Alberto Rivera, président de Ciudadanos |
Rumeurs, infox, procès d’intention, calomnies des deux côtés
des Pyrénées, les réseaux sociaux et les médias ont affirmé que le parti centriste et
libéral Ciudadanos allait gouverner avec le parti d’extrême-droite Vox dans la
région d’Andalousie où ce dernier a fait une percée qui le met en position de
faire et défaire les majorités dans une région qui a été gouvernée pendant 36
ans par les socialistes du PSOE qui y ont subi un échec majeur même s’ils sont
arrivés en tête du scrutin.
Le Parti populaire (PP) arrivé en seconde position et qui
opère en ce moment un virage vers la droite radicale qui ressemble à celui de
LR en France, a formé un gouvernement de coalition avec Ciudadanos autour d’un
programme paraphé par les deux partis.
Mais les centristes ont immédiatement indiqué qu’il ne
négocierait jamais avec Vox, ce qu’a fait le PP et ne voterait aucune des
propositions de cette formation de nostalgiques du franquisme.
C’est si vrai que juste après que le PP et Vox ait conclu un
pacte en 37 points, les dirigeants de Ciudadanos ont déclaré qu’ils n’étaient
liés à aucun de ceux-ci et qu’ils ne les appliqueraient pas.
De même, le gouvernement andalou, suite à la pression des
centristes, ne compte aucun membre de Vox, les portefeuilles allant à égalité
au PP et à Ciudadanos.
Par la voix de son secrétaire général, José Manuel Villegas
le parti centriste d’Alberto Rivera a déclaré fermement que «Vox n'est pas un partenaire de Ciudadanos, ni du
gouvernement de coalition et de changement en Andalousie.»
Et il a
ajouté que le pacte entre le PP et Vox, «ne fait que les lier ou le PP, pas
Ciudadanos ou le gouvernement de coalition».
En outre,
cet accord de gouvernement ne prélude en rien un accord national avec le PP ou
des accords locaux, Villegas affirmant que Ciudadanos visait à chaque élection
la victoire et non une quelconque union avec la Droite.
Ces
déclarations ont été fortement critiquées par les leaders de Vox qui ont accusé
Ciudadanos de «manœuvrer», de «n’avoir pas sa place dans le jeu démocratique»
et… «d’obéissance à Emmanuel Macron»!
Ainsi, le
chef de Vox, Santiago Abascal, a écrit sur Twitter, «Je comprends que le parti
français doit faire un effort pour ne pas déranger son président Macron. Mais
les choses sont comme elles sont, il n'y aura de changement qu'en Andalousie à
cause des votes et du patriotisme de Vox, et ce malgré l'égoïsme,
l'irresponsabilité et l'obéissance des autres.»
C’est d’autant plus risible, qu’en France, les médias
anti-Macron ainsi que l’opposition se sont emparés de l’affaire afin d’affirmer
que son «allié» (?) espagnol s’était acoquiné avec l’extrême-droite…
Cette campagne de désinformation de ce côté-ci des Pyrénées
vise ainsi à salir le président de la république française pour ses soi-disant
compromissions avec les extrémistes alors que du côté espagnol, il s’agit de le
salir parce qu’il lutte contre les populistes et les radicaux comme Vox!
Bien entendu, le gouvernement d’union entre le PP et
Ciudadanos, qui prendra ses fonctions le 16 janvier, sera scruté dans ses
premières décisions puis dans sa gestion de la région andalouse pour savoir si
les centristes pourront résister à la pression que ne manqueront pas de faire
la Droite et l’extrême-droite à son encontre pour faire passer des mesures
radicales.
Mais, face au passé du Ciudadanos et de son
président-fondateur, Alberto Rivera, il n’y a aucune raison de leur faire un
procès d’intention à ce sujet.
D’autant qu’un responsable du parti centriste veut se
tourner vers les socialistes pour obtenir des majorités:
«Nous avons un besoin urgent de tester la ligne du PSOE
andalou, nous essaierons de les décider, nous ferons appel à leur sens des responsabilités
avec des mesures très difficiles à rejeter. Ils auront l'occasion de démontrer
qu'ils sont un parti constitutionnel».
Beaucoup à Ciudadanos estiment, cependant, que ce
gouvernement avec le PP sera une expérience politique de court terme si Vox n’est
pas muselé et si les socialistes ne jouent pas le jeu d’une grande coalition.
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC