Par Aris de Hesselin
Dans cette rubrique, nous publions les
points de vue de personnalités centristes qui ne reflètent pas nécessairement
ceux du CREC. Ces points de vue ont pour but d’ouvrir le débat et de faire
progresser la pensée centriste.
Aris de Hesselin est un avocat
international, centriste et un européen, défenseur d’une mondialisation
humaniste. Ses propos sont les siens et non ceux du CREC.
Donald Trump |
Il y a quelques semaines, après la destruction d’un drone
américain par les Iraniens, Donald Trump avait envisagé de lancer des
représailles mais, au dernier moment, les avait annulées au motif qu’il ne
voulait pas faire de morts.
Il avait ainsi tweeté :
«Nous avons été coincés et contraints de riposter hier soir
sur trois points de vue différents quand j'ai demandé, ‘Combien vont mourir ?’
‘150 personnes, monsieur’, a été la réponse d'un général. 10 minutes avant
l'attaque, je l'ai arrêtée, pas proportionnée au fait de tirer sur un drone
sans pilote.»
Et il s’en était expliqué ensuit sur la chaîne ABC :
«J'y ai réfléchi pendant une seconde et j'ai dit, vous savez
quoi, ils ont abattu un drone sans pilote ... et ici, nous sommes assis avec
150 morts qui auraient eu lieu probablement dans une demi-heure après que j'aurais
dit de continuer. Et je n’aimais pas cela ... Je ne pensais pas que c’était
proportionné.»
Cette soudaine et étonnante décision à connotation humaniste
et humanitaire n’est toujours pas explicable puisque le voilà – en y ayant sans
doute «réfléchi pendant une seconde» qui vient de laisser les Kurdes seuls face
au Turcs et que le bain de sang qu’il aurait pu éviter en laissant les troupes
américaines sur place a déjà commencé et va faire des milliers et de milliers,
voire plus, de morts.
Au-delà d’une nouvelle incohérence d’un personnage instable
et aux moyens intellectuels limités, on voit bien que ce n’est pas le nombre de
morts, voire même qu’il puisse y avoir des morts, qui préoccupe Donald Trump
puisqu’en décidant de se retirer de Syrie et de ne plus protéger les Kurdes, il
savait pertinemment qu’il allait permettre à l’autocrate Erdogan de tuer sans
aucun espèce de conscience morale des civils dont de nombreux femmes et
enfants.
Dès lors, Trump est bien un tueur conscient de ce qu’il
vient de faire et que rien ne l’obligeait à faire et dont personne ne s’explique
le pourquoi de l’affaire.
Mais ce lâchage indigne et criminel des Kurdes est néanmoins
bien plus en phase avec ce qu’est le populiste démagogue que sa soudaine
décision de ne pas envoyer ses avions bombarder l’Iran.
Même si, dans ce dernier cas, sa couardise a été un des motifs
de sa décision (au vu des possibles réactions iraniennes) alors qu’en laissant tomber
les Kurdes, il n’y avait pas grand risque représailles.
Cependant, les Etats-Unis risquent de le payer cher en ayant
perdu toute crédibilité dans la région mais aussi en ayant permis à des membres
de Daesh de pouvoir s’enfuir des camps où ils étaient emprisonnés et de pouvoir
fomenter des attentats contre le peuple américain.
Trump sera, si cela survient – et la probabilité est malheureusement
grande –, deux fois un tueur, et des Kurdes et de son propre peuple.
Enfin, Il ne faut pas oublier non plus que cette
décision de se retirer de Syrie fait le jeu du boucher Bachar El Assad (nouvel allié
des … Kurdes!) mais aussi de Vladimir Poutine, l’autocrate russe n’en demandait
pas autant, quoique, puisque Trump lui a tellement donné que se repose
systématiquement la question de savoir pourquoi tant de largesses pour un
personnage qui a interféré avec les élections américaines de 2016… qui ont
permis la victoire du populiste démagogue.
Oui, vivement que Donald Trump soit mis dehors.
Le plus vite possible sera le mieux.
Aris de Hesselin
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