (par la crise actuelle)
sont tellement profondes que je ne pense pas que toutes les réponses puissent être
contenues dans un référendum».
Et il se dit «plutôt favorable à un référendum sur les
questions de démocratie et citoyenneté» et «moins favorable sur des questions
de fiscalité, qui doivent faire l'objet d'une remise à plat plus complète».
«On ne peut pas sortir du grand débat par un simple
référendum», a ainsi déclaré la porte-parole du MoDem, Sarah El Haïry.
Et d’ajouter: «il y aura des réponses à trouver à court
terme, à moyen terme et à long terme. Le référendum ne peut pas être l’alpha et
l’oméga du grand débat. Les réponses doivent être diverses. Ça peut passer par
une réforme institutionnelle, de nouvelles lois, etc».
Mignola, lui, veut que le processus du Grand débat aille jusqu’à
son terme:
«Il faut aller au bout du débat. On a encore un mois et demi
devant nous pour continuer à écouter les Français. Il faut ouvrir toutes les
portes et les fenêtres, parler des institutions parce que l'on a une crise de la
représentation démocratique mais aussi
d'économie, du social, de fiscalité, d'écologie, etc.».
Quant à Lagarde, il affirme la réponse à la crise liée aux gilets
jaunes est «d'abord économique et sociale».
Dans ce cadre, il propose une baisse de la TVA sur l'énergie
et l'eau, lier la taxe foncière aux conditions de ressources des propriétaires et
remettre en question certaines niches fiscales.»