Pourquoi la démocratie représentative et non directe,
participative, délibérative ou autre qualificatif qui en changerait la nature?
Non pas parce que c’est le meilleur système dans l’absolu
mais parce que c’est le meilleur système qui peut être implémenté réellement et
concrètement aux sociétés humaines actuelles et, peut-être futures.
Parce ce que, pour qu’il y ait démocratie aujourd’hui dans
lesdites sociétés, la forme représentative est le mieux à même, à la fois, de
représenter la volonté des citoyens et d’être efficace.
Le vote permet ainsi d’élire les représentants du peuple qui
se présentent sur des programmes différents, issus d’organisations politiques
qui ont, chacune, des objectifs quant à ce qu’elles veulent que soit la
démocratie républicaine.
Ensuite, ces représentants, dévoués uniquement à leur mandat
et ayant à l’esprit le bien de la communauté qu’ils représentent, peuvent
travailler pour faire fonctionner l’Etat et mettre en place des mesures et des
réformes.
Cette «division du travail» est une absolue nécessité dans
les sociétés complexes dans lesquels nous évoluons.
Croire qu’un citoyen qui a un métier qui l’oblige pendant
toute la semaine, parfois avec des horaires très longs, peut, dans le même
temps, gérer et gouverner un pays, est une illusion, certes belle, mais
impraticable qui aboutirait à un chaos très rapidement.
Même dans les petites communautés, la démocratie directe qui
est souvent mise en place (comme dans l’idéal hippy), est souvent la cause de
leur destruction parce que des clans, voire même des individus isolés,
l’empêchent de fonctionner normalement.
Ayant évacué cette belle idée utopique (à moins de créer un
«nouvel individu» aussi intelligent que responsable, aussi impliqué que ne
ménageant pas ses heures entre son travail, sa famille, ses amis, ses loisirs et
hobbys, ses responsabilités dans le gouvernement), toute sa vie (et non pas
pour un simple mandat), voyons les autres alternatives.
Celles-ci seraient incontournables et obligatoires parce que
la démocratie représentative, selon certains de ses contempteurs, serait à bout
de souffle et devrait être remplacée par «autre chose».
Même certains défenseurs de la démocratie représentative
estiment qu’il faut la dépoussiérer et la «moderniser».
De quoi parle-t-on, au fait?
De donner, non seulement, la parole au «peuple» (dont nous
savons depuis Kelsen, qu’il n’existe pas en tant qu’entité ayant une identité
particulière mais seulement comme un groupe d’individus assujettis à la même
règle juridique) mais de le faire participer ou, tout au moins, délibérer à la
décision politique et de le faire voter, parfois, sur des mesures «importantes»
(c’est bien sûr le référendum avec une vision de son extension actuelle qui
pourrait aller jusqu’à celui qui provient d’une «initiative populaire»).
Pour nombre de ceux qui défendent cette évolution de la
démocratie actuelle, tous les domaines devraient être impactés par ces
nouvelles attributions au «peuple» alors que pour d’autres, il faut
circonscrire cette intervention populaire à quelques items bien précis.
On voit bien que, dans tous les cas, il s’agit de limiter la
représentation dans la démocratie pour promouvoir le pouvoir d’«en bas» sensé
être plus vertueux selon les supporteurs d’une nouvelle république qui aurait
une nouvelle constitution (nous passerions alors à la VI° République en France).
Malheureusement pour eux et pour notre idéal d’une
communauté humaine vraiment civilisée et humaniste, l’Histoire réfute avec
brutalité et sans aucun sentiment, cette vision d’une vertu populaire ainsi que
la capacité de ce même «peuple» de pouvoir gouverner efficacement en étant
impliqué à tous les étages et dans tous les domaines de la décision politique.
En réalité, avant de changer ou de moderniser ou de créer
une démocratie hybride (à la fois représentative, directe, participative et
délibérative, ce que nos systèmes sont, de toute façon déjà un peu tout cela),
faisons simplement en sorte de faire fonctionner réellement et concrètement
cette démocratie représentative, ce qui est loin d’être le cas.
Car si elle fonctionnait correctement, la plupart des
critiques qui lui sont adressées par ses adversaires mais aussi par ses
partisans, tomberaient d’elles-mêmes.
Bien sûr, comme je l’ai dit en commençant, cela n’en ferait
pas le meilleur système de gouvernement des humains dans l’absolu mais cela
ferait d’elle le meilleur système que nous pouvons espérer actuellement.
Et cette seule perspective est déjà assez réjouissante pour
que nous nous battions pour la préserver tout en faisant en sorte qu’elle
fonctionne comme elle doit fonctionner.
Alors, au travail, non pour démolir mais pour faire
fonctionner au mieux ce que nous avons bâti de mieux.