Ce n’est sans doute pas une bonne nouvelle pour les Britanniques
mais certainement pas une mauvaise pour l’Union européenne, au contraire et
surtout pour tous les européens convaincus dont les centristes.
Avec la victoire écrasante des Conservateurs menés par le
populiste démagogue et premier ministre sortant, Boris Johnson, aux
législatives anticipées qui viennent d’avoir lieu, la Grande Bretagne devrait
enfin quitter l’Union européenne au début de l’année 2020.
Beaucoup estiment que ce départ – baptisé Brexit – programmé
puis reprogrammé puis re-reprogrammé va être un coup dur pour l’Europe.
Avec d’autres, je pense que non.
Evidemment, le départ d’un pays de l’Union n’est pas, en
soi, une bonne chose d’autant plus que celui-ci est important par le nombre de
ses habitants, son économie et sa place dans le monde.
Mais, la Grande Bretagne a toujours été depuis son adhésion
à la CEE (Communauté économique européenne, ancien nom de l’UE) en 1972, le ver
dans le fruit européen.
Parce que les britanniques n’ont rejoint la construction
européenne que contraints et forcés et non avec enthousiasme et volonté de
faire progresser celle-ci.
Il ne faut jamais oublier que, pendant des années, ils ont
tenté de la torpiller de l’extérieur par toutes sortes de moyens dont la
création d’une zone de libre-échange directement concurrente et sensée
démontrer son inanité.
Dès leur entrée, ils n’ont eu de cesse de demander un statut
spécial et des avantages exorbitants, demandes qui ont culminées, dans les
années 1980, avec la tristement célèbre formule de leur première ministre,
Margaret Thatcher, «I want my money back» (Je veux que l’on me rendre mon
argent) et qui signifiait que les Britanniques devaient intégralement se voir
reverser d’une manière ou d’une autre leur contribution financière à l’Union européenne.
Ce n’était plus de l’extérieur qu’ils voulaient détruire
l’Europe mais de l’intérieur tout en se servant au passage.
Et après leur décision de partir par référendum où la
désinformation a été la règle du côté de ceux qui souhaitaient le «Brexit», au
premier rang desquels ont trouve Boris Johnson, dans les négociations de
sortie, ils ont tenté d’extorquer un statut spécial à l’UE qui, s’ils avaient
réussi dans leur entreprise, leur aurait donné tous les avantages d’être dedans
tout en profitant, en même temps, de tous les bénéfices d’être dehors!
Oui, l’histoire de la Grande Bretagne vis-à-vis de l’Union
européenne est celle d’une prédation constante qui l’a déstabilisée sciemment
ou cyniquement pour ses seuls intérêts.
Et il faut espérer que, pendant la période de transition qui
devrait suivre son départ le 31 janvier prochain, on aille aussi vite que
possible et sans concession outrancière aucune dans les règles qui vont
dorénavant régir les relations entre les deux entités.
Ce que l’on peut espérer avec son départ c’est d’abord une
clarification de la situation de l’UE ainsi que de constater qui veut ou pas y
demeurer.
Si les 27 pays membres ont tous fait bloc – avec quelques
variantes mineures – face aux britanniques, certains seront peut-être tentés de
les imiter.
On pense notamment aux pays dirigés par des populistes
radicaux comme en Hongrie ou en Pologne.
Et pourquoi pas d’autres départs qui clarifieraient toujours
plus la situation et permettraient à ceux qui veulent vraiment rester de donner
cette nouvelle impulsion absolument indispensable pour que l’Europe devienne
réellement ce qu’elle doit être: une grande puissance basée sur les valeurs
humanistes, espace de paix à l’intérieur et propagandiste de celle-ci partout
dans le monde.
Non pas pour la beauté du geste ou une quelconque
mégalomanie mais tout simplement pour une question de survie et de pouvoir être
maître de son destin dans ce XXI° siècle.
Il serait dommage de gâcher ce moment qui s’annonce, voire
de provoquer une dislocation de l’UE parce que tous les peuples européens en
paieraient le prix d’une manière ou d’une autre.
Bon vent donc à la Grande Bretagne qui doit, évidemment,
demeurer une alliée et une partenaire de l’Union européenne.
Mais, dorénavant, elle devra le démontrer en paroles et
surtout en actes.
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