Par Jean-François
Borrou
Dans cette rubrique, nous publions les points de vue de
personnalités centristes qui ne reflètent pas nécessairement ceux du CREC. Ces
points de vue ont pour but d’ouvrir le débat et de faire progresser la pensée
centriste.
Jean-François Borrou est le pseudonyme d’un
journaliste proche des idées centristes.
François Bayrou |
Vous n’avez jamais rien fait de répréhensible parce que vous
êtes d’une honnêteté irréprochable, selon vos propres dires, surtout, vous n’êtes
au courant de rien parce que vous ne vous occupiez pas de la gestion du
parti, ajoutez-vous.
Mais, monsieur Bayrou, qui peut croire sérieusement une
seule seconde que quelque chose puisse se passer à l’intérieur du Mouvement démocrate
sans que vous l’ayez décidé ou, au minimum du minimum, sans que vous soyez mis
au courant?!
Il suffit d’avoir été militant d’un parti que vous avez
dirigé pour être halluciné par une telle assertion.
Votre défense à propos des faux attachés parlementaires
européens de votre parti a, de plus, quelque chose d’indécent pour un homme
comme vous qui ne cesse de répéter à longueur de journée qu’il faut être
responsable, qu’il faut assumer ses actes et qu’il faut un monde politique
propre et qui se présente encore comme un parangon de vertu, critiquant sans
cesse ceux qui ont fauté comme Nicolas Sarkozy ou Bernard Tapie, par exemple.
Car, plus que ce détournement de fonds qui a assuré la
survie du MoDem dans une période critique, c’est votre défense par vous-même et
tous vos admirateurs transis, pardon, les dirigeants, les élus et les militants
de votre formation qui est choquante.
Et, surtout, d’un ridicule pathétique quand on entend par
exemple le chef de vos députés, Patrick Mignola, dresser le panégyrique de son
patron, vous même – à moins que ce soit des éloges funèbres de votre carrière
politique! – dont on a peine à croire les déclarations selon lesquelles que
vous seriez, le messie dont la république à si besoin, la boussole qui lui permet
de toujours indiquer la direction.
Le pire, monsieur Bayrou, c’est qu’en la circonstance, vous
avez agi comme l’a fait Marine Le Pen pour les mêmes raisons, renflouer les
caisses du parti et payez ses salariés avec l’argent venant de l’Union
européenne grâce aux députés élus au Parlement européen, une pratique du RN que
vous avez largement condamné et que vous avez raison de condamner.
Et c’est à cause de ce «splendide isolement» où vous l’avez
constamment cantonné pendant des années pour votre unique ambition personnelle
que le MoDem a du agir ainsi pour ne pas mettre la clé sous la porte.
Voilà qui n’est pas très reluisant pour le Centre que vous
prétendez incarner même si vous n’en êtes pas le premier dirigeant auquel la
justice s’intéresse.
Nous passerons rapidement, comme cela a été le cas pour
vous-même, physiquement parlant, sur votre passage – que vous aviez accepté
comme une récompense de votre vertu – place Vendôme en tant que garde des
Sceaux…
Que vous défendiez votre innocence quand tant d’éléments
sont contre vous, pourquoi pas, c’est votre droit.
Que cette affaire, si vous être jugé coupable, ne vous empêche
pas de continuer à faire de la politique et à être élu après avoir purgé votre peine,
si une est prononcée, pourquoi pas, non plus, vous n’avez certainement pas franchi
la limite de l’acceptable, loin de là, à l’opposé d’un Jérôme Cahuzac ou d’un Patrick
Balkany.
Mais on aurait aimé un peu plus de décence dans les
réactions de vos troupes qui vous comparent à un martyr parce que l’on vous
accuse de détournement de fonds à de quoi choquer.
Cela rappelle un peu les réactions claniques des membres du
RN à l’égard des mises en examen de la famille Le Pen.
Parce qu’en plus, l’on se plaisait à penser qu’il y avait
quelques uns des membres du MoDem qui avaient commencé à ne plus être des fans ardents
mais des hommes et des femmes politiques plus libres et responsables, capables
de s’émanciper de votre tutelle parce qu’ils avaient compris que ce n’est pas
un homme que l’on défend quand on fait de la politique mais des idées et des
valeurs, surtout quand on est centriste où l’on déteste l’être providentiel.
Ce sera sans doute pour une autre fois, s’il y en a une…
Jean-François Borrou
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