François Bayrou |
Lorsque l’on parle de la mise en examen pour détournements
de fonds qui vient de frapper François Bayrou ce 6 décembre, juste après celle
de sa fidèle lieutenante, Marielle de Sarnez, le 4 décembre, qui suivait, elle-même,
celles d’une quinzaine d’anciens et actuels cadres du Mouvement démocrate (dont
Sylvie Goulard, Jean-Luc Bennahmias, Nathalie Griesbeck et Michel Mercier), il
faut pour bien comprendre le pourquoi de cette fraude aux attachés
parlementaires du parti au Parlement européen (en réalité attachés à d’autres
tâches que l’Union européenne), se rappeler l’état de délabrement et de
déliquescence dans lequel se trouvait le parti qu’il avait créé en 2007 depuis la
présidentielle et les législatives de 2012 avant qu’Emmanuel Macron ne vienne
le sauver en 2017.
On l’a sans doute un peu oublié mais, à peu près à la même
époque, Bayrou avait du loué une grande partie des locaux historiques de l’UDF
(puis du MoDem) pour pouvoir boucler les fins de mois d’une formation sans
députés, avec une petite poignée de sénateurs et quelques députés européens
(élus grâce à un accord avec l’UDI dirigé alors par Jean-Louis Borloo pour les élections
européennes de 2014 avec la liste l’Alternative).
On a peut-être aussi oublié que le Mouvement démocrate a été
pendant une décennie, de sa création en 2007 à son ralliement à Emmanuel Macron
en 2017, une coquille vide en matière d’élus, une conséquence de la mission quasi-unique
que lui avait assignée Bayrou, être une machine électorale lui permettant
d’accéder à l’Elysée, son rêve et son obsession.
Ce que l’on a moins oublié c’est qu’en 2017 le même Bayrou
souhaitait ardemment se présenter à la présidentielle mais qu’il ne décollait
pas dans les sondages et que son parti était exsangue à tous les points de vue.
Une nouvelle défaite, voire une absence totale à la
présidentielle aurait sans doute sonné le glas de la formation centriste.
La planche de salut s’est appelée la victoire de Macron – que
pourtant il avait vertement critiqué pendant presqu’un an – et la quarantaine
d’élus à l’Assemblée nationale lors des législatives qui ont suivies et la
nomination de ministres, des cadeaux du nouveau président.
Mais le mal avait été fait bien avant quand ne pouvant plus
payer ses factures le Mouvement démocrate avait licencié une grande partie de
ses salariés, loué ses locaux et utilisé les attachés parlementaires payés par
le Parlement européen à des tâches administratives et de politique intérieure.
Un mal absolument nécessaire pour éviter le naufrage du parti
mais qui comportait un volet illégal qui n’a été découvert que parce qu’il y a
eu dénonciation.
Cette dernière, qui n’a été qu’une simple vengeance à
l’égard de François Bayrou dont la gestion catastrophique de ses rapports
humains, était écrite si l’on considère le nombre de passages éclairs dans les
rangs du MoDem de nombre de personnalités politiques et de militants, le plus grand
nombre partis fâchés et revanchards.
Que peut-il donc advenir de la formation centriste après ces
mises en examen et avant un éventuel procès?
D’abord un affaiblissement politique à court terme d’un
parti dont le chef a toujours fustigé les comportements délictueux des autres
et qui en vient désormais à déclarer que «tout le monde est mis en examen dans la
politique française» (sic!) tout en affirmant qu’il ne démissionnera pas de sa
fonction de maire de Pau.
A moyen terme, tout dépendra des accusations qui seront
finalement retenues par la justice puis des condamnations prononcées.
Le Mouvement démocrate qui s’est beaucoup renouvelé après
ces détournements de fonds présumée puis, surtout, depuis la victoire centriste
à la présidentielle et les législatives possède désormais des cadres qui ont acquis
une reconnaissance, qui ont une compétence et qui n’ont pas trempé dans cette
affaire des attachés parlementaires.
Cependant, le parti est toujours la «chose» de Bayrou et il
faudra, rapidement, qu’une autre organisation et un autre fonctionnement,
réellement collégiaux et avec des délégations de pouvoir réelles pour qu’il
devienne une formation politique qui n’est pas uniquement dédiée à son chef.
Une révolution de prépare peut-être au MoDem.
Certains diront, il était temps.
Quant à l'avenir politique de Bayrou s'il est mis en examen, voire condamné, rien n'indique que cela sonnera le glas de sa carrière.
D'autres ont connu cet épisode judiciaire et s'en sont relevé, comme son ami Alain Juppé qui l'avait remis en selle en le soutenant à la mairie de Pau après sa traversée du désert suite aux élections de 2012...
Quant à l'avenir politique de Bayrou s'il est mis en examen, voire condamné, rien n'indique que cela sonnera le glas de sa carrière.
D'autres ont connu cet épisode judiciaire et s'en sont relevé, comme son ami Alain Juppé qui l'avait remis en selle en le soutenant à la mairie de Pau après sa traversée du désert suite aux élections de 2012...
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC
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