Ils sont plus de soixante-dix et ils viennent de signer un manifeste
publié dans le JDD dans lequel ils appellent à la création d’un pôle de gauche dans
la majorité présidentielle actuelle et centrale.
Soutiens de Macron, ils se disent proches des ministres étiquetés
à gauche dans le gouvernement actuel, Jean-Yves Le Drian ou Olivier Dussopt.
Dans la liste, on trouve, entre autres, le maire de Strasbourg,
Roland Ries, les sénateurs Xavier Iacovelli et Éric Gold, les anciens ministres,
François Loncle, Jean-Pierre Masseret, Tony Dreyfus et les anciens parlementaires,
Gilles Savary, Bernadette Laclais, Yves Durand, Christophe Caresche, Dominique
Bailly, Pierre-Yves Le Borgn, David Comet, Catherine Quéré, Anne-Yvonne Le Dain,
Alain Calmette, Jean-Louis Gagnaire.
► Voici leur manifeste:
Élus, anciens élus, militants ou sympathisants de gauche et écologistes,
nous sommes pour la plupart issus du Parti socialiste. Nous avons assisté de
l’intérieur à son implosion lors du quinquennat précédent. Face à la vague
populiste et démagogique en Europe et dans le monde, nous avons, comme beaucoup
de progressistes, soutenu Emmanuel Macron. Son programme présidentiel s’inscrit
pour une grande part dans la continuité des réformes de la précédente
mandature, contrariées ou édulcorées par les divisions de sa majorité
politique. Malgré de regrettables maladresses, le cap est le bon et la France
est gouvernée. Mais le monde est devenu dangereux, instable, y compris dans les
plus anciennes démocraties. Le pacte républicain est fragilisé Le réchauffement
climatique et la multiplication de conflits armés nous soumettent à la pression
de flux migratoires et à des replis identitaires. L’impératif écologique et la
transition énergétique, sauf à se heurter à des résistances violentes,
nécessitent l’accompagnement plutôt que l’ostracisation des professions et des
populations les plus exposées aux changements de notre modèle de croissance.
Face à ces défis, de profondes fractures sociales,
territoriales et culturelles menacent la cohésion nationale et les fondements
de nos démocraties. Le pacte républicain est fragilisé. La réduction des
inégalités et la laïcité doivent rester au cœur de nos valeurs et de notre
exigence républicaine.
La construction européenne est le seul projet nous
permettant de faire face à la mondialisation et aux bouleversements
géopolitiques, mais elle doit dépasser le marché intérieur et prendre en compte
le besoin de protection sociale, économique, écologique, identitaire et
militaire de ses peuples.
Le principe démocratique lui-même est déprécié face aux
pertes de repères anxiogènes
Enfin, il faut revaloriser l’éducation et la culture pour
offrir à chacun le bagage éducatif nécessaire à son autonomie dans la société
de l’Internet et des réseaux sociaux.
Nous adhérons à l’ambition d’égalité des chances et de mobilité
sociale par une revalorisation du mérite et du travail. Nous devons réinvestir
la République au cœur de nos territoires, qu’il faut appréhender comme des potentialités
de progrès et d’avenir plutôt que les abandonner au darwinisme du marché
foncier et des centralismes urbains. Nous en appelons à une revue générale de
la présence territoriale des services publics et à un Pacte national d’aménagement
du territoire entre les tous les acteurs territoriaux.
Par ailleurs, nous avons la conviction que le rapport de nos
concitoyens à la politique et à notre démocratie représentative a changé de
manière irréversible. Le principe démocratique lui-même est déprécié face aux
pertes de repères anxiogènes, à la manipulation des émotions, aux
bouleversements mondiaux et à la radicalisation du débat public. Nous devons
être clairs et sans complaisance avec les mensonges du populisme, la
banalisation de la violence physique et verbale, la dévalorisation de la
démocratie et des institutions, l’hystérisation des émotions et le poison
complotiste. Cette exigence implique en contrepartie une éthique politique
scrupuleuse et un usage reconsidéré de la force publique lorsqu’elle est
nécessaire.
Notre projet, c’est de créer un pôle de gauche indépendant
de LaREM au sein de la majorité
Nous devons être clairs sur notre positionnement et tirer
les leçons de la sanction électorale du grand écart de la gauche. En tant que
sociaux-démocrates longtemps marginalisés, nous nous sentons dépositaire d’une
culture de gouvernement plus proche aujourd’hui du réformisme gouvernemental,
que de la dérive illibérale de la gauche protestataire.
Nous souhaitons la réussite des réformes et de ce
quinquennat, dernière chance pour éviter que la France rejoigne les démocraties
déstabilisées par les fausses solutions national-populistes. Nous sommes
convaincus qu’il faut élargir la majorité présidentielle, la rendre plus pluraliste
et y faire entendre fortement une voix sociale et républicaine.
Notre projet, c’est de créer un pôle de gauche indépendant
de LaREM au sein de la majorité présidentielle, autour de ministres tels que
Jean-Yves Le Drian et Olivier Dussopt, et de régénérer notre démocratie par la
mobilisation des territoires et la participation citoyenne.
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