On fête donc, en ce 20 novembre, journée des droits de l’enfant,
le trentième anniversaire de la signature de la Convention des Droits de l’Enfant
qui fut et reste un progrès énorme dans la reconnaissance de l’enfant comme une
personne, dotée de droits et ayant son autonomie par rapport aux adultes dont
ses parents.
Ce progrès et d’autres qui ont eu lieu au cours du XX° et du
XXI° siècles avec des personnalités comme Janusz Korczak, Françoise Dolto ou
Benjamin Spock, entre autres, ont permis à certains imbéciles de prétendre que
le règne de l’enfant-roi était survenu et que celui-ci était sur-gâté, surprotégé
et sous-discipliné.
Une aberration totale pour tous ceux qui s’intéressent ou s’occupent
de la cause de l’enfance à travers le monde où, partout, même dans nos «sociétés
avancées», des enfants sont assassinés, violentées, maltraités, vivent dans la
pauvreté, n’ont pas accès à l’éducation et à la santé, etc.
En réalité, souvent l’enfant est considéré par des parents-rois
comme un objet de valeur et non un sujet de droit, qui a, comme ils le réclament
d’abord pour eux, droit au respect (qui est ici plutôt une révérence sans
contrepartie) mais n’en a pas le devoir, d’où cette dénonciation sans fondement
de sa toute-puissance qui n’est, in fine, qu’un leurre.
D’ailleurs, cette déification irresponsable d’être avant
tout le fils ou la fille de ses parents – mais pas un être autonome – est un
handicap énorme pour toute son existence.
En fêtant cet anniversaire des droits de l’enfant, il est
donc plus qu’urgent de dire à tous les adultes et, en particulier à tous les responsables
politiques, que la société a des devoirs vis-à-vis des enfants.
Parce que cette notion des droits est assez abstraite pour
certains qui n’y voient qu’une sorte d’appellation contrôlée que l’on applique
à des campagnes, des colloques, des livres mais qui n’est pas très parlante au
quotidien.
Alors qu’en parlant des devoirs des adultes en la matière, c’est
pointer que chacun de nous doit rendre des comptes aux enfants et non pas être
des spectateurs désengagés de tous les maux qu’ils peuvent subir du fait de nos
actes, de nos décisions, de notre refus d’agir ou de regarder.
Oui, même si cette affirmation est devenue un enfoncement de
porte ouverte, le respect de l’enfant et de l’enfance n’est pas une réalité de
notre monde actuel.
Bien entendu, des améliorations, parfois éminentes, ont eu
lieu ainsi que des prises de conscience mais il reste tant à faire.
Une réalité qui n’a pas été au rendez-vous du début du quinquennat
d’Emmanuel Macron puisque, de manière scandaleuse, aucun ministère n’était dédié
à la protection de l’enfance.
Cet «oubli» volontaire a été depuis réparé mais avec un
simple secrétariat de «protection de l’enfance» (alors qu’il faudrait un ministère
«de l’enfance» comme le demande le défenseur infatigable de la cause des
enfants qu’est Jean-Pierre Rosenczveig), qui a une mission parfois très restrictive
des droits de l’enfant et du respect de sa dignité et de son individualité au cœur
de son émancipation et de la possibilité de réaliser son propre «projet de vie»
pourtant si chère à Emmanuel Macron.
Ainsi, par exemple, pour ce qui est de la PMA et de la GPA –
quel que soit l’opinion que l’on a sur ces pratiques – c’est avant tout le droit
des adultes, des hommes et des femmes, qui a été mis en avant par les responsables
de la majorité et, surtout, du secrétaire d’Etat en charge de la protection des
enfants plutôt que celui des enfants que l’on a plutôt traité en simples objets
de désirs que chacun aurait le droit de posséder s’il en manifestait l’envie.
C’est pour cela que les devoirs vis-à-vis des enfants
doivent être mis en avant car cela renverse la problématique en ne faisant pas
des droits une belle vitrine que l’on regarde en se félicitant de l’avoir rendue
si attrayante mais en rappelant sans cesse aux adultes qu’ils ont cette
obligation morale, éthique et juridique de respecter l’enfance dans toutes ses
dimensions parce que oui, comme le disaient Korczak, Dolto et Spock, l’enfant
est une personne.
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