François Bayrou & Patrick Mignola |
Une majorité présidentielle cela sert, on le croyait jusqu’à
présent, à mettre en œuvre les promesses de campagne du chef de l’Etat élu mais
aussi d’être solidaire dans les moments difficiles avec l’exécutif.
Cette dernière évidence (mais parfois la première également)
semble être complètement oubliée par le Mouvement démocrate avec, nouvel
épisode de sa volonté de s’émanciper de LaREM une étrange tribune du président
du groupe à l’Assemblée nationale, Patrick Mignola, écrite largement par
François Bayrou et cosignée – ce qui est tout aussi étrange – par
les deux principaux responsables de l’UDI, Jean-Christophe Lagarde, son président,
et son second, Hervé Marseille (et approuvée par tous les députés MoDem même si
certains affirment, selon franceinfo qu’on leur «a forcé la main» et que le
texte est trop agressif).
Cette réunification des centristes autour d’un texte
qui demande un «Grenelle du XXI° siècle» afin de «lutter contre les inégalités»
avec une «augmentation des salaires» ressemble fort à une nouvelle contestation
par le MoDem de la politique suivie par le Gouvernement.
Décidément, la culture d’opposition systématique du
MoDem, héritée de ses années de traversée du désert initiée par Bayrou pour assouvir
son ambition présidentielle dévorante, a du mal à être dépassée.
Mais cette tribune est aussi le énième épisode d’un
parti qui tente de trouver sa légitimité propre (tous ses députés ont été des
«cadeaux» de Macron) et son identité (au-delà d’être des béni-oui-oui
de Bayrou) d’où cette volonté quasi-existentielle de vouloir sans cesse
s’émanciper de sa qualité d’appendice de LaREM en se distanciant de cette
dernière voire en s’y opposant plus ou moins frontalement.
D’ailleurs, Mignola, en bon petit soldat de Français Bayrou
ne dit pas autre chose quand il avoue que cet appel a comme but de «ne pas
céder à la tentation du parti unique».
Et il ne craint pas d’affirmer que son contenu est partagé
par la majorité d’En marche!...
Parce que la réaction du parti présidentiel n’a guère été
enthousiasmante, au contraire, avec cette impatience de plus en plus grande
devant ce que l’on considère comme des coups de couteaux dans le dos,
spécialement dans les moments délicats comme si le MoDem tentait alors
systématiquement de prendre ses distances pour ne pas être mis dans le même sac
que LaREM, voire de récolter des bénéfices électoraux futurs.
Comme l’explique un membre de cette dernière dans Le Figaro:
«Les relations se compliquent. Bayrou a demandé un plan B à
Paris, il joue les poils à gratter sur les retraites, on découvre parfois dans
l’Hémicycle des amendements du MoDem contre l’avis du gouvernement…»
Personne n’a ainsi oublié les attaques dures de Bayrou
contre Macron et son gouvernement avant et, surtout, au début de la crise du mouvement
de foule des «gilets jaunes» mais aussi depuis le début du quinquennat avec un systématisme
parfois étonnant.
On n’a pas oublié non plus que Mignola avait même, dans les colonnes
du même Figaro, qualifié la France sous Macron de pays «illibéral», rien que ca!
Et il en rajoute une couche en prétendant «que
la majorité n'assume pas ce pour quoi elle est là, c'est-à-dire la lutte contre
l'inégalité».
Voilà qui fera plaisir aux macronistes!
Ce que ne semblent pas comprendre les responsables du parti
centriste, c’est qu’ils seront considérés, quoi qu’il arrive, comme comptables,
autant que ceux de LaREM de la politique suivie au cours de cette présidence mais
que leurs critiques, en revanche, donneront du carburant à tous ceux qui sont dans
l’opposition, voire à tous les séditieux qui manifestent violemment.
Et l’on se dit que si cette opposition quelque peu pathologique
est la seule capacité de proposition du Mouvement démocrate, alors celui-ci a de
quoi se faire du mouron pour son avenir…
Centristement votre.
Le Centriste
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