Alors que l’on peut légitimement se poser la question de
savoir si la majorité présidentielle centriste et centrale se sent encore assez
forte pour porter l’agenda des réformes promises par Emmanuel Macron lors de sa
campagne présidentielle de 2017, ce dernier, lors d’un séminaire de rentrée
avec les membres du gouvernement et les parlementaires de sa majorité, le 16 septembre, s’est
voulu très clair en annonçant une «deuxième phase» de son quinquennat qui doit
être, selon lui, «celle de nouvelles réformes, amples, profondes, pas moins
ambitieuses».
Pour autant le chef de l’Etat a estimé que «nous sortons
d'une crise politique, sociale, profonde» et que «plusieurs catégories de la
population restent nerveuses».
Il a donc mis en garde ses troupes en leur demandant de se
«garde de toute forme d’arrogance».
Néanmoins, face à «une crise qui a exprimé ce qui existait
depuis des décennies» et face aux «vents [qui] ne sont pas de face mais de traverse»,
si «il faut être précautionneux» et prendre en compte «les inquiétudes sont
là», il ne s’agit pas de renoncer à la mission réformatrice qui a fait son
élection:
«Si nous avons tenu bon, nous devons nous garder (…) d'une
prudence qui nous conduirait à l'immobilisme».
Et après avoir rappelé que pendant les deux premières années
«50 lois ont été votées et promulguées», soit «deux saisons pleines, complètes»,
et que «peu de gouvernements et de parlements ont autant travaillé et porté des
réformes en profondeur», il a fixé les cinq domaines principaux de ce que les
membres de sa majorité appellent l’«Acte II» de son quinquennat: le travail, l’écologie,
la sécurité, les retraites et l’immigration.
Sans oublier de mentionner la loi bioéthique qui sera
discutée cette automne au Parlement et qui, s’il estime que «c’est le texte de tous
les dangers», il affirme aussi qu’il est «très bien préparé».
Pour mener à bien la tâche qui s’annonce, Emmanuel Macron veut
de l’unité dans sa majorité:
«J’attends de vous l'unité. A la fin des fins, quand sonne
la cloche, malgré les différences, on y va ensemble.»
Car, si «c'est normal qu'il y'ait des divergences», en revanche,
«on ne peut pas être cacophoniques» et «il faut souquer ensemble parce que sinon
on perd».
«Nous nous retrouvons, a-t-il ajouté, aussi dans une phase
politique qui nous oblige tous. Les élections municipales vont poser la
question de la capacité de notre mouvement politique à s’enraciner.»
Quant au combat politique, selon lui, la majorité n’a «qu’un
opposant sur le terrain : c’est le Front national. Il faut confirmer cette
opposition, car ce sont les Français qui l’ont choisie ».
Concernant le travail il a rappelé que c’était bien sa
préoccupation première comme il l’avait martelé pendant les présidentielles:
«C'est le fil rouge de notre action depuis deux ans et demi.
La bonne manière de lutter contre la pauvreté n'est pas de la subventionner
mais d'émanciper par l'activité économique».
Revenant sur la réforme des retraites, il a affirmé que c’est
un «chantier absolument essentiel, au cœur de notre programme».
Mais il n’a pas fait l’impasse sur les difficultés avec cette
ligne de conduite, «penser, comment on travaille tout au long de sa vie», parce
que:
«La bataille que nous commençons, c'est d’expliquer ce qui
ne va pas. Rappelons aux gens ce qu'ils vivent : les 42 régimes! Le caractère
obsolète des régimes spéciaux! Ces profondes injustices et iniquités.»
Et de pointer:
«Ce sujet, personne ne l’a abordé depuis 1945, personne ne
l’a abordé tout court. Modifier un système qui existe, c’est pire qu’en
construire un, parce que les gens ont déjà quelque chose.»
Cette réforme doit être menée avec cette «nouvelle méthode» dont
il a parlé auparavant, c'est-à-dire en «assumant un temps de débat, avec les
syndicats», en «ne fermant rien trop tôt» et en «avançant avec beaucoup de
calme».
En matière d’écologie, il a reconnu que le gouvernement
n’avait pas su bien expliqué son action et sa philosophie face à des mouvements
qui jouent constamment la surenchère en misant sur les peurs des Français: «Le
cadre de référence a toujours été donné par les plus durs, les plus extrêmes».
Cependant, il a estimé que, dorénavant, «nous avons tous les
leviers pour mettre en place pour notre pays une transition 'en vrai'».
Ce qu’il faut, selon lui, c’est une écologie du « compromis »
construite « avec les corporations, les paysans, les industriels » pour
aboutir à une « transition en vrai ».
Parlant des questions de sécurité, il veut «parachever le
travail sur la police de sécurité du quotidien» se battre contre la
radicalisation et le «communautarisme», ce dernier par «l'école, les services
publics, la République» parce qu’«Il y a une sécession à l’égard de la République
dans certains quartiers».
Pour ce qui est de l’immigration, il a rappelé que «nous
sommes une terre d'immigration» et que «cela crée des tensions mais il faut le
regarder en face».
«La difficulté qui est la nôtre, a-t-il poursuivi, c'est que
nous sommes face à un phénomène nouveau : les flux d'entrée n'ont jamais été
aussi bas en Europe et les demandes d'asile jamais aussi hautes en France. Je
crois dans notre droit d'asile, mais il est détourné de sa finalité par des
réseaux, des gens qui manipulent. Si nous ne le regardons pas en face, nous le
subirons. Cela donne quoi ? Des quartiers ou le nombre de mineurs non
accompagnés explose».
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Les commentaires anonymes ne sont pas publiés ainsi que ceux qui seraient insultants ou qui ne concernent pas le Centre et le Centrisme.