Par Aris de Hesselin &
Alexandre Vatimbella
Dans cette rubrique, nous publions les points de vue
de personnalités centristes qui ne reflètent pas nécessairement ceux du CREC.
Ces points de vue ont pour but d’ouvrir le débat et de faire progresser la
pensée centriste.
Aris de Hesselin est un avocat international,
centriste et un européen, défenseur d’une mondialisation humaniste.
Alexandre Vatimbella est le directeur du CREC.
Donald Trump & Xi Jinping |
On l’a déjà dit ici mais pendant
que Trump et ses sbires faisaient l’actualité en compagnie de Poutine et de ses
alliés autocrates et, pour certains, couverts de sang, un pays avait décidé de
faire parler de lui le moins possible, la Chine.
Pas pour des raisons de modestie
ou de manque d’assurance en son régime, pas pour se rapprocher de la communauté
internationale et encore moins pour plaire aux démocraties occidentales.
Non, pendant que Trump créait un
véritable chaos dans la mondialisation et les relations internationales, détruisant
avec l’inconséquence qui l’habite toute l’architecture mise en place par la
diplomatie américaine depuis plus d’un siècle, les responsables du Parti
communiste chinois avec à leur tête le «Mao au petit pied», Xi Jinping, verrouillait
la société chinoise comme jamais elle l’a été depuis les heures les plus sombres
du régime maoïste mais aussi des dynasties impériales qui se sont succédé au
cours de l’Histoire.
Rappelons que monsieur Xi, profession
dictateur, veut mettre en place son fameux «rêve chinois» (pour contrer le plus
que fameux «rêve américain») qui est un mélange indigeste de nationalisme, de puissance
économique, de force militaire et de préceptes surannés du marxisme-léninisme
(surtout le côté dictature du parti unique, seul détenteur de la vérité) afin
de maintenir la clique actuelle à la tête du pays, ivre de son pouvoir et qui s’est
remplie les poches par la corruption généralisée.
Le tout avec une mise en surveillance
de l’ensemble de la population grâce à toutes les technologies modernes, en
particulier celles de l’intelligence artificielle, couplées avec toutes les
vieilles recettes pour contrôler les citoyens et les empêcher de s’exprimer
(voir les camps de concentration au Xinjiang).
Comme l’expliquait récemment le sinologue François Godement
au Figaro:
«Le PCC a construit le système de contrôle de la population
le plus extraordinaire qu’on puisse concevoir. Cela s’est fait en deux étapes.
Celle du maoïsme: une ligne de masse et un contrôle de la population par la
densité et la présence du Parti communiste. Sous Xi Jinping, il s’exerce aussi
par la maîtrise de la technologie numérique et un contrôle sous toutes ses
formes de la population.»
Et son projet – même si l’appellation
«rêve chinois» est moins utilisée –, grâce à Donald Trump, à ses décisions
imbéciles, à son accaparement des médias et au rejet qu’il inspire de plus en
plus à la communauté internationale, a pris de l’ampleur.
Tellement que la dernière réunion
du Comité central du PCC qui vient de se terminer à Pékin a posé de nouveaux objectifs
à cette avancée majeure du totalitarisme et à la volonté de la Chine communiste
de dominer le monde avec comme date butoir, 2049, c’est-à-dire le centenaire de
la prise du pouvoir par les forces maoïstes.
On savait déjà que la vision politique
du grand dirigeant et néanmoins camarade Xi était désormais mentionnée dans la
Constitution sous la dénomination «la pensée de Xi Jinping» (ajoutons que l’agence
de presse officielle chinois, Xinhua, nous apprend qu’un livre vient d’être
publié de 27 octobre contenant «70 propos importants extraits de discours et
d'autres documents rédigés par M. Xi entre novembre 2012 et juillet 2019») comme
celle du grand timonier Mao mais les documents rédigés à l’occasion de cette
réunion ainsi que les décisions prises vont toutes dans le sens d’un nouveau
tour de vis vis-à-vis de tout ce qui reste de démocratique dans le pays dont les
quelques dissidents qui ont encore réussi à échapper aux forces de répression du
pouvoir.
Ceci inclut évidemment la grande
majorité de la population de Hongkong qui a compris ce que les Occidentaux ne
veulent pas voir: la liberté est en train de mourir complètement en Chine dans
une sorte de désintérêt des démocraties au premier rang desquels les Etats-Unis
mais aussi l’Union européenne.
Nous pouvons ainsi avoir honte de
nous-mêmes: après avoir permis à la Chine de devenir la deuxième puissance
économique en lui permettant de produire tout ce dont nous avions besoin à des
prix cassés (avec toutes les conséquences sociales pour les travailleurs des pays
occidentaux mais aussi écologiques), nous sommes en train de lui permettre d’être
la prochaine première puissance mondiale qui se sera bâtie sur un projet clair:
détruire totalement les valeurs humanistes que porte la démocratie
républicaine.
En revanche, celui qui en fera certainement
sa fierté c’est Donald Trump qui a promu tous les autocrates et les dictateurs
de la planète depuis le début de se présidence avec une constance qui n’est pas
simplement de la bêtise mais aussi de l’admiration sincère.
Comme l’explique le politologue Chen Daoyin à propos de la
volonté du Parti communiste chinois:
«Tout ce qui est occidental est rejeté. Le message central
est que le Parti dirige tout, de la société à l’économie en passant par la
culture. L’objectif est d’accoucher d’un régime capable de rivaliser avec le
système démocratique occidental en 2049».
En tout cas, on ne pourra pas dire qu’on n’a pas été prévenu…
Aris de Hesselin & Alexandre
Vatimbella
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