lundi 14 janvier 2019

Actualités du Centre. Lettre aux Français de Macron: les réactions centristes

Voici les premières réactions centristes à la lettre adressée à tous les Français par Emmanuel Macron qui a marqué l’ouverture officielle du «Grand débat» voulu par le Président de la république (lire ici).

> LREM (Jean-Baptiste Djebbari, député de Haute-Vienne)
Il n'y a pas de questions taboues. J'ai lu la lettre attentivement et je crois que le président n'élude aucun sujet, sur les bons et les mauvais impôts, sur la relocalisation nécessaire de la vie démocratique, sur l'immigration, sur l'intégration, sur la laïcité. Ça pose des éléments pour le débat, qui pourra être plus large que ça, et c'est à celui-ci maintenant d'apporter les réponses pour transformer la colère des Français en solution
(…) Les sondages disent que 40% de la population est intéressée pour participer au grand débat. Tout le week-end, j'ai parlé à des retraités, à des citoyens, à des «gilets jaunes» et je peux vous dire que le sujet de l'ISF ne revient pas en premier.

> MoDem
(Marc Fesneau, ministre des Relations avec le Parlement)
Ce débat est une chance pour la France et permettra de rebâtir un contrat social. Je pense qu'on avait besoin de ce moment-là, c'est un moment assez inédit. Il faut que les uns et les autres se saisissent de ces questions et se placent en situation d’écoute.

(Patrick Mignola, président du groupe Mouvement démocrate à l’Assemblée nationale)
La lettre d’Emmanuel Macron lance le grand débat: pas de sujet tabou, stop aux violences, des questions pour bâtir un nouveau contrat social, écologique et démocratique. «Transformer les colères en solutions» que la France redevienne elle-même.

> UDI (Jean-Christophe Lagarde, président)
Je ne vais pas jouer aux opposants systématiques. Je trouve la lettre d’Emmanuel Macron trop longue, mais l’exercice est plutôt réussi. (…) Il faut s’engager dans le grand débat national, sans naïveté. (…) La question centrale, ce n’est pas la lettre du Président de la République, mais l’utilisation qui sera faite des conclusions remontées par «le grand débat». Si c'est juste pour faire semblant, comme ça a été le cas pendant l'élection présidentielle, ce n'est pas vraiment nécessaire. La question c'est, est-ce qu'il est capable, d'entendre, de comprendre et d'apprendre l'avis des Français ? On verra.
(…) Profitons du grand débat pour poser un certain nombre de sujets : la reconstruction d’un pacte républicain qui redonne de l’équité, la reconstruction d’un pacte démocratique et territorial. (…) Il faut rééquilibrer les pouvoirs du Président de la République. Il faudra que le parlement reprenne du poids, pour qu’il puisse arrêter l’exécutif quand il se trompe. (…) Il faut des mécanismes qui permettent aux citoyens d’intervenir directement dans le débat, entre chaque élection. Cela nécessite le référendum d’initiative citoyenne, mais pas que.


Actualités du Centre. Dans sa «Lettre aux Français», Macron renoue avec le social-libéralisme

la lettre d'Emmanuel Macron
Emmanuel Macron a donc publié sa «Lettre aux Français» qui lance le «grand débat national» qu’il a voulu en réponse au mouvement de foule des gilets jaunes (et aux sondages indiquant qu’il y avait une majorité de la population qui le soutenait) dont l’ouverture officielle commence aujourd’hui, 14 janvier, et se terminera le 15 mars.
Si l’on retrouve dans cette lettre l’esprit de son ouvrage-programme, «Révolution» (*), et qu’elle borne les débats par le refus d’une quelconque remise en cause de la démocratie mais aussi de la laïcité et qu’elle affirme que les réformes déjà votées ne seront pas abrogées, ni même amendée, c’est surtout un retour aux sources d’un positionnement au centre-gauche et au social-libéralisme ainsi que cet appel au peuple qui avait caractérisé certains accents populistes de sa campagne présidentielle.
Rappelons que le Centrisme se définit comme un libéralisme social (la liberté moteur d’un progrès qui permet ensuite la redistribution sociale).
Ainsi, sa lettre commence par rappeler que la France est une république solidaire pour ensuite dire qu’elle est une démocratie qui libère l’individu:
«La France est, de toutes les nations, une des plus fraternelles et des plus égalitaires. C’est aussi une des plus libres, puisque chacun est protégé dans ses droits et dans sa liberté d’opinion, de conscience, de croyance ou de philosophie.»
De même, il rappelle que «chaque citoyen a le droit de choisir celles et ceux qui porteront sa voix dans la conduite du pays, dans la conception des lois, dans les grandes décisions à prendre»: c’est le régime de la démocratie républicaine représentative.
Et que «chacun partage le destin des autres et chacun est appelé à décider du destin de tous»: c’est la nécessité d’un lien social fort basé sur la solidarité, la tolérance et le respect.
Et d’ajouter: «c’est tout cela, la nation française».
Même s’il reconnait ensuite longuement la crise actuelle basée sur un manque de confiance dans le présent et des grandes craintes face à l’avenir, il affirme, «comment ne pas éprouver la fierté d’être Français?»
Il comprend et même «partage» l’«impatience» de beaucoup face à une société qui n’est pas assez «prospère» et «juste».
Cependant, dans cette impatience, il condamne fermement les «violences» commises et l’«accusation générale» envers les piliers de la démocratie et de la république, expliquant que «Si tout le monde agresse tout le monde, la société se défait!».
Dans cette lettre, il donne les quatre axes principaux qui devraient structurer le débat: «nos impôts, nos dépenses et l’action publique»; «l’organisation de l’Etat et des collectivités publiques»; «la transition écologique»; «redonner plus de force à la démocratie et la citoyenneté».
Dans ce quatrième thème, il demande aux Français de dire quelle dose de proportionnelle ils veulent, s’ils souhaitent des référendums d’initiative populaire et quelles sont leurs propositions pour une démocratie plus représentative.
Enfin, pour bien faire comprendre que l’on n’est pas dans un débat de remise en cause des institutions et des élus, il explique qu’il «n’est ni une élection, ni un référendum».

Pour lire cette lettre cliquez ici

(*) «Je n’ai pas oublié que j’ai été élu sur un projet, sur de grandes orientations auxquelles je demeure fidèle. Je pense toujours qu’il faut rendre à la France sa prospérité pour qu’elle puisse être généreuse, car l’un va avec l’autre. Je pense toujours que la lutte contre le chômage doit être notre grande priorité, et que l’emploi se crée avant tout dans les entreprises, qu’il faut donc leur donner les moyens de se développer. Je pense toujours qu’il faut rebâtir une école de la confiance, un système social rénové pour mieux protéger les Français et réduire les inégalités à la racine. Je pense toujours que l’épuisement des ressources naturelles et le dérèglement climatique nous obligent à repenser notre modèle de développement. Nous devons inventer un projet productif, social, éducatif, environnemental et européen nouveau, plus juste et plus efficace. Sur ces grandes orientations, ma détermination n’a pas changé.»