mardi 15 octobre 2019

Vues du Centre. Le sport a et a toujours été politique

Par Aris de Hesselin & Alexandre Vatimbella

Dans cette rubrique, nous publions les points de vue de personnalités centristes qui ne reflètent pas nécessairement ceux du CREC. Ces points de vue ont pour but d’ouvrir le débat et de faire progresser la pensée centriste.
Aris de Hesselin est un avocat international, centriste et un européen, défenseur d’une mondialisation humaniste.
Alexandre Vatimbella est le directeur du CREC.

Salut militaire des footballeurs turcs
Ceux qui prétendent que le sport et la politique n’ont rien à voir sont soit de vulgaires menteurs, soit n’y connaissent rien.
Et ceux qui affirment que la politique ne devrait pas instrumentaliser le sport sont de doux rêveurs qui devraient se replonger dans l’Histoire.
La compétition sportive – qui n’est pas à confondre avec l’exercice physique que l’on fait pour soi-même –, est, depuis son invention, un affrontement pour savoir qui sera le plus fort ce qui a évidemment des implications politiques.
Les Jeux olympiques que les Grecs ont inventé était une compétition où les vainqueurs étaient célébrés dans leur communauté, à qui on donnait des cadeaux et des droits particuliers alors que les vaincus pouvaient être bannis des leurs, voire tués parce qu’ils les avaient ridiculisées.
Et qui peut prétendre que le nauséabond baron de Coubertin, proche des idées de Mussolini et de Hitler, raciste dans l’âme, n’a pas recréé ces même jeux dans la même optique en tentant de les habiller d’une gentille confrontation où l’«essentiel est de participer» (sic!).
Qui peut réellement croire que des femmes et des hommes se lancent dans l’activité sportive comme professionnels (ou même en tant qu’amateurs) et dédient leur existence à cette activité pour ne pas gagner.
Dire cela, c’est complètement méconnaître le moteur de leur implication.
Et quand Jesse Owens gagne le 100 mètres aux Jeux olympiques de Berlin en 1936 devant un Hitler médusé, oui, sa victoire est autant sportive que politique.
Et quand, actuellement, les footballeurs turcs font un salut militaire lors de leur hymne national pour honorer leur président Erdogan et afficher leur soutien à l’attaque contre les Kurdes, rien de plus normal (la normalité n’étant évidemment pas ce qui est bien mais ce qui relève de ce qui est commun dans la logique du comportement humain).
Ils prennent le football pour ce qu’il est, une des plus formidables arènes politiques qui soient et qui fait que quand la France gagne la Coup du monde, des millions de gens se réjouissent et sont fiers de leur pays.
Ce qui est exactement ce qui se passe quand une autre nation l’emporte.
Le football dont certains considèrent – parce que c’est le sport le plus populaire – qu’il a remplacé avec bonheur – parce que l’on ne tue pas les adversaires – la guerre…
Si cela n’est pas de la politique, alors rien n’en est!
Du coup, demander l’annulation d’un match au nom d’idéaux politiques et de défense de la liberté comme l’a fait Jean-Christophe Lagarde pour le France-Turquie qui vient de se dérouler n’est absolument pas hors-sujet, bien au contraire.
Et tous les centristes auraient du demander la même chose au nom de l’humanisme et du refus d’accepter l’agression meurtrière de l’armée turque en Syrie contre les Kurdes.
D’autant que dans notre XXI° siècle, le sport possède une puissance qu’il n’a sans doute jamais eu auparavant.
Une puissance politique évidemment.

Aris de Hesselin
Alexandre Vatimbella


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