Par Aris de Hesselin
& Alexandre Vatimbella
Dans cette rubrique, nous publions les
points de vue de personnalités centristes qui ne reflètent pas nécessairement
ceux du CREC. Ces points de vue ont pour but d’ouvrir le débat et de faire
progresser la pensée centriste.
Aris de Hesselin est un avocat
international, centriste et un européen, défenseur d’une mondialisation
humaniste.
Alexandre Vatimbella est le directeur du
CREC.
Qui veut qu’un enfant soit un apatride sans parents?
Personne.
Au nom de ce droit de l’enfant d’avoir un chez lui dans tous
les sens du terme, la France a décidé, à l’instar d’autres pays qui interdisent
la GPA (Gestation pour autrui) sur leur territoire, de reconnaître les enfants
nés de cette pratique à l’étranger, c'est-à-dire de couples hétérosexuels ou
homosexuels qui vont dans des pays qui l’autorisent puis reviennent avec le
nouveau-né dans leurs bagages.
On comprend bien le geste humanitaire en faveur des enfants
qui bénéficient pourtant, d’abord et avant tout… aux fraudeurs.
Parce que le droit d’un chez lui de l’enfant n’est en fait
qu’un droit à l’enfant de ceux qui ont utilisé la GPA.
Parce que l’enfant, lui, a bien un père et une mère
biologiques qui lui suffisent pour avoir son chez lui sauf que, dans la GPA, la
mère qui a porté l’enfant pendant la grossesse, ne fait pas partie, dès le
départ, du projet parental et, dans la plupart des cas, a été rémunérée pour
ses «services».
Dès lors, on voit bien qu’il s’agit avant tout de
régulariser une situation en faveur de personnes qui se sont mis délibérément
en dehors de la loi et en défaveur de celui qui n’a rien demandé, l’enfant…
On comprend bien que cette décision annoncée du gouvernement
français qui se fera par le biais d’une circulaire ministériel (c'est-à-dire
sans débat démocratique) va permettre une explosion de l’utilisation de la GPA
de la part de couples français qui savent désormais que contrevenir à la loi
n’aura que des effets secondaires.
Mais, de toute façon, il faut bien savoir que dans le
discours officiel, le problème n’est pas l’enfant – considéré dans la GPA comme
un seul produit marchand et comme un objet à posséder – mais les femmes
porteuses.
On l’a bien vu dans les réactions des membres du
gouvernement qui ont indiqué que cette décision ne remettait pas en cause
l’interdiction de la pratique de la GPA en France, au nom de la dignité des
femmes et l’intégrité de leur corps (alors que beaucoup d’entre elles, au vu de
certaines rémunérations, sont tout à fait consentantes et conscientes de ce
qu’elles font).
Ainsi, la femme ne peut être une sorte d’esclave payée pour
enfanter mais l’enfant, lui, peut être cet objet de désir que l’on achète.
Et l’achat d’un être humain est bien au cœur d’une pratique
esclavagiste.
Rappelons que l’article 35 de la Convention internationale
des droits de l’enfant (ratifiée par la France) dit très clairement que les
Etats signataires «prennent toutes les mesures appropriées sur le plan
national, bilatéral et multilatéral pour empêcher (…) la vente et la traite d’enfants
à quelque fin que ce soit et sous quelque forme que ce soit.»
In fine, cette décision marque, à nouveau, une régression
des droits de l’enfant alors que se profile la loi sur la bioéthique qui risque
d’en marquer d’autres.
Un bien triste constat pour les humanistes.
Aris de Hesselin
Alexandre Vatimbella
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