Par Aris de Hesselin
et Alexandre Vatimbella
Dans cette rubrique, nous publions les points de vue
de personnalités centristes qui ne reflètent pas nécessairement ceux du CREC.
Ces points de vue ont pour but d’ouvrir le débat et de faire progresser la
pensée centriste.
Aris de Hesselin est un avocat international,
centriste et un européen, défenseur d’une mondialisation humaniste.
Alexandre Vatimbella est le directeur du CREC.
Tous les astronautes et autres cosmonautes partis dans
l’espace ont raconté qu’en voyant la Terre, ils ont vu une planète unique mais
aussi fragile, le lieu unique de la vie humaine et un monde sans frontières
pour tous ses habitants embarqués dans la même aventure.
Et leur ressenti, au moment où nous nous posons constamment
la question de notre avenir avec cette possibilité que nous soyons nous-mêmes
responsable de notre extinction en tant qu’espèce (voire de la destruction de
la vie en général) montre bien la nécessité de nous unir tous pour vivre et
partager ensemble un destin commun.
C’est sans doute ce vivre ensemble qui nous permettra de
trouver les solutions aux nombreux challenges qui se posent à nous.
Si un seul pays et la citoyenneté universelle demeurent
malheureusement des utopies qui ne se réaliseront jamais, nous devons penser à
une union réelle, une alliance concrète pour bâtir un futur pour nos
descendants.
Les organisations internationales type Société des nations
ou ONU ne sont pas assez intégratrices et n’ont pas assez de pouvoir pour être
la réponse aux défis qui se présentent.
Ce qu’il faut est un objet juridique qui ressemble à l’Union
européenne et qui fonctionne, non pas comme une fédération, là aussi cela
semble malheureusement utopique, mais qui soit une confédération.
Petit passage par la case définition.
Une fédération est une «union de
plusieurs Etats particuliers conservant leur souveraineté dans certains
domaines de compétence, au sein d'un seul Etat fédéral auquel ils abandonnent
leur souveraineté externe et une partie de leur souveraineté interne».
Une confédération est, au niveau
constitutionnel, un «Etat composé d’Etats où chaque membre conserve son
indépendance mais se soumet à un pouvoir central essentiellement constitué par
un organisme de coordination dont les décisions doivent être prises à
l'unanimité des Etats-membres».
En matière de droit
international, il s’agit d’une union durable, reposant sur un traité, conclu
entre Etats indépendants et souverains et comportant une organisation permanente,
qui devient elle-même personne internationale.
Bon, d’accord, beaucoup prétendront avec une justesse que
l’établissement d’une confédération mondiale (dont l’ONU devait être la
première pierre pour ses créateurs) est tout aussi utopique et que la règle de
l’unanimité la rendra vite incapable de prendre une décision.
C’est possible mais c’est, en tout cas, la seule forme
juridique atteignable actuellement par les différentes communautés humaines de
la planète et qui aurait assez de pouvoir afin d’avoir cette action concrète et
coordonnée indispensable pour prendre des décisions capitales pour notre
présent et notre futur.
Rien n’empêche, par ailleurs, que cette confédération évolue
et que l’on s’oriente sur un fonctionnement avec des décisions prises à la
majorité qualifiée puis, petit à petit, vers l’établissement d’un pays unique
si les communautés en question constatent que leur réunion permet d’agir
positivement et d’envisager l’avenir avec confiance.
Pourquoi cela pourrait marcher?
Parce qu’une confédération ne lie pas automatiquement chacun
de ses membres mais chacun d’entre eux savent que si leur indépendance est
respectée, ils peuvent aussi compter sur le fait que les décisions prises le
sont collectivement et solidairement, engageant l’ensemble de l’Humanité sur un
pied d’égalité.
Et c’est bien de cela dont on a besoin pour faire avancer
toutes les composantes de cette Humanité en même temps: la confiance juridique
parce qu’elle n’est pas simplement un chapelet de promesses en l’air et de
bonnes résolutions mais un lien contractuel avec des droits et des devoirs
ainsi que des conséquences si ceux-ci ne sont pas respectés.
Aujourd’hui, par exemple, en matière de lutte contre le
réchauffement climatique, certains pays estiment qu’ils ne peuvent prendre des
mesures de protection de l’environnement parce que cela impacterait de manière
trop forte leur économie, l’emploi, leur développement, etc. et les
déclasserait, voire les empêcherait de rattraper les pays les plus avancés.
C’est le cas de la Pologne mais aussi de la Chine, de l’Inde
mais aussi du Brésil et d’autres nations à travers le monde.
Et ce ne sont pas des accords internationaux style de la COP
(dont la 25e session vient de se terminer sur un demi-échec) qui peuvent leur garantir une solidarité
effective s’ils décidaient de prendre des décisions fortes en la matière.
Ce serait évidemment différent dans le cadre d’une
confédération où la solidarité jouerait à fond, non pas par gentillesse ou
sympathie, mais par un lien juridique qui obligerait celle-ci à s’enclencher
automatiquement.
Même chose pour bien d’autres sujets qui menacent l’Humanité
comme les armes nucléaires, le terrorisme, le manque d’eau, etc.
On comprend que beaucoup sont très réticents à s’engager
dans la voie confédérale contraignante.
En revanche, on ne comprend pas très bien qu’ils ne
veuillent pas trouver des solutions en commun aux menaces qui s’amoncellent en
faisant en sorte du chacun pour soi qui conduira au désastre final pour l’Humanité.
Certains croient qu’ils pourront passer à travers les
gouttes et seront les gagnants de la tragédie qui s’annonce parce qu’ils auront
été les plus malins.
Ce qu’ils n’ont pas compris c’est que, quoi qu’il arrive, si
l’on n’agit pas de manière concertée et avec force, il n’y aura que des
perdants parce que les épreuves qui s’annoncent ne connaissent pas les
dérisoires frontières construites par les humains.
Pas question pour autant de faire nôtre les sombres
prédictions et prophéties des collapsologues et autres prophètes de malheur
parce que nous avons encore le pouvoir d’éviter le précipice.
Mais ne traînons pas.
Aris de Hesselin & Alexandre Vatimbella
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