La démocratie est un régime politique qui garantit
pour tout le monde sans exception la liberté et l’égalité dans la sécurité, que
l’on fasse partie de la majorité ou de la minorité.
Pour certains, d’ailleurs, c’est bien cette garantie
donnée à la minorité, celle qui n’est pas de l’avis de la majorité, qui
caractérise le mieux la démocratie.
L’on peut, en effet, penser, s’exprimer et agir –
dans le cadre de la loi – différemment de la majorité sans être exclu ou
marginalisé de la communauté voire menacé par celle-ci psychologiquement et
physiquement.
Cette protection de la minorité est donc fondamentale
dans la démocratie républicaine libérale et représentative qui régit nos
sociétés occidentales.
Bien entendu le terme «minorité» ne désigne pas une
entité monolithique et réductrice mais englobe toutes les minorités,
c'est-à-dire tous ceux qui ne se considèrent pas de la majorité (qui peut,
également, être plurielle).
Cette protection garantit à la minorité de pouvoir
défendre ses intérêts face à celle de la majorité sans être inquiétée et
intimidée de quelque façon que ce soit.
Pour autant, l’on comprend aisément que la minorité est
minoritaire face à la majorité qui est majoritaire.
Ces deux tautologies ne sont pas aussi stupides à évoquer
notamment dans ce qu’est en train de devenir la démocratie républicaine dans
notre XXI° siècle.
La montée de l’autonomisation égocentrique de l’individu a
ainsi mis au premier plan les minorités dont les revendications ont pris un
tour systématique dans tous les domaines possibles leur conférant une fausse
légitimité.
Des minorités, comme le constate le sociologue Gérald
Bronner, qui utilisent les réseaux sociaux pour leur permettre «de s’organiser
très rapidement» et qui leur «donnent une grande visibilité, favorisent
l’entre-soi, la polarisation et la radicalisation des points de vue».
Il faut y ajouter une mise en scène constante de leurs
revendications par les médias qui aboutit à leur totale déformation en leur
donnant une importance qu’elles n’ont pratiquement jamais.
Dès lors, le droit de la minorité est en train de se
transformer en dictature des minorités, une situation inacceptable pour la
démocratie républicaine car elle peut provoquer sa disparition pure et simple.
Ainsi, désormais, le jour d’après une élection, son résultat
est systématiquement remis en cause par les minorités battues qui tentent par
tous les moyens de le délégitimiser tout en refusant de l’accepter.
Et, au fur et à mesure, la pression de ces minorités se fait
de plus en plus forte avec la volonté de paralyser toute action de la part d’un
pouvoir pourtant légitimement élu.
A noter que ces minorités peuvent agir chacune de leur côté
dans une suite sans fin où les revendications des unes suivent celles des
autres provoquant une instabilité constante du pouvoir mais elles peuvent
également agir de concert, soit pour défendre des intérêts qui peuvent être
communs, soit pour tenter d’abattre ce pouvoir et ce par à-coups ou de manière
constante.
Cette action déstabilisatrice des minorités ne s’arrête pas
là puisqu’elle peut se manifester partout et pour tout, pouvant empêcher alors
la majorité ou une ou d’autres minorités de faire valoir leurs droits par des
campagnes plus ou moins violentes.
On comprend bien que ce mécanisme vicie totalement le
fonctionnement de la démocratie.
Car si une minorité quelle qu’elle soit a un droit
imprescriptible de pouvoir s’exprimer et de faire valoir ses intérêts, elle n’a
aucune légitimité à les imposer aux autres, qu’ils soient de la majorité ou
d’autres minorités.
En agissant ainsi elle détruit même le fondement sur lequel sont
assis ses propres droits.
Si le cas des Etats-Unis est souvent invoqué pour parler de
la dictature des minorités dans le monde du savoir et particulièrement à
l’université où des activistes tentent par tous les moyens de bâillonner ceux
qui ne pensent pas comme eux et instaurent parfois une atmosphère de terreur
intellectuelle (voire physique) pour y parvenir, la France, elle, possède ses
minorités dans le domaine social où toute une série de groupes tentent par tous
les moyens d’imposer leurs intérêts face à la majorité ou à d’autres groupes.
Le cas du mouvement de foule des gilets jaunes est à ce
titre un exemple caractéristique de cette tentative de déstabilisation de la
démocratie républicaine en utilisant de manière illégitime les droits qu’elle
donne aux minorités.
Cette situation se reproduit une nouvelle fois avec la
réforme des systèmes de retraite et la grève de ce 5 décembre.
Au-delà de ces deux exemples, ces mouvements revendicatifs
des minorités qui remettent en cause les choix de la majorité (et celles
d’autres minorités) devraient malheureusement se multiplier dans les années à
venir tant cette autonomisation de l’individu joue contre le lien social et les
règles du vivre ensemble.
Centristement votre.
Le Centriste
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Les commentaires anonymes ne sont pas publiés ainsi que ceux qui seraient insultants ou qui ne concernent pas le Centre et le Centrisme.