Albert Rivera, leader de Ciudadanos |
Il y a tout juste cinq mois, Ciudadanos, le parti centriste
espagnol semblait avoir le vent en poupe dans les sondages et devenir un des
favoris lors des prochaines législatives qui n’étaient pas encore fixées au 10
novembre prochain.
Mais, alors même que son président, Albert Rivera, a refusé
tout accord de gouvernement avec les socialistes du PSOE actuellement au
pouvoir, une lente mais inexorable chute dans les enquêtes d’opinion fait
qu’aujourd’hui, non seulement, les centristes ne sont pas en mesure de disputer
le pouvoir à ceux-ci mais se trouvent en quatrième, voire cinquième position,
loin derrière les socialistes et les conservateurs du Parti populaire mais
également devancés par l’extrême-gauche de Podémos et même l’extrême-droite de
Vox.
La dégringolade actuelle d’un parti qui semblait être dans
une dynamique de progression continue devant l’amener au pouvoir à plusieurs
causes.
Avant cela, il faut rappeler que Ciudadanos a été créé par
Albert Rivera, à la fois, pour lutter contre la corruption dans le monde
politique (qui touche autant les socialistes que les conservateurs), pour
libérer l’économie et la société mais aussi, tout autant, pour s’opposer aux
mouvements indépendantistes qui fleurissent dans plusieurs régions du pays avec
en tête de console, la Catalogne d’où est originaire Rivera.
Lors des dernières élections législatives du 28 avril, c’est
ce qui a permis au parti centriste de terminer en troisième position avec 15,9%
des suffrages et 57 députés, tout près du Parti populaire qui n’avait réuni que
16,7% des suffrages pour 66 députés (le PSOE ayant eu 28,7% des suffrages et
123 députés).
Alors que le Premier ministre Pedro Sanchez devait former un
gouvernement de coalition, n’ayant pas obtenu de majorité absolue, il pouvait
se tourner vers l’extrême-gauche et les mouvements indépendantistes ou vers le
Centre.
C’est plutôt la première option qu’il privilégia au départ
avant de proposer aux centristes des discussions quant il s’avéra que Podémos
faisait du chantage au poste gouvernementaux et que les mouvements nationalistes
étaient dans la surenchère.
Albert Rivera refusa car il estimait que le positionnement
des socialistes vis-à-vis des indépendantistes était trop laxiste avec un laisser-faire
qui provoque actuellement des émeutes de ceux-ci en Catalogne et plus précisément
à Barcelone.
Le leader de Ciudadanos – qui a toujours expliqué qu’il ne
travaillerait qu’avec des forces «constitutionnalistes», c'est-à-dire
respectant la Constitution espagnole et donc aucune force indépendantistes –
fut alors pris dans une sorte de spirale négative où son intransigeance en
matière de souveraineté nationale l’amena à être accusé de défendre des
positions très droitistes, ce qu’il récusa mais sans succès.
D’où un trouble dans les troupes centristes et dans
l’électorat de Ciudadanos et les très mauvais sondages actuels.
Cependant, Rivera a pris la mesure de la crise qui secoue
son formation et il s’est dit ouvert, après les élections, à des discussions
avec les socialistes, non pas pour faire absolument partie d’un gouvernement de
coalition avec eux mais pour les soutenir au Parlement en pointant les dix
mesures sociales qu’il pourrait voter avec eux.
Il a ainsi déclaré:
«Nous sommes nés pour surmonter la dichotomie entre les rouges
et les bleus. [Le soir de l'élection] j'appellerai le PSOE et Pedro Sánchez pour
que nous puissions nous asseoir et parler de ces réformes. Si les Espagnols décident
que le gouvernement doit être dirigé par Pedro Sánchez, par le PSOE, et s'ils nous
envoient dans l'opposition, mon engagement reste inchangé: Je soutiendrai toutes
ces réformes nationales même si nous ne sommes pas au pouvoir.».
Ses déclarations ont été accueillies avec enthousiasme par
les membres de Ciudadanos qui craignaient un virage à droite du parti.
Néanmoins, il est peut-être un peu tard pour que cela change
le vote des électeurs le 10 novembre prochain où, dans les derniers sondages,
le parti centriste oscille entre 9% et 11% (le PSOE étant entre 27% et 29%, le
PP entre 20% et 22%, Podémos entre 12% et 13%, Vox entre 10% et 11%).
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