François Bayrou |
Les
circonvolutions bayrouesques où, à la fois, l’on est dedans et dehors (de la
majorité présidentielle), soutien et contempteur (du Président de la république
et du Gouvernement), continuent depuis l’élection d’Emmanuel Macron avec la
volonté affirmée d’occuper, pour son auteur, la scène médiatique.
Désormais,
c’est la récupération à son profit du mouvement de foule des gilets jaunes qui permet
au centriste d’être un utilisateur effréné du concept «en même temps» mais loin
de la définition macronesque…
Ainsi,
dans un entretien au quotidien Le Monde, en marge d’une réunion qu’il a
organisé à Pau, la ville dont il est maire, dans le cadre du Grand débat national,
le leader du Mouvement démocrate a déclaré:
«Les gens ont le sentiment de ne pas être écoutés et que,
quoi qu’ils fassent, on ne les respecte pas. S’y est ajoutée une frustration récente:
les Français ont bien senti, au cours de sa campagne, que Macron avait perçu
leurs attentes et leur rage. Et c’était la vérité! La frustration est d’autant
plus grande qu’ils se sont aperçus que, sitôt l’élection passée, on en revenait
aux chemins les plus battus.»
Son «allié», installé à l’Elysée appréciera l’analyse!
D’autant qu’il en rajoute une couche.
Il affirme ainsi qu’il a «quelques distances avec la manière
dont on a gouverné dans les derniers mois».
Majorité présidentielle, vous avez dit?!
Et ça continue.
Ne voilà-t-il pas que, d’après lui, «dans l’équilibre
nécessaire entre efficacité et justice, la justice a été trop oubliée».
Et, ce n’est pas fini.
Selon lui, ce «moment démocratique important» va permettre de
«reformuler un projet national explicite et à visée internationaliste».
Comme si Emmanuel Macron n’avait pas de projet (il a publié
un ouvrage, «Révolution» qui dit le contraire) et pas de programme (on avait eu
l’impression que Bayrou s’était rallié à Macron parce que, justement, il
soutenait son programme)…
Quant
à la récupération explicite, la voici:
«Quand le mouvement est né, on a tardé à apporter des
réponses, on n’a pas saisi tout de suite la dimension de ce qui venait. Le
grand débat, c’est la reconnaissance de la nécessité de l’explication, en
tenant compte à la fois des attentes et des réalités.»
Et de poursuivre:
La crise des gilets jaunes, «est une frustration, des
frustrations qui fermentent depuis trente ans et qui procèdent de deux grandes
causes, sociales et démocratiques. Nous avons une double exigence de
reconnaissance de ces frustrations et de leurs causes, et d’un projet pour y
répondre. Ce grand débat, c’est la méthode pour en sortir. Si l’on veut que la
politique réussisse, il est impératif de ne pas être en rupture avec le pays.
Quand le gouvernement perd l’assentiment du pays, le pouvoir est paralysé.»
Rappelons à François Bayrou, que quelques dizaines de
milliers de manifestants en gilets jaunes ne font pas un pays de près de 67 millions
d’habitants.
Et que les sondages ne font pas une politique.
Mais ça, il le disait avant…
Enfin, après ce grand débat, il voit bien le départ du Premier
ministre, Edouard Philippe car «il faudra évidemment qu’il y ait un changement
perceptible» dans l’équipe gouvernementale.
Et, s’il ne le dit pas, on devine qui il verrait bien à sa place…
Centristement votre.
Le Centriste