Par Jean-François Borrou & Alexandre Vatimbella
Dans cette rubrique, nous publions les
points de vue de personnalités centristes qui ne reflètent pas nécessairement
ceux du CREC. Ces points de vue ont pour but d’ouvrir le débat et de faire
progresser la pensée centriste.
Jean-François Borrou est le pseudonyme
d’un journaliste proche des idées centristes.
Alexandre Vatimbella est le directeur du
CREC
L’information est ce que certains pourraient appeler «un
bien commun» de nos sociétés libres car elle est consubstantielle à l’existence
de la démocratie républicaine.
Un individu bien informé (en quantité nécessaire et en qualité
indispensable) est un citoyen capable d’exercer ses droits et de remplir ses
devoirs en toute connaissance et responsabilité.
Or, force est de constater, que l’information, parce qu’elle
est considérée par certains comme un simple produit commercial ou un puissant
outil idéologique que l’on peut inventer ou détourner pour lui donner la forme
et le contenu que l’on veut au détriment de la réalité des faits, n’en a
souvent que le nom.
L’incroyable raté mais surtout pathétique et dangereux des
médias français dans l’affaire Dupont de Ligonnès est emblématique de cette
invention et ce détournement indignes.
En l’occurrence, c’est surtout l’aspect spectaculaire et
donc commercial qui est ici en cause.
Mais c’est tout autant les mécanismes actuels du
fonctionnement global des médias qui sont en cause, de la recherche de l’information,
du choix de ce que l’on diffuse et des nécessaires confirmations que l’information
est vraie avant de la diffuser.
En l’espèce, après un moment de sidération des journalistes –
Dupont de Ligonnès, après avoir tué toute sa famille, a disparu sans laisser de
traces depuis plus de huit ans – qui ont mis parfois quelques guillemets à la
véracité de son arrestation à Glasgow par la police écossaise, les médias ont
utiliser l’artillerie lourde, que ce soient les chaînes d’information en continu
(pour booster leurs taux d’audience) mais également tous les médias traditionnels
par le biais d’internet (pour multiplier le nombre de clicks).
Mais, direz-vous, dans le cadre de la liberté de la presse,
les médias ont le droit de faire ce qu’ils veulent avec l’information tant qu’ils
demeurent dans la légalité.
Et vous aurez raison.
Reste que cet incroyable raté nous montre que les médias en France
mais aussi dans tous les pays démocratiques (ailleurs, ils ne sont pas libres
donc ne sont que des outils de propagande au service du régime en place) ne remplissent
absolument pas leur rôle de quatrième pouvoir, surtout, d’être des outils
sensés d’informer sérieusement les citoyens.
Dès lors, on ne peut s’empêcher de penser que le journalisme
a des règles d’éthiques qui, de plus en plus, sont bafouées à l’heure de l’information
en continu et des réseaux sociaux (même si elles l’ont été de tout temps).
En revanche, on ne peut que s’étonner que les médias audiovisuels
du service public qui n’ont pas cet impératif commercial aient été dans la
surenchère et le spectaculaire.
Ce n’est pas la première fois mais, ici, la faute est encore
plus lourde.
Du coup, en tant que centristes, nous ne pouvons que
rappeler cette incontournable obligation d’enfin créer un vrai service public
de l’information citoyenne qui serait une référence indépendante des pouvoirs
financiers et politiques.
Encore une chose : aucun média n’a eu la décence de s’excuser
et de reconnaître leur grande responsabilité dans la diffusion de ce qui est
incontestablement une fake news.
Et ça, ça en dit beaucoup sur l’hubris médiatique.
Jean-François Borrou
Alexandre Vatimbella
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