Tout parti
présidentiel connait des défections, des frondes et des découragements plus ou
moins importants ou profonds, en particulier lorsqu’il possède la majorité
absolue à l’Assemblée nationale.
De même, avec
l’avancement de la législature, ses députés, notamment les novices, prennent de
l’assurance et veulent surtout marquer leur présence et leur territoire en vue d’une
possible réélection, parfois simplement pour exister et donner un sens à leur
mandat qui est souvent bien moins exaltant que ce qu’ils pensaient.
Sans oublier,
évidemment, ceux qui ont des ambitions personnelles et qui veulent se faire
remarquer en vue de promotions diverses et variées.
Tout cela est normal,
l’UDR et le PS ont vécu cette situation en leur temps de gloire passés et,
actuellement, LaREM n’y déroge pas après deux ans et demi de pouvoir.
Mais quatre éléments
viennent accentuer les problèmes que peut connaître LaREM: beaucoup de députés
novices; nombre de députés venant d’horizons politiques parfois antagonistes (de
gauche, de droite, du centre, de l’écologie politique, etc.) et professionnels
variés; un positionnement «central» qui est interprété de manière différentes
selon les élus (même si c’est du centrisme qu’il se rapproche le plus).
Mais aussi une
implication en politique à partir d’un message qui pouvait être compris de
diverses manières (pour régénérer la politique, contre cette même politique,
pour une «révolution», titre du livre d’Emmanuel Macron, contre l’immobilisme
et des réformes profondes, pour transformer la gauche ou la droite ou le
centre, pour être «ailleurs», etc.)
Ici on touche à l’ADN
politique même du parti du Président de la République avec, donc, des élus qui
se sont investis en traduisant ce message un peu passe-partout ou en voulant
seulement profiter de cet appel d’air formidable pour s’engager dans une
structure assez lâche pour y introduire leurs propres visions politiques.
D’où ces couacs à répétition,
ces départs, ces exclusions et ses mises au point qui ont été nombreuses et qui
font la joie des opposants au Président de la République et qui permettent aux
médias de parler de crise.
Mais il serait
malhonnête de parler de crise ouverte alors même que, par le passé, des
majorités se sont littéralement déchirées en cours de législature comme ce fut
le cas en 1976 lorsque Jacques Chirac démissionna de son poste de Premier
ministre de Valéry Giscard d’Estaing ou avec les «frondeurs» de François
Hollande lors de la précédente présidence.
Néanmoins, il ne faut
pas minimiser les problèmes que rencontre LaREM parce qu’ils sont également un
symptôme du climat politique actuel.
D’autant qu’il est
assez paradoxal de voir une partie de la population, répondant aux sirènes les
plus populistes et démagogiques qui soient, s’en prendre à des personnes qui se
sont investies en politique pour justement s’attaquer au mal-être qui s’accumulait
depuis longtemps et qui faisait du monde politique le bouc émissaire de tous
les problèmes.
Dès lors ces nouveaux
élus (ou certains anciens qui retrouvaient le sens de leur engagement
politique) ont été déstabilisés par cette haine à leur encontre même s’ils
savaient que réformer un pays – qui plus est la France – ne serait pas une
promenade de santé.
De ce point de vue, il
est sans doute très difficile de savoir ce que feront de nombre de députés
LaREM lors des prochaines législatives, s’ils se représenteront ou non, et si
oui sous quelle étiquette.
En revanche, si
Emmanuel Macron se représente, comme il semble le vouloir, il est évident que
LaREM se ressoudera et fera corps derrière son chef de file comme ce fut le cas
avec tous les leaders charismatiques.
Mais si défaite il y
a, alors se posera la question de la survie d’une formation dont le ciment
principal était son chef de file.
In fine, les tracas de
tenir les troupes, c’est pour aujourd’hui, la crise sera peut-être pour demain.
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
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