Jo Swinson, présidente des Lib dems |
Alors
qu’ils avaient obtenu des résultats très encourageants lors des dernières
élections européennes et locales, les Liberal democrats semblent se diriger
vers un demi-échec lors
des élections législatives du 12 décembre prochain au Royaume Uni.
Pourtant,
leur position dure anti-Brexit
et Remain (maintien dans l’UE) ainsi que leur programme sociale et libérale
auraient du leur permettre de convaincre nombre d’électeurs qui ne veulent pas
sortir de l’Union européenne (les sondages indiquent qu’ils sont une majorité
aujourd’hui dans le pays) et qui ne souhaitent pas la politique néolibérale que
prépare Boris Johnson mais qui ne veulent pas non plus de cette politique
crypto-communiste que
propose Jeremy Corbin avec la nationalisation de pans entiers de l’économie
britannique.
Or,
ce n’est pas ce qui se passe et les sondages le confirment avec un petit 13%
d’intentions de vote de moyenne et, sans doute, moins de vingt députés à la
Chambre des communes (dû en partie à un système électoral très injuste puisque
majoritaire à un tour).
Pourquoi
cette incapacité à créer une dynamique qui est pourtant réelle dans le pays non
seulement chez les électeurs centristes mais également chez les modérés des
Tories (conservateurs) et du Labour (gauche)?
Il
semble que la position dure sur le Brexit ne soit pas vue aussi favorablement
même par ceux qui luttent contre une sortie de l’Union européenne.
Car
les Lib dems veulent stopper le processus dès leur arrivée au pouvoir sans
procéder à un nouveau référendum, ce qui est mal perçu par une partie des
électeurs souhaitant pourtant demeurer dans l’UE comme eux.
Ceux-ci
préfèreraient en effet l’organisation d’un autre référendum seul capable selon eux
d’annuler les résultats du premier alors que les centristes estiment que leur
victoire dans un scrutin démocratique validerait d’elle-même le Remain.
Plus
profondément, les Lib dems souffrent d’un déficit de confiance dû à leur
catastrophique passage au pouvoir lors de leur alliance avec les Conservateurs
dans le gouvernement de David Cameron, de 2010 à 2015, où leur leader, Nick
Clegg, en fut le vice-premier
ministre (rappelons que c’est le même Cameron, après sa réélection comme premier
ministre à la tête d’un gouvernement sans les centristes qui organisa le référendum
sur la sortie de la Grande Bretagne de l’Union européenne…).
A
l’époque, toutes les promesses électorales des centristes furent contredites
par leur acceptation des politiques mises en œuvre par Cameron suscitant un
très fort mécontentement de leurs électeurs qui leur infligèrent lors des
législatives suivantes une véritable correction qui a traumatisé le parti et
qui a éloigné de lui nombre de personnes qui partagent pourtant ses positions
mais qui ne croient plus en sa sincérité (ou qui ne sont pas encore prêts à le
faire).
On
peut aussi ajouter que la polarisation politique au Royaume Uni entre une
droite populiste qui s’est radicalisée (à l’instar du Parti républicain aux
Etats-Unis) et une gauche
tout aussi populiste (et qui joue une radicalisation qui ressemble à celle de
La France insoumise), laisse un espace réduit aux centristes.
On
le voit bien dans les propos plus ou moins scandaleux tenus par le premier
ministre conservateur actuel, Boris Johnson, dont certains n’ont rien à envier
à ceux de Donald Trump, et de ceux du chef des Travaillistes, Jeremy Corbyn,
avec des accusations récurrentes d’antisémitisme, déclarations qui ne leur
causent pas plus de préjudice que cela auprès de leurs soutiens…
Enfin,
les Liberal democrats souffrent également d’un système qui valorise le bipartisme,
leur laissant permettant, quand cela est possible, d’être un parti charnière comme
ce fut le cas lors de leur passage au pouvoir avec Cameron.
Mais,
pour le moment, tout indique que c’est une victoire large des Conservateurs qui
se dessine avec une possible majorité absolue à la Chambre des communes.
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