L’irrationalité étant une des composantes de la vie et donc
de la politique, la crainte de voir resurgir le phénomène gilets jaunes – c'est-à-dire
une contestation populiste aux troupes limitées, dirigée par quelques énervés
mais ayant pendant une période assez longue le soutien sondagier d’une partie
importante de la population – en cette rentrée, est fortement présente chez
tous les élus responsables de la république et, bien évidemment, chez ceux de
la majorité présidentielle.
D’où cette situation irréelle où une grande partie des élus
de la république tiennent des propos positifs sur une «multitude», au sens où
l’entendait Diderot, celle dont le but était, non seulement, la chasse à ces
mêmes élus mais une volonté de détruire l’ordre démocratique et républicain…
Certains les remercient même d’avoir cassé, brûlé, invectivé
et blessé parce qu’ils ont été des sortes de lanceurs d’alerte.
On croit rêver!
Surtout si l’on se rappelle que ces énervés ont débuté leur
mouvement pour protester contre une taxe de quelques cents sur les carburants
afin de permettre le financement de la lutte pour l’écologie et le
réchauffement climatique.
On peut, bien sûr, estimer que ces gilets jaunes sont un
symptôme d’une crise beaucoup plus profonde sauf que l’Histoire nous enseigne
le contraire.
Des mouvements de foule de ce type, populiste, agressif,
démagogique, violent et dont la cible est la démocratie républicaine ont
toujours existé.
Et pas seulement dans les périodes difficiles (si celle-ci
en est vraiment une).
Sans remonter au Boulangisme, le mouvement poujadiste – avec
dans ses rangs un certain Jean-Marie Le Pen – s’est déroulé en plein dans les
fameuses «Trente glorieuses», mythifiées aujourd’hui pour avoir été la période
la plus prospère du pays.
On peut aussi estimer, avec tristesse, fatigue et dégoût,
que cette apologie des gilets jaunes est un moyen bien pitoyable des les
amadouer, c'est-à-dire de reconnaître et donc de justifier des débordements qui
ne possèdent pas la moindre once de légitimité avec tous les risques que cela
constitue pour le fonctionnement d’une démocratie républicaine.
Alors, tout responsable politique ayant un peu de courage
doit avoir celui de dire que cette multitude excitée par quelques énervés à la
tête de ce mouvement de foule aux desseins violents, agit de manière
inacceptable.
Je rassure les gilets jaunes et leurs agitateurs, il n’y en
aura pas beaucoup (mais, ceux-là doivent être applaudis et soutenus).
En revanche, cela doit inquiéter tous les vrais défenseurs
de la démocratie républicaine, dont les centristes, les vrais, qui se demandent
où les qualités de responsabilité et de courage qui font les vrais leaders
politiques sont passées.
Parce que, encore une fois, nous vivons dans une société
libre qui n’est pas «naturelle» mais n’existe que par ses mécanismes de défense
et de protection contre les agressions extérieures et intérieures.
Rappelons à nos politiques que cela s’appelle, entre autres,
le régime constitutionnel et l’état de droit qu’il implique, et que tout
responsable à quelque niveau que ce soit d’une démocratie républicaine se doit
de défendre pour être – vraiment – légitime.
Il serait temps que l’on en finisse avec la couardise des
politiques et la glorification des énervés par des médias qui, rappelons-leur,
n’existent que parce qu’il y a une démocratie républicaine.
Rappelons aussi à tous ceux qui ont une vision romantique et
idéaliste de ce populisme, que l’on a entendu des personnages comme Poutine,
Erdogan, Chavez défendre les gilets jaunes.
De grands romantiques et démocrates…
Et tout cela ne serait pas complet sans rappeler aussi à
tous les citoyens qui défendent ce mouvement de foule derrière leurs écrans
d’ordinateur et dans les sondages, que la responsabilité fait aussi partie de
leur devoir et que leur liberté ne se conquiert qu’avec du courage, non en étant
des individus nombrilistes à l’autonomie égocentrique égoïste assistée irresponsable
insatisfaite irrespectueuse.
Car là est le vrai défi de la démocratie républicaine du XXI°
siècle.
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