Les sondages ont cette cruauté (quand ils donnent des
résultats justes et sont faits avec sérieux) de mettre en porte-à-faux ceux
qu’ils interrogent entre ce qu’ils disent et ce qu’ils font, voire entre ce
qu’ils disent et… ce qu’ils disent!
Les contradictions sont nombreuses (et humaines) entre le
beau principe, la belle valeur, l’objectif radieux, la responsabilité assumée
et cette satané réalité réelle que l’on tente bien de contourner, d’ignorer, de
nier mais qui, elle, demeure stoïque face à toutes les palinodies humaines.
S’il y a bien une chose qu’a révélé le mouvement de foule
des gilets jaunes, c’est que l’on pouvait avoir des Français farouchement pour
une lutte en faveur de l’environnement et contre le réchauffement climatique
qui refusaient de payer dans le même temps quelques cents sur le prix du
carburant pour y parvenir tout en soutenant, à la fois, ceux qui bloquaient des
ronds points avec violence et intimidation et le ministre de l’environnement de
l’époque qui, incapable de comprendre la politique, la vraie et la nécessaire,
venait fort à propos de se draper de la toge de l’indignation écologique à
l’encontre d’un gouvernement (dont il faisait partie…) qui, selon lui, ne
faisait rien pour la sauvegarde de la planète et décider de claquer la porte
avec autant de théâtralité (mais d’un vaudeville très médiocre), de démagogie
et de pathétique.
Sans oublier cette recherche effrénée des «convergences» de
la part des leaders d’Europe-écologie-les-verts avec un mouvement qui se bat
contre l’écologie!
Bien sûr, cet épisode n’aurait été que l’épiphénomène qu’il
représentait si les médias avides de monter en épingle n’importe quel événement
(ou non-événement) pour faire un peu de taux d’audience et de vente (il faut
bien faire de l’argent avec l’information) n’avaient relayé complaisamment les
frasques de la foule jaunâtre tout en versant les larmes de circonstance sur
notre «conscience» écolo mais surtout médiatique qui, depuis, ne cesse de se
venger de ses anciens nouveaux amis, c’est dire sa grandeur d’âme.
On retrouve à peu près les mêmes ingrédients avec le
mouvement social et surtout corporatiste contre la réforme nécessaire des
retraites où l’on a une majorité de Français pour une réforme et une majorité
qui défend le mouvement contre une réforme…
On est même dans la contradiction totale quand on voit
qu’une majorité de sondés se disent pour la suppression des régimes spéciaux
(que l’ensemble des Français payent de leur poche) et qu’ils soutiennent un
mouvement initiés par ceux-là même qui bénéficient de leurs avantages
(permettant, par exemple, à 12% des salariés de la SNCF, ceux qui se déclarent en
grève, de bloquer le trafic des trains…).
Oui, disions-nous avant cette longue digression, les
Français doivent d’abord se mettre d’accord avec eux-mêmes avant de critiquer
ceux qu’ils ont élus pour faire ce qu’ils ne veulent pas tout en le voulant!
Exercice beaucoup moins difficile qu’on ne le croit
puisqu’il suffit de dire une phrase du genre, «je suis d’accord avec… mais…».
Le «oui mais» (ou sa variante le «non mais») a cette
capacité redoutable de pouvoir dire (car cela n’est pas obligatoire) deux choses
antinomiques dans une même phrase tout en passant pour défendre les deux
parfois sans en défendre aucune des deux mais en décidant quand même d’en
privilégier une qui n’est pas dans le oui ou le non mais dans ce fameux «mais».
Deux exemples.
On est pour plus d’écologie (pour éviter la catastrophe)
«mais» contre une taxe écologique (qui permet de financer les mesures contre la
catastrophe).
On est pour moins d’impôt (qu’il y ait moins de
fonctionnaires à payer) «mais» pour plus de services publics (plus de
fonctionnaire employés).
Ah! la rhétorique démagogique et populiste est bien ancrée
chez les Français et pas seulement leur personnel politique qui n’est, en
définitive, qu’un simple reflet de ce qu’ils sont.
Alors, chers compatriotes, avant de critiquer vos élus,
avant d’aller les menacer jusque dans leurs maisons, avant de les insulter et
de leur promettre tous les malheurs du monde, soyez un peu pus responsables
dans vos demandes qui sont incohérentes et totalement paradoxales.
Avant de critiquer sans cesse la démocratie représentative
et de demander plus de démocratie directe voire de démocratie participative qui
ne seraient qu’un vaste capharnaüm devant vos revendications antinomiques et
donc inconséquentes, oui, soyez plus responsables.
Arrêtez donc de demander le beurre et l’argent du beurre,
surtout le beurre sans le beurre (mais toujours avec l’argent)!
Centristement votre.
Le Centriste
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