Joe Biden, Kamala Harris, Amy Klobuchar, Cory Booker et même
Pete Buttigieg qui s’est récemment recentré avec maintenant l’ancien maire de
New York, Michael Bloomberg et l’ex-gouverneur du Massachussetts, Deval
Patrick, sans oublier quelques second couteaux (Castro, Delaney, Bullock et
Bennet), le nombre des candidats centristes à l’investiture démocrate pour la
présidentielle de 2020 montre, sans doute, la vitalité du courant centriste à
l’intérieur du parti mais aussi risque de le faire perdre face à la gauche qui
est représentée uniquement par Elizabeth Warren et Bernie Sanders voire Gabbard
et des originaux comme Steyer, Yang ou Williamson.
Bien sûr, Biden est toujours en tête nationalement devant Warren
et Sanders et loin devant ses concurrents centristes (dans l’ordre, Buttigieg,
Harris, Bloomberg, Booker, Klobuchar Castro, Delaney, Bullock et Bennet) mais
il risque de perdre les pourcentages nécessaires pour l’emporter et être
désigné comme le candidat du Parti démocrate lors de la Convention qui se
déroulera à Milwaukee (Wisconsin) du 13 au 16 juillet prochain.
Avant cela, il faudra passer par toutes les primaires et les
caucus avec un premier rendez-vous le 3 février prochain, avec le caucus de l’Etat
d’Iowa puis le 11 février avec la premières primaire dans celui du New Hampshire.
Même s’il s’agit de petits Etats (et que le mécanisme du
caucus est très décrié pour son mode de fonctionnement), ils ont souvent permis
à des «outsiders» ou des «mavericks» (personnalités indépendantes) de faire de
bons scores, voire de l’emporter, créant ainsi une dynamique qui a permis à
certains d’entre eux (comme Barack Obama ou Bill Clinton) de l’emporter alors
même qu’ils ne faisaient absolument pas partie des favoris.
C’est ici que la faiblesse du trop plein de candidats
centristes est criarde avec une dispersion des votes qui fait que Biden est en
seconde position dans les sondages dans le New Hampshire derrière Warren et en
troisième position dans ceux qui concernent l’Iowa, devancé par Warren mais,
surtout, par Buttigieg – qui est en tête actuellement – alors même qu’il
possède entre 10 et 15 points d’avance sur la première dans les sondages
sérieux et autour de 25 points d’avance sur le second.
Un Buttigieg dont les médias s’amourachent actuellement
(comme ce fut le cas pour O’Rourke qui a depuis jeté l’éponge puis pour Harris
qui ne dépasse plus les 5% d’intentions de vote) mais qui n’a, pour l’instant,
aucune chance de remporter les primaires.
En revanche, il pourrait avoir la possibilité de faire
perdre Biden et, si celui-ci demeure le principal candidat centriste, le
Centre.
Ce qui pourrait être également le cas des candidatures de
Deval Patrick et, surtout, de Michael Bloomberg.
Ce dernier s’est déclaré candidat pace qu’il estime que
Biden n’est pas assez fort pour l’emporter face à Warren et Sanders.
Mais c’est surtout son ambition ancienne – à chaque fois
contrariée par son indécision – de se présenter à la présidentielle qui l’a une
nouvelle fois démangé et amené à se déclarer.
Du Centre depuis toujours, il est pourtant en capacité de
faire perdre celui-ci en 2020.
Dans les sondages sérieux, le courant centriste devance
actuellement celui de gauche (liberal et socialiste) de quelques points.
Mais ce dernier est essentiellement regroupé autour de deux
candidats (Warren et Sanders) alors que la dispersion chez le premier est beaucoup
plus grande d’où la possibilité que le candidat du Centre le mieux placé – quel
qu’il soit – manque des quelques points nécessaires pour s’imposer.
Bien entendu, le nombre de candidats va diminuer dans les
semaines à venir comme c’est toujours le cas et il ne restera plus que les
principaux.
Cependant, la dispersion centriste sera sans doute encore plus
importante que celle de gauche.
Au-delà de la possibilité de la défaite du courant centriste
lors des primaires démocrates, c’est bien la victoire contre le candidat républicain
(Donald Trump aujourd’hui mais la procédure d’impeachment pourrait changer la donne
soit par sa destitution, soit par sa renonciation à se présenter, soit en
perdant le soutien du Parti républicain) qui serait remise en cause avec Elizabeth
Warren ou Bernie Sanders qui seront sans doute incapables de convaincre ce qui
reste d’électeurs de droite modérés et surtout les fameux «independents»
(non-affiliés à un parti) de tendance centriste et qui font souvent les
vainqueurs notamment par leur vote dans les Etats-clés.
Car même s’ils devancent Trump dans les sondages (avec une
marge moins grande que Biden), il ne faut pas oublier que la présidentielle est
une élection à deux niveaux avec la désignation de grands électeurs Etat par
Etat.
C’est ce système archaïque qui a permis à Trump de battre
Hillary Clinton en 2016 avec près de trois millions de voix en moins que la démocrate
grâce à ses victoires dans certains Etats-clés de par le vote en sa faveur de
seulement quelques milliers d’«independents» voire de l’abstention de certains
d’entre eux (sans oublier les abstentions des électeurs de gauche suite aux campagnes
de dénigrement contre Clinton venues en particulier des soutiens à Bernie
Sanders voire au socialiste lui-même).
Ce scénario catastrophe pourrait donc se reproduire en 2020,
ce qui serait un cauchemar pour les démocrates mais aussi pour tous les
défenseurs de la démocratie.
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
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