Howard Shultz |
C’est
le cas d’Howard Shultz, ancien dirigeant de Starbucks et toujours principal
actionnaire de la chaîne, qui a annoncé «considérer sérieusement» sa
candidature pour la présidentielle de 2020 (il avait déjà déclaré son intérêt
pour celle-ci auparavant).
Il
vient ainsi de déclarer sur CBS qu’il voulait se présenter comme un centriste ‘indépendent’,
en dehors du système des deux partis dominants».
Sa
principale motivation reste tout de même de s’opposer à Donald Trump.
Cependant,
dans son discours, il s’en prend à la fois au Parti républicain et au Parti
démocrate estimant qu’il faut une candidature «independent» qui parle à tous
ceux qui sont centristes.
Il
convient de rappeler que le terme «independent» fut inventé pour classer tous
les électeurs qui ne se reconnaissent pas dans les deux grands partis qui
structurent la vie politique américaine depuis le XIX° siècle (le Parti
républicain fondé dans les années 1850 ayant pris assez rapidement la place des
Whigs, c'est-à-dire le parti libéral de l’époque).
Si,
au départ, il s’agissait de citoyens qui estimaient se situer à égale distance
des thèses républicaines plutôt à droite et des thèses démocrates plutôt à
gauche, ce n’est plus du tout le cas aujourd’hui.
Si
cette catégorie d’électeurs existe toujours, il n’est plus du tout sûr (les
sondages sont peu fiables en ce domaine) qu’elle soit majoritaire chez les
«independents».
Désormais
on trouve beaucoup de républicains et de démocrates qui critiquent la position
de leurs partis respectifs, le plus souvent parce qu’ils ne sont pas assez de
droite ou de gauche et pas du tout parce qu’ils ne seraient pas assez modérés.
Dès
lors, toute candidature indépendante qui veut rallier les «independents» parle
à un peuple qui n’a aucune cohésion politique d’où le peu de chance qu’une
candidature de «troisième voie» puisse l’emporter.
C’est
d’ailleurs le constat fait depuis longtemps par l’ancien maire de New York,
Michael Bloomberg.
Si
ce dernier a été tenté en 2008 et 2016 de se présenter en tant que candidat
«independent», il s’est toujours ravisé estimant qu’il n’avait aucune chance de
parvenir à la Maison blanche sur ce positionnement qui n’a pas la possibilité
d’être majoritaire dans l’électorat.
D’ailleurs,
il avait toujours choisi une étiquette lors de son parcours politique
newyorkais, étant démocrate puis républicain, mais toujours centriste, avant de
se dire «independent» pour sa troisième candidature victorieuse à la mairie de Big
Apple (donc au niveau local et non national qui permet parfois la victoire d’un
«independent») puis dans ses interventions politiques jusqu’à ce qu’il reprenne
sa carte au Parti démocrate dans l’éventualité d’une candidature en 2020 où il
concourra alors dans la primaire démocrate.
Dans
l’Histoire des EtatsUnis, plusieurs candidats de «troisième voie» se sont
présentés mais peu en tant qu’«independents».
Celui
qui obtint le plus de voix lors d’une présidentielle fut l’ancien président républicain
Theodore Roosevelt en 1912 sous la bannière du Parti progressiste, qui ne termina
qu’en troisième position et fit élire le candidat démocrate Woodrow Wilson contre
le candidat républicain…
Quant
au vrai «independent» qui obtint le plus de voix, ce fut le milliardaire conservateur Ross Perot qui se
présenta en 1988, termina en troisième position et permis au démocrate Bill Clinton
de l’emporter face au président sortant, George H. Bush…
Pour
ce qui est de 2020, un candidat «independent» du style de Howard Schultz, prendra
d’abord des voix au candidat démocrate et risque de faire réélire Donald Trump pour
un second mandat.
C’est
pourquoi, son initiative a été vivement critiquée par tous les opposants au populiste
démagogue incompétent et pas seulement par la gauche du Parti démocrate.
Reste
que de l’intention à la candidature, il y a souvent un espace si grand que le candidat
«independent» recule comme on le voit à chaque élection où les divers postulants
abandonnent (on ne compte évidemment pas dans cette catégorie la dizaine de candidats
qui se présentent sous des étiquettes politiques très partisanes et qui rappellent
que si l’élection se joue entre deux personnalités, l’une républicaine et l’autre
démocrate, la présidentielle américaine n’est absolument pas un simple duel).