On ne prend sans doute pas assez conscience en France et en
Europe du danger que représente Donald Trump et ses troupes pour les valeurs
démocratiques et républicaines qui sont quotidiennement foulées au pied voire
ridiculisées dans des attaques d’une rare violence et des agissements souvent
illégaux.
Cette outrance constante dans les propos et les
comportements s’est encore vu à la tribune de la Chambre des représentants lors
de sa mise en accusation du président (approuvée le 18 décembre) dans le cadre
de la procédure de sa destitution quand deux républicains sont intervenus, l’un
pour affirmer que le procès de Jésus ayant abouti à sa crucifixion avait été
plus juste que celui que Trump subissait devant les élus de la nation, l’autre
pour dire que ce jour était un jour de plus grande «infamy» (infamie, terme
utilisé à l’époque par le président Franklin Roosevelt) que l’attaque des
Japonais en 1941 sur Pearl Harbour.
Ces déclarations ignobles (ces deux événements ayant causé
la mort de personnes innocentes) et d’une bêtise crasse d’élus de la nation
n’ayant manifestement plus la notion de la décence, ne font même plus tiquer
parce qu’elles s’inscrivent dans une logorrhée vomissante qui ne cesse de se
déverser depuis le camp républicain qui est devenu un simple fan club de Trump
où l’on retrouve tous ceux qui, pendant des années, se sont attelés à faire du
parti de Lincoln, le réceptacle de toutes les haines de groupes radicalisés
qui, il n’y a pas si longtemps, traitaient Barack Obama de «Hitler» et de «Staline»,
répandant à son sujet une somme invraisemblable de «fake news» dont l’une,
qu’il n’était pas de nationalité américaine, a été propagée en particulier par
Trump.
Mais ce sont aussi la destruction du tissu démocratique
(notamment par la désignation aux postes de juges fédéraux de personnages
extrémistes et incompétents ainsi que le redécoupage des circonscriptions
électorales afin de permettre l’élection à coup sûr de républicains sans
oublier la nomination de ministres ne connaissant rien à leur domaine
d’intervention), la destruction de législations afin de permettre aux groupes
particuliers d’avoir les mains libres dans de multiples domaines (c’est cette
fameuse lutte de Trump contre le soi-disant «deep State», l’Etat profond, qui
serait une sorte d’organisation occulte qui régnerait sur le pays pour le
contrôler, un des thèmes favoris des complotistes d’extrême droite…), les
attaques constantes contre les minorités, les relations proches du président et
de son gouvernement avec nombre de dictateurs et d’autocrates dont certains
sont des ennemis des Etats-Unis comme Poutine ou Erdogan, etc.
Oui, le parti républicain, celui qui, situé au centre de
l’échiquier politique, avait lutté pour que la démocratie ne disparaisse pas de
la planète lors de la Guerre de sécession (Guerre civile pour les Américains),
est en train de la détruire méthodiquement et sans le moindre état d’âme.
La question est de savoir pourquoi, après avoir élu George W
Bush qui a commencé le travail avec la nomination de nombreux radicaux dans son
Administration, sa guerre en Irak et ses législations qui ont écorné le lien
social américain, après un combat frontal contre Barak Obama où tous les coups
étaient permis, du mensonge à la paralysie du pays, après une campagne abjecte
contre Hillary Clinton, les républicains sont devenus de simples marionnettes
d’un populiste démagogue, escroc et raciste, sérial mythomane (il a menti,
selon les chiffres du Washington Post, publiquement près de 15500 fois, le
total de ses mensonges en 2019 étant supérieur au total de ses deux premières
années de mandat) et narcissique prêt à mettre en danger les intérêts de son
pays pour ses propres intérêts.
On peut avancer plusieurs raisons mais qui, toutes, vont
dans le même sens: garder (ou conquérir) le pouvoir à tout prix afin de faire
triompher des intérêts particuliers face à un intérêt collectif constamment
attaqué par la démolition méthodique du système démocratique et de l’Etat.
Pour cela, aucune alliance scélérate, aucune compromission boueuse,
aucun reniement indigne, aucun mensonge crapuleux, aucune insulte odieuse n’ont
été proscrits bien au contraire.
Dès lors, les républicains sont devenus le Parti qui a
accueilli en son sein tous les factieux, les séditieux, les racistes, les
possesseurs d’armes de guerre, les adversaires de la science, les bigots les
plus extrêmes et d’autres catégories qui sont bien ce qu’Hillary Clinton
disaient d’elles un «basket of deplorables» (panier de déplorables), tournant
le dos à tous ses principes et ses valeurs.
Des gens qui n’ont l’injure à la bouche, il suffit de les voir,
vociférant, lors des meetings de leur idole, Trump.
Oui, l’homme qui vient d’être mis en accusation par la
Chambre des représentants est, avant tout, le produit de cette Amérique-là que beaucoup
ont tendance à minimiser en pensant qu’elle n’est que le faite de quelques énergumènes
et que le «bon peuple» est trompé par ceux-ci.
Or, si elle n’est pas encore – et, espérons-le, jamais – majoritaire
dans le pays, elle a quand même permis l’élection d’un dangereux personnage à la
tête de la première puissance du pays grâce à un système électoral datant d’un autre
âge et, surtout, censé empêcher qu’il n’y parvienne jamais!
Peut être que le titre de cet éditorial n’est pas assez fort
pour ce que je viens d’écrire.
Mais, ridiculiser la démocratie, c’est démontrer qu’elle n’est
qu’un régime de pacotille et sans réel capacité à se défendre face à des imbéciles
notoires manipulés en sous-main par quelques ennemis jurés des valeurs humanistes.
Et, oui, en l’occurrence, le ridicule peut tuer.
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